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La méthanisation : Un procédé écologique et rentable


le Samedi 1 Octobre 2016 à 18:01

Une séance d'information à destination des distillateurs corses étaient organisée Vendredi par l'Ademe - Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie - à Ajaccio. L'objectif : faire connaître les pratiques de méthanisation, et son utilité potentielle dans l'île.



La méthanisation  est un procédé qui permet de produire de l'énergie à partir de déchets, principalement des effluents et des matières premières secondaires. Il offre donc une alternative avantageuse en termes de gestion des déchets et de valorisation énergétique, particulièrement intéressante pour l'Ademe - Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie - qui travaille sur ces deux problématiques.

La méthanisation des bio-déchets est une pratique très courante en Allemagne, aux Pays-Bas ou encore en Belgique par exemple, alors qu'elle est encore rare en France. Ce concept trouve donc un écho particulier en Corse, dans un contexte énergétique et de gestion des déchets très contraint.
 
Pour atteindre l’objectif de valorisation du plan national déchets (1 500 unités de méthanisation en 2020), le ministère de l’écologie, du développement durable et de l’énergie a lancé un appel à projets pour le développement de 1.500 installations de méthanisation en 3 ans réparties dans les territoires ruraux. Le dispositif permet de mieux accompagner les porteurs de projets dans leurs démarches. 
 
Dans ce contexte, l’ADEME et l’Office de l'environnement de la Corse ont souhaité mobiliser les distillateurs de Corse en lançant une étude pour l'émergence de projets de méthanisation.
 
 
Interview de Camille Fabre, directeur de l'Ademe de Corse

" Quelle est votre ambition ?

On est très modestes, il faut y aller progressivement. La méthanisation est très peu développée en France, et presque pas en Corse, donc on part de loin. Cependant, il y a  des marges de progression importantes. Il existe plusieurs catégories de méthanisation : la micro-méthanisation, la méthanisation qui nécessite de grandes installations, et la méthanisation à l'échelle d'un territoire par exemple.

Aujourd'hui nous nous sommes focalisés sur la micro-méthanisation, qui offre des potentialités intéressantes. Par exemple, les distilleries de plantes aromatiques et médicinales, au nombre de neuf dans l'île, ont des besoins importants en chaleur, produite aujourd'hui grâce à du fuel ou du gaz. La méthanisation peut, elle, permettre de produire du biogaz à partir des effluents issus de la distillation, en quantité suffisante pour obtenir la chaleur nécessaire, et ça c'est fabuleux : le distillateur peut donc traiter ses déchets, et remplacer une énergie fossile non renouvelable et coûteuse par du biogaz. 

Ces projets ne sont pas forcément très simples, mais sont pleins de bon sens et ont un réel intérêt énergétique.

En terme de quantité énergétique que représente la micro-méthanisation ?

Elle traite plusieurs centaines de tonnes d'effluents issus de la distillation. Sur ce projet on ne va pas produire d'électricité, mais ça va permettre d'économiser plusieurs dizaines de milliers de litres de fuel utilisés pour le chauffage.

Quelle méthanisation pour la Corse demain ?

Dans un premier temps, la micro-méthanisation a un réel intérêt. Par rapport à cette journée, c'est un procédé que nous avons étudié avec l'Université de Corse, et nous sommes très rapidement passés de l'étude à l'action, avec encore une fois cette exemple des distillateurs qui étaient autour de la table et nous disaient "on y va !" 

Demain, pour une méthanisation à plus grande échelle, on a des projets : la Chambre d'agriculture en a un que nous soutenons et qui n'est pas loin d'aboutir. Il concerne l'engraissement bovin centralisé. Il aura vocation à produire à partir des effluents d'élevage du biogaz et de l'électricité que fera l'objet d'un rachat sur le réseau. La chaleur produite pourrait être utilisée pour sécher du foin ou de la luzerne. Les éleveurs de montagne emmèneraient donc leurs veaux pour les engraisser, et en contrepartie dans une économie circulaire, ils pourraient récupérer du foin séché sur place.  C'est un des projets en cours et ce sont selon nous des choses très intéressantes qui s'inscrivent dans la logique d'un développement durable du territoire et de l'économie de montagne.

Et à l'échelle d'une grande collectivité par exemple, pour des méthanisations plus conséquentes, y a-t-il des projets ?

Sur la station d'épuration de Campo dell'Oro à Ajaccio, les boues produites font l'objet d'une méthanisation. On épure donc des eaux usées et les déchets générés sont utilisés pour produire de l'électricité. Malheureusement, les stations d'épuration comme Campo dell'Oro sont trop rares en Corse.

Quelles autres perspectives pourrait-on trouver pour la méthanisation en Corse ?

J'avoue que dans le contexte corse pour les déchets ménagers, ce n'est pas la technologie la plus simple. Aujourd'hui nous n'avons pas de projet et je ne suis pas certain qu'on en aura. Je pense que c'est vraiment intéressant à l'échelle d'une petite société, parce qu'il va y avoir traitement du déchet et économie. Au niveau d'un ramassage de déchets ménagers, il y a des procédés plus simples, comme le compostage, qui s'y prêtent bien. "