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Michel Stefani : « La grande mobilisation de l’électorat de gauche change la donne dans le pays »


Livia Santana le Mardi 10 Mai 2022 à 20:07

Après le refus de la France Insoumise (LFI) d'intégrer le Parti communiste (PCF) corse au grand rassemblement de gauche pour les élections législatives, le PCF régional a présenté, ce mardi 10 mai, ses candidats pour les quatre circonscriptions de Corse. En Haute-Corse, Michel Stefani et Toussainte Devoti partiront sur la 1ère circonscription. Amélie Raffaelli-Franceschi et Pascal Rossi formeront le binôme de la 2nde. Dans le Sud, la secrétaire départementale du PCF, Anissa-Flore Amziane, suppléée par Marc-Antoine Leroy, briguera le 1ère circonscription. Dans la 2nde, Pierre-Ange Muselli-Colonna devrait être rejoint par le maire de Bilia, Michel Tramoni. Pour CNI, Michel Stefani, président régional du PCF corse, revient sur les raisons de ces investitures.



Le PCF corse a présenté, ce mardi 10 mai, ses candidats pour les quatre circonscriptions de Corse.
Le PCF corse a présenté, ce mardi 10 mai, ses candidats pour les quatre circonscriptions de Corse.
- Pourquoi avez-vous décidé de partir une nouvelle fois dans la bataille des législatives ? 
- Nous avons considéré qu’il était important d’être présents dans ce scrutin, notamment du fait de la réélection d’Emmanuel Macron due à la volonté des électeurs de faire barrage à l’extrême droite. Seuls 28% des électeurs et électrices ont partagé son projet au 1er tour, il est important de souligner que c’est la grande mobilisation de l’électorat de gauche qui change la donne dans le pays grâce à cet accord qui était attendu par le peuple de gauche. Aujourd’hui, un espoir se lève dans tout le pays et il sera possible grâce à une majorité de gauche, de mettre en œuvre, dès le 1er juillet, une politique et de prendre des mesures d’urgence pour empêcher que la retraite soit reportée à 65 ans, pour augmenter le SMIC à 1400€ net, pour bloquer les prix, décider du revenu étudiant…

- Le PCF a fait l’union d’un point de vue national avec LFI. Pourquoi vous en avoir exclu ?
- Dans le cadre des négociations nationales, nous avons posé la question, la France insoumise nous a répondu que la Corse n’entrait pas dans ces accords, sans autre explication. Nous n’avons pu que constater cette position qui rend difficile le rassemblement en Corse sur un contenu partagé, notamment par rapport à l’avenir constitutionnel de la Corse.
 
- Au vu des maigres scores que le PCF a réalisé en Corse à la présidentielle (3% pour Fabien Roussel et 13,5% pour Mélenchon), l’apport de voix de LFI aurait été bienvenu ?
- Pour l’instant nous ne savons pas ce qu’ils vont faire. Nous nous adressons à toute la gauche dans cette circonscription, à tous les électeurs qui se reconnaîtront sans doute dans le message de gauche que nous voulons porter. Nous pensons que le vote pour ces candidatures permettra aux citoyens de prolonger leur engagement en respectant la diversité à gauche sur la base de l’accord intervenu sur le plan national avec la volonté de mettre en œuvre dès le 1er juillet un ensemble de mesures pour répondre aux attentes sociales dans notre pays. 

- Vous repartez avec la même suppléante, Toussainte Devoti. Pourquoi ne pas renouveler les candidats ?
- Les Communistes ont fait ce choix parce que les candidats sont connus dans la circonscription. Nous considérons que c’est la meilleure candidature, à cet instant. 
 
