La forêt publique insulaire appartient aux citoyens corses. Remarquable notamment par la présence du pin laricio, habitat incomparable à l’échelle du continent, sa richesse est aussi liée à l’hétérogénéité de ses milieux. S’étalant de la mer à la montagne, elle offre des zones refuges à de nombreuses espèces animales et végétales. Elle permet aussi à l’homme d’y travailler et d’y vivre (territoires pastoraux, activités touristiques, production de bois).
C’est un milieu fortement menacé par les incendies et les attaques phytosanitaires (xylellia fastidosia, cochenille du pin, nématode, etc.), mais aussi fragilisé par le manque d’égards et les stratégies politiques souvent atones.
La politique forestière régionale, votée par la CTC en 2006, avait entre autres pour objectif d’organiser et de moderniser la filière bois. Force est de constater que cet objectif n’est pas atteint.
Une filière bois structurée sait et doit s’adapter à la ressource existante et non l’inverse. Des marchés « de niche » doivent se mettre en place, pour absorber et valoriser toutes les qualités de bois, y compris les plus modestes. La filière insulaire doit se développer pour préserver et respecter la noblesse des produits offerts.
La sylviculture est en amont de cette chaine, elle dessine la forêt de demain (mélange des essences forestières, qualité des bois, renouvellement, résilience, etc.). Action pourtant fondamentale, elle est trop souvent écartée des débats politiques avec pour conséquence directe une baisse des financements (dans le futur PRDC, seulement 1% du budget est alloué aux travaux sylvicoles). Les communes forestières par manque de moyen financier sont contraintes de renoncer aux projets de valorisation de leur patrimoine (élagage, plantation, amélioration, etc.). Beaucoup de coupes restent aussi invendues car le réseau de desserte dans les massifs souffre d’un défaut d’investissements.
L’ONF assure, de par la loi, la gestion des forêts publiques de Corse. Il garantit l’application d’une gestion durable multifonctionnelle respectueuse de l’environnement et des usages. Or, l’organisme fait actuellement face à un véritable plan social, faisant peser des incertitudes sur son avenir et ainsi sur l’application du régime forestier.
Le 13 février dernier, le Sous-Préfet de Corte nous a reçu ; en charge de la relance de la filière bois insulaire, il a pu prendre la mesure de nos inquiétudes.
Inversement, à plusieurs reprises par courriers ou articles de presse, nous avons sollicité une entrevue avec le Président de l’Exécutif de la Collectivité Territoriale de Corse, propriétaire de 50 000 hectares de forêt. A ce jour, nous n’avons reçu aucune réponse. Le STC ONF, de par ses compétences, ne doit plus être écarté des débats. Nous réitérons ainsi notre demande de rendez-vous.
Au même titre que son littoral, le citoyen doit s’approprier son territoire forestier, s’en inquiéter et agir avant qu’il ne soit trop tard. Seule une prise de conscience collective et massive en faveur de la sauvegarde de notre patrimoine forestier permettra de garantir la transmission aux générations futures.