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L’Aldilonda à Bastia : la position du groupe communiste à la mairie


La rédaction le Mardi 13 Août 2019 à 06:05

Communiqué du groupe communiste au conseil municipal de Bastia.



Au conseil municipal du 23 juillet dernier, le coût d'objectif de l'Aldilonda a été porté à 10,5 millions d’euros (M€) contre 5M€ annoncés le 1er mars 2016 dans la présentation du Programme Pluriannuel d'Investissement 2016/2025 de la majorité. Alors que les travaux ne sont pas achevés, le prix a été multiplié par deux.

Le plan de financement des marchés de travaux en cours a été majoré de 2,29M€, soit une hausse de 30%, six mois seulement après le démarrage du chantier :

Ø  une augmentation de 660 mille € (660K€) entre l'estimation du cabinet de l'architecte Dietmar Feichtinger qui a remporté le concours de maîtrise d’œuvre (6 M€) et le montant des marchés notifiés pour 3 lots (6,66M€) concernant le gros-œuvre, la charpente métallique, l'électricité ;

Ø  une augmentation de 1,39 M€ (réduite à 630 K€ suite à des économies par ailleurs) pour « des adaptations du projet en phase exécution » car, selon le rapport du Maire, « l'ouvrage tel que dimensionné par la maîtrise d’œuvre présente des difficultés de mises en œuvre... » ;

Ø  une augmentation de 996 K€ en raison de « sujétions techniques imprévues » dues à l'état des infrastructures (remparts, rochers et jetée du Dragon).

Ces augmentations importantes appellent plusieurs observations.

1°) le projet n'était pas au point au moment du démarrage des travaux.

Dans son rapport au conseil municipal, le Maire précise que «des études complémentaires réalisées dans le cadre de la maîtrise d’œuvre et notamment les rapports géotechniques et hydrauliques ont montré la nécessité de réaliser des travaux supplémentaires liés à la fragilité et à l'instabilité des infrastructures existantes». Ces études ont fait l'objet d'un premier ajustement financier de 1M€ au conseil municipal du 24 juillet 2018, avant le démarrage du chantier. Le Maire indique cependant qu'au cours des travaux « les procédés constructifs prévus n'étaient pas réalisables » ou que « cette solution technique s'est avérée impossible ».

2°) les surcoûts liés à l'état des infrastructures étaient sous-estimés.

Les rapports géotechniques étaient-ils complets ? On peut en douter. En effet, malgré ces rapports, le volume des « sujétions techniques imprévues » liées à l'état des infrastructures qui supporteront  la passerelle (rochers, remparts et jetée du Dragon) représente 20% d'augmentation du coût des travaux de gros-œuvre. La solution de contournement de la Citadelle laissait prévoir des désordres dans ces infrastructures en raison du travail de sape de la houle et de la vétusté des ouvrages bâtis (6 siècles pour les remparts !).

3°) l'offre de l'entreprise de gros-œuvre respecte-t-elle le cahier des charges ?

L'entreprise de gros-œuvre a présenté des augmentations en raison des contraintes environnementales du chantier (pas d'appui au sol, par de barge en mer, travaux acrobatiques...). Pourtant ces contraintes étaient connues avant la définition du marché. Si elles figuraient au cahier des charges, la demande de l'entreprise n'est pas recevable.

Le choix d'un démarrage précipité du chantier de l'Aldilonda est confirmé par une déclaration récente de la cheffe de projet de l'Aldilonda et du Mantinum qui suit les travaux pour la Ville.

Elle révèle qu'« avec les grosses tempêtes de l'hiver (2018/2019), de nouveaux relevés ont été réalisés pour mesurer la puissance de la houle et évaluer les différentes contraintes ». A la suite de ces relevés, des modifications ont été dû être apportées aux procédés constructifs et aux solutions techniques pour renforcer la solidité de l'ouvrage. Si le chantier avait été terminé avant ces tempêtes, la  passerelle de l'Aldilonda aurait été emportée par la mer.

Les études numériques de houle réalisées avant le début des travaux n'étaient pas suffisantes pour lancer le chantier. Le Maire a prétendu le contraire affirmant qu'il n'était pas indispensable de calculer la résistance de la passerelle à la vague centennale. La mer lui a apporté un cinglant démenti. D'autres événements climatiques de type « Adrian » sont envisagés sans qu'on sache si l'Aldilonda y résistera.

Dans une contribution au journal de la ville « Bastia Mag » de décembre 2018 le groupe communiste avait fait écho aux doutes sur la solidité de l'ouvrage en construction émis au cours de l'enquête publique avant travaux. Le commissaire-enquêteur avait recommandé de faire procéder à une expertise par le Comité Scientifique des Techniques du Bâtiment (CSTB), établissement public habilité à valider concrètement « l'application d'une technique constructive sur un chantier précis à réaliser ». La suite démontre que le Maire et la majorité municipale ont écarté cette recommandation pertinente avec beaucoup de légèreté.

Au total, si le choix de l'Aldilonda pouvait apparaître audacieux et séduisant, surtout en communication, la décision politique de sa mise en chantier s'est avérée hasardeuse et précipitée.  Les difficultés et les surcoûts confirment que des études et des vérifications plus poussées étaient indispensables. C'est ce qu'a exigé le groupe communiste déclarant que « s'agissant d'un ouvrage prévu pour durer cent ans, un report de quelques mois du démarrage des travaux serait propice à une décision mûrement réfléchie. Le devoir de précaution s'impose à l'excès de précipitation ».

La majorité municipale s'est montrée plus pointilleuse pour les projets du parking Gaudin et du port à la Carbonite dont des études successives ont retardé de deux ans le premier et de plusieurs années le second. Pourquoi une telle précipitation pour l'Aldilonda au regard de tant d'incertitudes si ce n'est par calcul politicien de son inauguration avant les prochaines municipales ?

Le groupe communiste exige qu'une expertise soit réalisée par le Comité Scientifique des Techniques du Bâtiment en raison du prototype de la passerelle. Il réclame une opération vérité sur le prix de ce projet qui a déjà doublé avant son achèvement. Les Bastiais(es) ne doivent pas payer les pots cassés de la conduite calamiteuse d'un dossier, motivée par la seule volonté « di fà una sbaccata » (d'en mettre plein la vue) avant les élections, au détriment de l'esprit de responsabilité.

Toussainte Devoti                 Francis Riolacci






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