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Jean-Christophe Angelini : « Une dynamique de changement est à l’œuvre à Portivechju et se traduira dans les urnes »


Nicole Mari le Lundi 1 Juin 2020 à 20:03

C’est reparti pour le 2nd tour des élections municipales. Programmé le 28 juin, sous réserve de non-rebond du COVID19, la campagne électorale, inédite par son contexte, se déroulera 15 semaines après le 1er tour, dans des conditions très spéciales. A Portivecchju, un duel oppose le nationaliste Jean-Christophe Angelini, leader du PNC, conseiller exécutif et président de l’ADEC, sorti en tête des urnes le 15 mars avec 44,39 % des suffrages, au maire sortant LR, Georges Mela, qui n’a récolté que 39,97% des voix. Don-Mathieu Santini, candidat de Femu a Corsica, qui avait engrangé 15,6% des voix, s’est retiré sans donner de consignes de vote. Jean-Christophe Angelini explique, à Corse Net Infos, qu’il repart serein en campagne avec un projet renouvelé et actualisé pour mieux répondre aux enjeux remis en lumière par la pandémie.



Jean-Christophe Angelini, leader du PNC, conseiller exécutif à la Collectivité de Corse et président de l’ADEC (Agence de développement économique de la Corse), est candidat à Portivechju pour les élections municipales. Photo Michel Luccioni.
Jean-Christophe Angelini, leader du PNC, conseiller exécutif à la Collectivité de Corse et président de l’ADEC (Agence de développement économique de la Corse), est candidat à Portivechju pour les élections municipales. Photo Michel Luccioni.
- Le 2nd tour enfin pourrait-on dire, malgré une ambiance de fin de crise du COVID19, qu’est-ce que cela vous inspire ?
- Nous démarrons la campagne avec le souci de respecter les prescriptions sanitaires qui sont, aujourd’hui, édictées. L’idée est de trouver un point d’équilibre entre la reprise d’activité et la santé publique. Nous avons débuté notre conférence de presse en rendant un hommage appuyé aux personnels soignants, aux médecins, infirmiers…, à tous ceux grâce auxquels nous avons pu résister à la pandémie, malgré malheureusement une série de difficultés et même de drames auxquels la Corse, comme le reste du monde, n’a pu échapper. Nous avons, donc, voulu, tout à la fois, redire notre respect des prescriptions et saluer un déconfinement démocratique dans la perspective d’un 2nd tour le 28 juin, si celui-ci n’est pas remis en cause d’ici à une vingtaine de jours. C’est, pour nous, une satisfaction.
 
- Dans quel état d’esprit êtes-vous ?
- Nous sommes, à la fois, sereins et combattifs. Sereins parce que les résultats du 1er tour nous confortent dans la dynamique engagée depuis le début de l’année 2020 et le mouvement de changement qui s’opère à Portivechju. Combattifs parce que même si la tendance paraît véritablement très positive, rien n’est encore gagné. Nous allons, donc, nous mobiliser jusqu’au 28 et tenter de convaincre encore plus largement au sein de la commune.
 
- Justement, comment faire campagne dans ces conditions très spéciales ?
- C’est, en effet, une campagne extrêmement contrainte qui s’ouvre aujourd’hui. Néanmoins, dès lors que nous avons l’impératif moral et politique de la conduire, nous devons faire preuve d’innovation. Nous avons réfléchi ces derniers jours aux modalités permettant de respecter les prescriptions sanitaires et, en même temps, de convaincre autour de nous en prévision du 2nd tour. Nous en avons déduit un certain nombre de propositions qui sont déjà à l’œuvre. Nous avons lancé une consultation numérique en 20 questions qui portent, à la fois, sur la perception du confinement par les Porto-Vecchiais et sur leur vision de l’après. Nous avons déjà reçu près de 400 réponses. L’idée est, dès que nous en aurons 500 ou 600 dans les prochains jours, d’en déduire des propositions nouvelles que nous présenterons vers le 15 juin. L’idée est moins de modifier en profondeur notre programme – qui reste pertinent – mais de l’actualiser pour répondre au contexte nouveau. Nous avons, à cet effet, tenu un séminaire, samedi dernier, avec l’ensemble de la liste. Enfin, nous équiperons notre permanence qui sera la première permanence anti-Covid de Corse.
 
- C’est-à-dire ?
- Nous nous sommes inspirés avec les entreprises dédiées de ce qui se fait dans les collèges et lycées pour équiper notre permanence de centre-ville avec l’ensemble des normes : gants, masques, gels, plexiglass… La permanence ouvre jeudi matin au public avec la volonté de limiter les flux et de ne recevoir qu’un nombre de gens en même temps.
 
