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Laurent Marcangeli : « Clôturer ce qui s’est passé à partir du 6 février 1998 »


le Samedi 14 Janvier 2023 à 19:01

À l’occasion de la présentation du bilan de ses six mois de députation, le député de la 1ère circonscription de Corse-du-Sud a souligné la nécessité de trouver la voie de l’apaisement dans les relations entre l’île et l’État



Laurent Marcangeli
Laurent Marcangeli
Depuis la dernière annulation de visite sur l’île du Ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, en décembre dernier, le processus de discussions avec Paris est au point mort. L’une des pierres d’achoppement est assurément le dossier des prisonniers politiques et les refus répétés d’accéder aux demandes de libérations conditionnelles d’Alain Ferrandi et Pierre Alessandri. 
 
« L’une des principales portes de sortie est de clôturer ce qui s’est passé à partir du 6 février 1998. Il faut tourner la page, pas l’arracher, il faut s’en souvenir, méditer, d’abord par respect pour les gens qui ont souffert, et aussi pour que les générations futures prennent conscience que ce n’est pas ainsi que cela doit se passer. Il y a eu trop d’injustices, trop de souffrances », a dans ce droit fil estimé Laurent Marcangeli, le député de la 1ère circonscription de Corse-du-Sud, ce samedi à Ajaccio, à l’occasion de la présentation du bilan de ses six premiers mois de députation.

« Ce qui s’est passé à Ajaccio le 6 février 1998 nous hante encore »

« Je n’ai pas en tant que député à influencer une décision de justice, mais tant que Pierre Alessandri et Alain Ferrandi ne seront pas libres alors qu’ils doivent l’être, c’est ma conviction, tant que nous n’aurons pas judiciairement le fin mot sur ce qui s’est passé dans cette centrale d’Arles, tant que nous n’aurons pas tourné la page de ce qui s’est passé le 6 février 1998, nous aurons du mal à dépasser un certain nombre de choses. Nous le sentons tous, ce qui s’est passé à Ajaccio le 6 février 1998 nous hante encore, a encore une influence sur la vie politique de notre île », a-t-il repris.
 
Soulignant que « le chemin va être long pour tout le monde », il a encore insisté sur la nécessaire évolution des rapports entre la Corse et l’État. « Du côté du Gouvernement, qui doit prendre en compte un certain nombre de réalités indéniables et intangibles qui concernent la Corse, sur son histoire, sur son identité, sur sa géographie, sur sa démographie ou encore sur son économie », a-t-il d’une part instillé, en ajoutant en même temps : « Mais également, il faut qu’au niveau de la Corse les élus prennent en compte le monde dans lequel nous vivons, fassent preuve de davantage de maturité et de pondération dans leurs prises de position, se disent qu’ils portent une très lourde responsabilité vis-à-vis de nos concitoyens lorsqu’ils s’expriment, lorsqu’ils revendiquent des choses, et qu’il faut, je le pense, cheminer vers une voie de concorde et de responsabilité ». « Si demain, l’Exécutif de Corse me semble aller dans le bon sens, je suis totalement prêt à travailler à ses côtés », a-t-il encore argué en indiquant vouloir « travailler à mettre de l’apaisement ».
 

« Répondre aux questions légitimes que les Corses se sont posés depuis le 2 mars dernier »

Mercredi dernier, la Commission d’enquête « chargée de faire la lumière sur les dysfonctionnements au sein de l’administration pénitentiaire et de l’appareil judiciaire ayant conduit à l’assassinat d’un détenu le 2 mars 2022 » débutait ses travaux.  En ouverture, Laurent Marcangeli, qui en est le rapporteur, indiquait qu’il ne serait aujourd’hui probablement pas parlementaire sans les évènements qui ont suivi l’attaque mortelle d’Yvan Colonna. « Cela a concouru à ma prise de décision. Je me suis dit que cela allait très mal et je me suis demandé si je pouvais être utile », a-t-il précisé ce samedi en souhaitant partager ses premières impressions suite aux premières auditions. « J’ai été assez désagréablement surpris par l’audition de l’ancienne directrice de la centrale d’Arles qui m’a semblé particulièrement fébrile. Il y a eu des manquements graves qui ont été relevés par l’inspection de la Justice, par rapport au fonctionnement de cette Maison Centrale. Les réalités de ce constat sont assez effarantes », a-t-il posé. 
 
Alors que les auditions se poursuivront dans les semaines qui viennent avec notamment celles de hauts fonctionnaires et de responsables politiques majeurs, il a rappelé : « Ce que nous voulons faire d’abord, c’est répondre à des questions légitimes que les Corses et même des personnes au-delà se sont posés depuis le 2 mars dernier. Comment, pourquoi en est-on arrivé à ce drame humain ? Comment, pourquoi un détenu particulièrement signalé tue un autre détenu particulièrement signalé et donc particulièrement surveillé en principe ? Comment un homme dangereux au parcours violent avant sa détention, mais également en détention, radicalisé, aux revendications terroristes islamistes, peut se retrouver pendant 10 minutes seul dans une pièce avec un autre de ses codétenus sans que personne n’intervienne alors qu’une agression se déroule ? ». « Je ne sais pas si au terme de notre travail nous partagerons la même orientation avec le président de cette commission. En ce qui me concerne je dirai ce que je pense, même si ça déplait », a conclu le député de la 1ère circonscription de Corse-du-Sud.