Avant d'entrer dans les détails dans une prochaine publication, résumons par grandes lignes l'essentiel des commentaires dont les auteurs sont "Marie Claude" (Marie Claude Barry-Giacinti), "Norbert (Norbert Paganelli), et "Paul" (Paul Ebrard, à qui nous demanderons de préciser sa question sur "Pourquoi" et "parce que" en langue corse).
a) «EXCEPTIONS À LA MUTATION PHONÉTIQUE» (Marie Claude):
=>Avant tout il conviendrait de préciser ce qu'on entend exactement par "mutation phonétique", qui ne se limite pas à la "sonorisation". Chaque consonne corse peut avoir en fonction du contexte différents "degrés d'intensité": fort, moyen ou faible. Dans un énoncé comme Filippu farà festa in famiglia, le phonème /f/ a 4 variantes (plus ou moins) distinctes.
b) LA PARTICULE TONIQUE "È"» (Marie Claude):
=>En réalité ce qui est identifié comme la "particule" è est atone comme la conjonction è ou la préposition à qui sont des "clitiques" (et donc atones par définition, malgré un accent purement graphique surajouté).
c) «LE "N" N'EST PAS UNE CONSONNE MUTANTE» (Marie Claude):
=>En réalité "n" est une consonne "mutante" dans certaines variétés, comme c'est le cas pour "p" ou "t" (alors que /f/ par exemple varie de la même manière partout en Corse).
d) «IL AURAIT ÉTÉ PLUS SIMPLE DE SIGNALER CES MOTS [cume etc.] COMME DES "EXCEPTIONS" ETd) ÉVITER DE COMPLIQUER LA GRAPHIE (COMME POUR QUALCHI)» (Marie-Claude):
=>En effet on peut parler de "complication" si l'on en juge par la persistance dans l'usage d'une variation incohérente (les exemples concrets sont innombrables, y compris chez les "bons auteurs".)
Si le principe de la "prénotation phonétique" semble s'être imposé, la solution alternative consistant à signaler les "exceptions" n'est pas absurde. À condition de formuler la "règle" de manière explicite: dans quels cas précis faut-il considérer que cume fait "exception" à la "mutation"?
Quant à qualchì, il est vrai qu'on aurait pu appliquer la même solution que pour cum'è (par exemple qual'chì: le mot est en effet historiquement formé à partir de quale+chì, cf. qual che en ancien italien).
e) «CES MOTS [=EXCEPTIONS] SONT CUME, QUANTE, QUANDE...» (Marie-Claude):
=>Il faudrait ajouter d'autres exceptions à celles qui sont citées, notamment une voyelle finale atone qui "durcit": ghjovi devant santu ou sera; ou au contraire une voyelle finale tonique qui "adoucit": Ghjesù devant Cristu, etc.)
f) «J'AVOUE MON IGNORANCE QUANT À LA PRONONCIATION DANS LE SUD» (Marie-Claude):
=>L'application cohérente du système orthographique majoritaire est soumise à une condition rarement (!) satisfaite: la connaissance de l'ensemble des variétés corses. On a ainsi un certains nombre d'hypercorrections ou de variations surprenantes (ripa/riba/ribba "talus"): les Nordistes notent un <t> qu'ils prononcent [d], les Sudistes notent <b> alors que d'ordinaire ils conservent le P (latin Ripa).
g) «L' USU DI A NOSTRA LINGUA" DE PAULU MARIA AGOSTINI , UNE GRAMMAIRE COMPLÈTE ET COHÉRENTE» (Marie-Claude):
=>On peut partager globalement ce jugement, malgré quelques choix critiquables comme l'accentuation de la conjonction ma "mais"» (transcrite mà).
h) «Quelle différence de prononciation y aurait-il entre "come tu voli" et "com'è tu voli"?» (Norbert):
=>La "mutation" est plus ou moins perceptible selon les consonnes et les variétés. Dans le Sud il y a peu de différence entre les variantes "forte" et "faible" de /t/, ce qui occasionne une notation anarchique de certaines consonnes intervocaliques (infattà/infatà "rencontrer"). Mais même un Sudiste devrait pouvoir distinguer entre faTi "fées" et faTTi "faits". Quant à l'exemple cité il suffit de remplacer le pronom singulier par le pluriel (avec une initiale "mutante") pour que la différence soit flagrant: com'è [vv]o vuleti).
i) «J'AVOUE M'ÊTRE DÉJÀ POSÉ CETTE QUESTION DE LA GRAPHIE "COM'È" SANS OBTENIR DE RÉPONSE CONVAINCANTE» (Norbert):
=>En effet les grammaires corses éludent une question qui n'a jamais été approfondie, ou donnent des explications contestables. Mais est-ce une raison pour "jeter le bébé avec l'eau du bain"? Les incohérences du système français sont bien plus nombreuses, et la tendance à la "complication" a des répercussions sur le corse, avec comme résultat un usage parfois délirant dans les deux langues (mais combien de temps avons-nous consacré à l'apprentissage de la langue corse orale ou écrite?)
Il ne suffit pas de fustiger les "ayatollah" qui ont acquis (sans doute au contact de l'école française) une capacité à compliquer ce qui pourrait être simple. La "qualité de la langue" dépend de la communauté dans son ensemble, même si les "opérateurs linguistiques" (linguistes, enseignants, écrivains...) ont une grosse part de responsabilité.
N'oublions pas que, même pour les langues plus huppées, la "standardisation" n'est jamais une opération définitive réalisée une fois pour toutes, mais un processus continu avec des phases de sommeil apparent et d'accès de fièvre (Chiorboli, 5000).
Les lecteurs intéressés n'hésiteront pas à réagir et poser d'autres questions. Espérons que l'occasion nous sera donnée de revenir plus en détail sur certains points seulement effleurés ici.
Jean Chiorboli, ***juillet 2014
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