- Vous vous présentez face à un député sortant grand favori dans ce qui est devenu un fief nationaliste (3 électeurs sur 4 ont voté pour eux). Comment comptez-vous faire entendre votre voix ?
- En allant à la rencontre des électeurs et électrices comme nous l’avons toujours fait. Nous voulons profiter de la possibilité de nous exprimer dans les médias. A travers le message que nous portons, nous voulons mobiliser l’électorat de gauche et au-delà, les abstentionnistes qui sont nombreux. Aujourd’hui, on doit leur dire qu’il y a cette possibilité d’apporter une réponse aux aspirations et attentes sociales sur l’augmentation des salaires, les services publics, la santé, les logements sociaux… c’est ça que nous proposons à gauche et que je n’entends pas forcément du côté des autres candidats.

Michel Stefani et sa suppléante Toussainte Devoti
Michel Stefani et sa suppléante Toussainte Devoti
 
- Quel est, pour vous, l’enjeu premier de ce scrutin ?
- D’empêcher Emmanuel Macron de poursuivre sa politique pendant 5 ans en mettant en place une majorité de gauche. En même temps, de faire barrage à l’extrême-droite et de créer les conditions des changements de politique dans le pays pour que la Corse puisse bénéficier de la solidarité nationale et que les aspirations à vivre mieux soient entendues et prises en compte. 
 
-  Sur quels thèmes ferez-vous campagne au niveau local ?
- On ne peut pas faire abstraction, s’agissant de l’évolution institutionnelle de la Corse, de la situation sociale dans laquelle nous nous trouvons, il faut la mise en œuvre d’une politique nouvelle. Nous pensons que l’inscription de la Corse dans la constitution au titre de l’article 74 ne correspond pas à ce qu’est l’histoire de notre région puisqu’on le sait, la Corse est partie prenante de la construction nationale depuis le 30 novembre 1789. Le 9 septembre 1943, le peuple s’est libéré du fascisme en renouvelant son attachement à la nation française. Cette histoire-là ne peut pas être balayée au bénéfice d’une évolution institutionnelle qui mettrait la Corse hors de l’espace métropolitain. Au-delà de cet aspect, la référence à l’article 74 et au statut de la Polynésie nous interroge sur ce qu’il adviendra du code du travail, de la sécurité sociale, de l’assurance chômage. Quand on prend des problématiques comme la cherté de la vie, ce n’est pas une réforme institutionnelle qui va les régler. 
 
- Quelle est votre position sur les négociations sur l’autonomie ouvertes par Emmanuel Macron ?
- S’agissant du statut d’autonomie de plein droit et de plein exercice nous voulons que des clarifications s’opèrent. Pour l’instant c’est un concept qui est développé mais on ne connaît pas son contenu. 
 
- Quelle sera votre priorité en tant que député de la Corse ?
- Démanteler le consortium des patrons corses, les monopoles comme celui de Ruby-Vito, restituer du pouvoir d’achats aux ménages en faisant la transparence sur les fonds publics mis à disposition des entreprises et en particulier sur le détournement de réfaction de TVA. 
 
- Comment se déroulera votre campagne ?
- Pendant le peu de temps qui nous reste, environ un mois, nous irons dans toute la circonscription rencontrer les électrices et électeurs. Je ne sais pas si nous ferons un meeting ou pas, mais nous ferons en sorte d’aller voir le plus grand nombre de personnes durant ces 30 jours. 
 
- Comment pensez-vous réussir à franchir la barre du 1er tour ?
- Cela dépendra des électeurs, mais nous allons tout faire pour y arriver. Plus ils feront le choix au 1er tour de ce bulletin de vote, plus ils seront entendus sur le plan national pour que soit mise en œuvre une politique gouvernementale qui prend en considération la situation de la Corse et lui donne les moyens, à travers la solidarité nationale, de son développement et de réduire les inégalités. 

Amélie Raffaelli-Franceschi, candidate de la deuxième circonscription de Haute-Corse

A venir sur CNI, une interview de la candidate de la deuxième circonscription de Haute-Corse, Amélie Raffaelli-Franceschi qui part sous la bannière du Parti communiste. Peu connue en politique, cette femme aux fortes convictions de gauche s'était déjà présentée sur la liste de la France Insoumise aux élections législatives de 2017. A présent, elle entend faire, de l'égalité sociale, son combat pour le territoire insulaire.