Ces laissés pour compte de l'euphorie macronienne ont manifesté contre la baisse de leur pouvoir d'achat, en particulier avec la hausse de la CSG, sans les compensations accordées aux actifs, une perte estimée au minimum à 400 euros par an. Leur mouvement, organisé autour de neuf syndicats, était soutenu par les étudiants, au nom de ce qu'il est convenu d'appeler la solidarité inter-générationnelle.
Qu'ont de commun ces générations croisées de manifestants ? S'ils s'insèrent dans le circuit économique, c'est par la consommation et non par la production des richesses. Or, seuls les mouvements des acteurs du système gênent celui-ci, lorsqu'ils menacent de le paralyser. Les retraités et les étudiants, dans leurs revendications, ne peuvent bloquer qu'eux-mêmes. Les étudiants l'ont d'ailleurs bien compris, qui ont parfois recours à la casse comme seul moyen des se faire entendre.
Les mesures fiscales qui visent les retraités s'ajoutent à d'autres, accumulées au fil des années. Cette forme d'injustice a ses partisans. Ainsi, quelques observateurs disent que les retraités se comportent comme des enfants gâtés, alors qu'ils constitueraient les derniers survivants d'une époque bénie, celle d'une retraite à taux plein et à un âge pas trop canonique... Et cela en ferait presque des nantis. Les économistes libéraux évoquent les raisons de ne pas revaloriser outre mesure les pensions. L'allongement de l'espérance de vie fait que la collectivité peut de moins en moins assumer la charge des seniors, ne serait-ce qu'au nom du simple rapport démographique : en 1964, il y avait 4,4 cotisants pour un retraité ; en 2013, on n'en comptait plus que 1,3. Bientôt, chaque actif aura à sa seule charge un inactif...
Il est donc demandé aux anciens de faire des efforts, voire de consentir à des sacrifices, pour assurer l'avenir des jeunes. Mais les retraités, dont certains sont à la limite de la paupérisation, soulignent qu'ils ne réclament que leur dû, après des années de travail et donc de cotisations.
Aujourd'hui, ils sont plus de 14 millions. Nous l'avons dit plus haut, leur pouvoir de nuisance est limité. Mais ils ont une arme, le bulletin de vote. Au gouvernement, les stratèges font remarquer que le prochain rendez-vous électoral, les européennes, a lieu dans deux ans – et les vieux, c'est bien connu, ça oublie vite.
En Corse, il en va tout autrement. On vote bientôt. Et les retraités, nombreux à travers l'île, pourraient bien manifester leur désaveu en sanctionnant la liste se réclamant du Président de la République dans la perspective de la collectivité unique.