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Législatives 2022 – 2ème circonscription de Corse du Sud : Un député sortant difficile à battre


Nicole Mari le Dimanche 5 Juin 2022 à 23:18

Si 11 candidats s’affrontent dans la 2ème circonscription de Corse du Sud pour l’élection législative des 12 et 19 juin, le député PNC sortant, Paul-André Colombani, est donné grand favori. Bénéficiant du soutien complet de la famille nationaliste, il sera très difficile à battre. L’enjeu pour ses challengers est de décrocher le podium du 2nd tour. Après le retrait forcé du LR Camille de Rocca Serra, la mairesse de Grossetto-Prugna, Valérie Bozzi, seule représentante de la droite, compte ratisser large avec le soutien de la coalition macroniste « Ensemble ». Tout comme François Filoni, leader local du RN, entend lui damer le pion. Mais, le résultat ne devrait guère apporter de surprise.



Les 11 candidats de la 2ème circonscription de Corse du Sud pour les élections élgislatives des 12 et 19 juin.
Les 11 candidats de la 2ème circonscription de Corse du Sud pour les élections élgislatives des 12 et 19 juin.
C’est le seul député nationaliste sortant à bénéficier du soutien de l’ensemble du mouvement national qui avait prévalu en 2017 et de l’accord implicite de ne pas présenter de candidats contre les sortants, c’est dire si Paul-André Colombani envisage, avec une sérénité certaine, ce 1er tour de l’élection législative dans la 2nde circonscription de Corse du Sud. Le candidat de Pè a Corsica avait créé une énorme surprise en 2017 en faisant tomber le fief Rocca-serriste. Il l’avait emporté avec 55,22% des suffrages sur Camille de Rocca Serra, député LR sortant, pourtant bien ancré depuis trois mandats dans une circonscription qui lui était familialement acquise depuis des décennies. Cette large victoire au 2nd tour s’inscrivait dans la dynamique nationaliste qui avait fait tomber la citadelle bastiaise en 2014 et gagné les Territoriales en décembre 2015. Depuis la vague est devenue tsunami et a balayé toutes les élections les unes après les autres, étendant son emprise et son influence. Aux municipales de 2020, c’est le bastion porto-vecchiais, la plus grosse commune de la circonscription après Aiacciu, qui tombe avec une myriade de communes comme Figari ou Zonza dont Paul-André Colombani est conseiller municipal. Les Nationalistes s’emparent de la Communauté de communes et règnent sur l’Extrême-Sud. Cinq ans après, tous les feux sont au vert pour le député sortant qui sera très difficile à battre. Néanmoins, au vu du nombre de candidats en lice, il devrait être contraint d’affronter un second tour.  
 
Les épines de la droite
Face à lui, la droite va tenter de regagner le terrain perdu et de s’assurer une place la plus haute possible pour ce second tour. Ce sera compliqué pour Valérie Bozzi, même si elle a réussi à écarter Camille de Rocca Serra. L’ex-député LR devait annoncer sa candidature, pensant le soutien du maire d’Aiacciu assuré, avant de déchanter. Il a néanmoins persisté un temps, essayant d’y croire quand même, avant de finalement se retirer sous la pression, la mairesse de Grossetto-Prugna et présidente de la Communauté de communes de la Pieve de l'Ornano lui ayant coupé l’herbe sous le pied. Des pratiques que la vieille garde Roccaserriste n’a pas du tout appréciées et qui devraient laisser des traces dans l’élection, même si Camille de Rocca Serra a annoncé qu’il soutenait la candidate de droite. D’autant que l’élue LR, numéro 2 du groupe d’opposition U Soffiu Novu à l’Assemblée de Corse, se présente sous la bannière Divers Droite avec le soutien d’Horizons, le parti de l’ex-Premier ministre Edouard Philippe et de Laurent Marcangeli, qui a rejoint la coalition « Ensemble » constituée autour de la majorité présidentielle. Coalition combattue par les LR au niveau national. Une autre épine dans le pied de la candidate de droite est l’effondrement des LR aux présidentielles sur une terre qui leur est historiquement acquise, et la déferlante Marine Le Pen qui a submergé cette vaste circonscription, englobant la quasi-totalité des 76 communes, toute la côte Est de Solaro à l’Extrême-Sud jusqu’au 6ème canton d’Aiacciu qui en fait partie.
 
