Nathaly Antona, Déléguée territoriale adjointe RN de la région Corse, candidate dans la 1ère circonscription de Corse du Sud lors du scrutin législatif des 12 et 19 juin.
- Pourquoi avez-vous décidé de vous présenter aux législatives ?
- C’est la suite logique d’un engagement au service des autres depuis de nombreuses années, d’abord dans le milieu associatif, puis sur le terrain et plus particulièrement au service de la Corse. Cependant, agir sur les conséquences n’a plus de sens, si nous voulons que la situation s’améliore, il nous faut agir sur les causes
- Quel est, pour vous et pour le RN, l’enjeu premier de ce scrutin ?
- Il est vital pour la Corse ! Ma personne passe au second plan. Tous les indicateurs économiques du pays sont dans le rouge : 10 millions de pauvres, 6 millions de chômeurs et 4 millions de mal-logés. De plus, l’effacement de notre modèle de civilisation m’inquiète. La violence est présente partout, le mot respect va bientôt disparaitre du dictionnaire si nous n’agissons pas. La classe politique traditionnelle a une lourde responsabilité, tout comme les Nationalistes qui ont trahi leurs engagements de servir la Corse au profit d’un nouveau clan.
- La vague Marine Le Pen déferle sur la Corse à chaque présidentielle depuis 2012, pourtant il n’y a jamais eu de parlementaire RN. La donne a-t-elle changé aujourd’hui ?
- Depuis 2015, le Rassemblement National n’avait pratiquement plus de fonctionnement normal dans l’île. Depuis fin 2020, nous avons restructuré la fédération et nous sommes en ordre de marche. Le score de Marine sur la Corse est aussi le reflet de la forte activité du RN dans toute l’île. Nous avons un projet complet, cohérent et adapté pour faire le bonheur des Corses.
- Eric Zemmour a fait un score intéressant en Corse. Le RN a refusé l’alliance au niveau national, qu’en est-il au niveau local ? Pensez-vous bénéficier de ses soutiens ?
- Nous avons de bonnes relations avec Olivier Battistini, le responsable de Reconquête en Corse, mais il existe aussi des divergences qu’il nous faudra dépasser dans l’avenir. Ce ne sont pas des adversaires, mais des concurrents.
- La candidature surprise de Laurent Marcangeli, qui sera difficile à battre, ne ferme-t-elle pas l’élection sur Ajaccio ?
- Après avoir juré que seule la ville d’Ajaccio l’intéressait et faisait son bonheur, Laurent Marcangeli montre bien à Jean-Jacques Ferrara, et à tout le monde d’ailleurs, qu’en politique l’amitié n’existe pas. Son ambition n’est pas d’être député, mais de participer au gouvernement de Macron. Si son ambition est légitime, sa façon d’agir avec ses amis l’est moins. Quand il soutient la politique du couple franco/allemand, qui nous mène droit dans le mur économiquement, il faut dire qu’une autre politique, basée sur la réindustrialisation de la France et le localisme, est possible. Aujourd’hui, le constat est terrible pour les amis de Marcangeli, l’Allemagne accuse un excédent de 228 milliards d’euros dans sa balance de commerce extérieur et la France de 80 milliards d’euros de déficit. Nous sommes les dindons du couple, pour ne pas dire autre chose… Pour ma part, je me présente pour gagner. Je vais solliciter les électeurs qui nous ont fait confiance au mois d’avril et leur prouver qu’une autre politique est possible.
- Qui avez-vous choisi comme suppléant ?
- Mme Ariane Natali, une femme dynamique, souriante et avenante, cadre retraitée dans le domaine des relations publiques, et qui a été femme au foyer pendant 20 ans pour élever ses 3 enfants.
- Sur quels thèmes ferez-vous campagne ? Nationaux ? Locaux ?
- Les deux vont de pair. Localement, il faut donner à la Corse les moyens de régler définitivement les problématiques concernant les prix dans l’île, le problème des déchets, les droits de succession, l’accès à la terre, les perspectives pour notre jeunesse et nos aînés, etc. Nous sommes les seuls à avoir un projet complet qui tient compte de tous ces domaines.
- Marine Le Pen a fait campagne sur la défense du pouvoir d’achat. Vous vous élevez contre la réforme des retraites. Quelles mesures vous semblent les plus importantes ?
- La réforme des retraites est cynique et profondément injuste, tout comme le sort qui est réservé à nos retraités. Nos mesures vont leur redonner du pouvoir d’achat pour leur permettre de vivre dignement après tant d’années de travail. Ce n’est pas un droit, mais un devoir que nous avons envers nos anciens, et ce dans tous les domaines.
- Quelles sont les mesures locales que vous défendrez ?
- La Zone France qui permettra aux entreprises corses de lutter contre la concurrence déloyale des travailleurs détachés grâce à une fiscalité adaptée à la Corse tout en favorisant l’embauche locale. Elle permettra aussi aux jeunes de créer leur entreprise sans être écrasés par les charges, dès les premières semaines. Elle permettra enfin aux commerçants, artisans, professions libérales, de respirer économiquement et d’utiliser l’argent qui ne leur a pas été pris pour se moderniser, embaucher, acheter les murs s’ils possèdent le fonds. Les possibilités sont multiples. Nous défendrons également toutes les mesures nationales qui ont un impact important pour la Corse, comme, par exemple, la réforme du droit des successions ou la baisse de la TVA à 5,5% sur les produits de première nécessité, y compris le gaz, l’électricité et les carburants.
- Quelle est votre position sur les négociations concernant l’autonomie ouvertes par Emmanuel Macron ?
- Nous sommes pour une décentralisation plus poussée avec des moyens de contrôle renforcés. La piste de l’autonomie avec le pouvoir législatif est une étape vers l’indépendance. L’environnement affairiste et maffieux devrait faire réfléchir certains.
- Pensez-vous être au 2ème tour ?
- Oui ! Les Corses ont envoyé, en avril, un message à toute la classe politique. Ils veulent être respectés pour ce qu’ils sont, protégés et vivre en paix sur une île prospère. C’est le sens de notre proposition d’un concordat sur les institutions pour ne plus vivre face à face, mais côte à côte.
- Si vous êtes élue, quelle sera votre priorité en tant que député de la Corse ?
- De proposer une loi contre les monopoles, qui lutte efficacement contre les dérives maffieuses et les porosités avec certains élus. La Corse mérite tellement mieux que la situation actuelle.
Propos recueillis par Nicole MARI.