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Législatives : Corinne Bucchini, candidate Avvene Corsu 1ere Circ. 2A, « La Corse doit se faire entendre »


le Vendredi 9 Juin 2017 à 09:36

Originaire d’Erbalonga, Corinne va sur ses 60 ans. Elle a exercé la profession de sophrologue en région parisienne pendant vingt ans, avant de rentrer dans la région ajaccienne il y a 4 ans. Partie de l’île pour étudier le Droit à une époque où il n’était pas possible d’étudier à Corte, elle y est revenue « n’en pouvant plus de l’insécurité en région parisienne ». Une fois en Corse, elle a repris une activité d’aide à domicile qu’elle avait déjà exercée par le passé. Cette candidature constitue son premier engagement en politique, « pour faire entendre la voix du peuple corse qui souffre. » Interview de Corinne Bucchini, candidate d’Avvene Corsu dans la première circonscription de Corse-de-Sud.



Corinne Bucchini (à droite) et sa suppléante Jeanne Pietri
Corinne Bucchini (à droite) et sa suppléante Jeanne Pietri
Pourquoi cet engagement aujourd’hui ?
 
Très simplement : faire entendre la voix du peuple corse qui souffre, celle des personnes âgées, des jeunes, d’une Corse précaire, d’une réalité qui est souvent cachée en Corse par pudeur certainement.
 
Ce parti « Avvene Corsu » a été créé après le départ de Christophe Canioni du Front National. C’est un parti duquel vous vous désolidarisez aujourd’hui ?
 
Oui, car nous ne sommes pas sur la même longueur d’onde. « Se désolidariser », ce n’est peut-être pas une expression adéquate, mais on va dire que nos principaux axes de campagne ce sont l’immigration est l’autonomie. Bien entendu, il y a d’autres sujets très importants comme le social et l’économie, ce n’est pas notre cheval de bataille. Quand je parle d’immigration, n’y voyez aucun propos sectariste ou raciste, car ce n’est pas la question. Nous nous projetons sur les prochaines années : compte tenu de l’immigration que nous avons à l’heure actuelle, de 4.000 personnes qui s’installent en Corse chaque année, nous allons, selon nous, vers l’implosion à l’horizon 2040. C’est pour nous une certitude, car le tissu économique de la Corse ne le supportera pas.
 
Immigration et autonomie, mais au-delà : quelles sont les grandes lignes de votre programme ?
 
L’immigration et l’autonomie comme vous l’avez dit : concernant l’autonomie de l’île, vis-à-vis des compétences actuelles, nous souhaitons nous engager dans un processus de demandes élargies, c’est-à-dire avoir aussi la compétence de nos flux migratoires. Il ne s’agit pas ici de s’enfermer sur soi-même : la Corse est amenée à échanger avec le monde, s’ouvrir aux autres, c’est la Corse du 21ème siècle que nous souhaitons construire, avec de grands projets novateurs. Cet immobilisme que l’on subit depuis plus de 40 ans doit disparaître. D’ailleurs, l’île a commencé à bouger – et c’est tout à leur honneur – depuis l’arrivée de la nouvelle majorité territoriale, il y a deux ans. La Corse est aujourd’hui en sous-développement, comme d’autres îles, la Guadeloupe pour ne citer qu’elle… : il faut absolument favoriser aujourd’hui un réel développement de notre île.
 
Un autre volet de votre programme concerne le social : un domaine que vous connaissez bien pour y travailler ?
Absolument. Quand je suis rentré il y a quatre ans, je pensais humblement que la Corse était sortie de la situation que j’avais connue en 95, où il y avait une très grande précarité. Je me suis très vite aperçue que non seulement ce n’était pas le cas, mais que la situation avait empiré. En Corse aujourd’hui, les pauvres sont encore plus pauvres, et il est vraiment temps de se battre pour renverser la vapeur.
 
Cette précarité, de par votre métier, vous la constatez au quotidien ?
 
En effet. Je vais vous donner un exemple concret : beaucoup de personnes âgées touchent de toutes petites pensions qui sont bien au-dessous du seuil de pauvreté, qui est à 917 € par mois. Je côtoie dans mon métier des personnes qui ont souvent entre 500 et 600 € par mois pour vivre. Quand vous arrivez au 15 du mois, le frigo est vide : elles ne peuvent plus manger, ni même se chauffer l’hiver. Quand vous pratiquez mon métier, je vous le dis : cela vous retourne l’estomac.
Je pense que si l’on a quelque-chose à faire pour les personnes âgées, c’est de construire des plans pour ne serait-ce que leur permettre de vivre décemment. En Corse nous avons énormément d’aidants à domiciles, ne serait-ce que du fait du grand nombre de personnes âgées : il faut savoir qu’un aidant à domiciles touche entre 800 et 900 € par mois, et est souvent imposé à temps partiel. Il s’agit majoritairement de femmes seules avec enfant(s) : comment voulez-vous vivre décemment avec des salaires pareils ? Idem pour des jeunes qui se retrouvent, malgré des diplômes, sans emploi, et à la charge de familles elles-mêmes précaires. C’est une précarité organisée, quasi-institutionnelle, qu’il faut absolument casser. Ce sont des situations qu’il convient de faire évoluer, et c’est l’une des bases de mon engagement.
 
Quelles sont vos ambitions, concernant ces législatives ?
 
Je n’ai aucune ambition personnelle. J’espère seulement que par ces idées, la population nous rejoindra, et que nous allons fédérer tous ensemble. J’espère que nous arriverons ainsi à créer une dynamique d’espoir pour l’avenir, pour les jeunes, pour les actifs, les retraités, afin d’améliorer notre qualité de vie. L’objectif est avant tout de préserver la Corse, son identité, sa culture, cet art de vivre que toute l’Europe nous envie. N’oublions pas une chose : actuellement, nous avons une migration de quiétude. Les gens viennent quasiment se réfugier en Corse, parce qu’on y est tranquille. L’ambition qui est la nôtre est de tout faire pour que notre île reste une terre d’accueil où il fait bon vivre.
 
Un mot peut-être sur les autres candidats ?
 
Je n’ai pas d’opinion tranchée. Chacun défend ses propres idées. Personnellement je n’ai pas réellement d’atomes crochus avec qui que ce soit. Je leur souhaite bonne chance à tous.