Les rêves de l’Extrême-droite
Le cuisant désaveu d’Emmanuel Macron a été une telle gifle pour les Macronistes et affiliés insulaires qu’il a amené le maire de Bunifaziu, Jean-Charles Orsucci, Marcheur de la première heure, déjà candidat en 2017, à ne pas se présenter. Il est vrai que l’équation était beaucoup trop tendue et l’investiture rédhibitoire. C’est cette même déferlante qui, au contraire, donne des ailes au Rassemblement national (RN) et à son principal représentant dans l’île. François Filoni entend bien capitaliser sur ses scores spectaculaires pour accéder au podium du 2nd tour. Cela reste néanmoins une vraie gageure tant au regard des précédents scrutins qui n’ont, pour l’instant, jamais transformé l’essai des présidentielles, qu’au regard de l’écrasante domination nationaliste dans la circonscription. De même, le candidat de Reconquête !, Olivier Battistini, mise sur les scores obtenus par Eric Zemmour au 1er tour des présidentielles, qui avait récolté une moyenne de 12,80% des suffrages dans l’île, et jusqu’à 27 % à Portivechju.
 
Les miettes de la gauche
Passer la barre du 1er tour est pari impossible pour la gauche qui s’éparpille en pas moins de cinq candidats dans une circonscription où elle n’a jamais brillé. L’accord de la NUPES, la Nouvelle Union populaire écologique et sociale, qui réunit sous une bannière commune pour ces législatives les quatre partis de gauche - le PS, le PCF, EELV et LFI – sur le territoire national, n’a pas abouti en Corse. Chacun fait, donc, cavalier seul, avec le risque de scores bien cruels. Il faut la foi du jeune militant communiste, Pierre-Ange Muselli-Colonna, pour espérer fédérer le potentiel électorat NUPES. D’autant qu’il affronte les assauts d’une socialiste Ghislaine Salmat, et d’un Insoumis, déjà présent en 2017, Dylan Champeau, investi par Inseme a Manca, qui entendent soutenir la même alliance. S’y ajoute le candidat de Lutte Ouvrière, Yves Daïen, qui participait, lui aussi, au scrutin de 2017 et un candidat citoyen dans le sillage du mouvement des Gilets jaunes, Yves Nicolaï, investi par « Ecologie au Centre ». Ce mouvement centriste écolo a été créé au niveau national en réaction à l'entrée d'Europe Ecologie Les Verts (EELV) au sein de la coalition NUPES. Deux autres candidatures de témoignage pour clore la liste : Pierre-Paul Puccinelli pour le Mouvement citoyen pour le RIC, le référendum d'initiative citoyenne, et Vincent Ettori pour les patriotes. En 2017, cette gauche hétéroclite avait globalement fédéré 10% des suffrages en quatre candidats. Le risque, pour elle, dimanche prochain, est de ne pas retrouver ses petits. En ratant le coche NUPES dans la circonscription, comme dans toute l’île, elle se condamne à la marginalité.
 
N.M.

11 candidats dans la 2ème circonscription de Corse du Sud

FILONI François / GIACOMETTI Pierre (RN)
NICOLAI Yves / CHEVALLET Anne-Cécile (Ecologie au Centre)
BOZZI Valérie / CASTELLANI Pierre (Ensemble – Horizons)
DAÏEN Yves / BENBATTOUCHE Kamal (Lutte ouvrière)
MUSELLI-COLONNA Pierre-Ange / TRAMONI Michel (PCF)
COLOMBANI Paul-André / MALU-PELLEGRINETTI Thérèse (PNC)
ETTORI Vincent Louis / PARRILLA Thérèse (sans étiquette)
BATTISTINI Olivier / PANTALACCI Ghjulia (Reconquête!)
CHAMPEAU Dylan / LAURENTI Catherine (Inseme a Manca)
SALMAT Ghislaine / SASSOU - MESSAN Brigitte (LFI)
PUCCINELLI Pierre-Paul / ROBERT Bertrand (Mouvement citoyen pour le RIC)