- Concernant les meetings ou les réunions publiques, qu’avez-vous prévu ?
- Nous avons prévu, à compter du 10 ou du 15 juin, dès lors que la situation aura profondément évolué, d’organiser des réunions en plein air. Nous verrons, ensuite, s’il y a lieu de tenir ou pas des meetings. Pour les tractages comme pour les réunions publiques d’importance, les choses restent ambigües, voire même interdites. Nous ne voulons pas prendre de risque sur ce plan là. Nous ne referons pas la même campagne qu’au 1er tour. Nous conservons, en les adaptant, l’accueil à la permanence, les réunions de travail au sein de la liste, les réseaux sociaux avec un accent particulier sur la consultation des électeurs, et les rendez-vous ciblés sur la base du phoning. Nous nous adaptons avec beaucoup d’entrain et de méthode. C’est difficile, mais, en même temps, c’est un défi passionnant.

- Le gouvernement prône de privilégier le vote par procuration. Cela n’a pas l’air de vous enthousiasmer, pourquoi ?
- Nous ne sommes clairement pas d’accord avec cette analyse. Pà Portivechju continue de privilégier le vote physique. En mars dernier, les taux de participation dans de grandes villes comme Aiacciu ou Bastia ont été de 30%, 35% ou 40%. A Portivechju, les électeurs ont voté à presque 57%, soit 20% à 25% de plus. C’est le signe d’une volonté d’implication des Porto-Vecchiais et d’un engagement en faveur du changement. Nous sommes arrivés en tête avec 45% des voix. Don Mathieu Santini avec plus de 15% a, également, réalisé une percée dans les rangs de l’opposition municipale. Nous constatons que les Porto-Vecchiais sont désireux de continuer dans cette voie. L’enjeu, pour nous, n’est pas d’appeler, à un mois du 2nd tour, à faire des procurations, comme on le voit ici ou là, mais de mobiliser en s’adaptant à la situation. Au vu de l’évolution de la pandémie, du fait que l’étau se desserre sur tous les plans, nous pourrions, d’ici à un mois, être en mesure de voter dans des conditions normales tout en gardant les précautions d’usage. Nous ne voyons, donc, pas l’intérêt de multiplier aujourd’hui les procurations. On ne peut pas construire une campagne par procuration ! On ne peut le faire qu’en s’impliquant. Nous jouons la carte de l’implication quand d’autres jouent la carte de la délégation, et nous pensons que notre carte sera victorieuse le 28 juin.
 
- Ne pensez-vous pas que les électeurs, 14 semaines après le 1er tour, au début de l’été, pourraient être démobilisés ?
- Non ! Depuis la sortie du déconfinement, nous avons multiplié les rencontres et ressenti la même volonté de changer les choses au fond de la part des Porto-Vecchiais. Une dynamique est à l’œuvre, elle n’emprunte pas les mêmes voies, mais je pense qu’elle se traduira dans les urnes.
 
- Vous parlez d’un projet actualisé. Que proposez-vous pour pallier les dommages collatéraux de l’épidémie sur le tourisme qui impactent fortement votre commune ?
- Nous proposons d’adapter le projet de mandature – et de la décennie – à la donne créée par la pandémie au plan économique, mais pas seulement. Cette crise a révélé nos fragilités et nos faiblesses. En matière économique avec la forte dépendance au tourisme. En matière d’infrastructures de santé avec la faiblesse des lits de Réa. En matière de logements avec des difficultés très fortes pendant la période de confinement. Des centaines de familles nous ont expliqué dans quelles difficultés elles avaient vécu cette période. Le combat contre la pauvreté est une grande nécessité. Tout comme l’annualisation du tourisme pour nous rendre moins dépendants d’une saison de deux mois à peine et sur une portion infime du territoire, en l’occurrence le littoral. Mais aussi, la diversification de l’économie avec la construction de niches et de filières qui nous permettrait d’être, à la fois, plus compétitifs et plus résilients. Cette crise a dit de notre société locale un certain de choses qui inquiètent et donnent lieu à des propositions de notre part.
 
- Don Mathieu Santini s’est retiré sans donner de consignes de vote. Espérez-vous récupérer tout ou partie de son électorat ?
- Don Mathieu a fait preuve d’une lucidité et d’un courage que je veux saluer. Il a respecté en tous points l’engagement pris devant les électeurs : soit participer à une triangulaire avec l’espoir de l’emporter, soit se retirer pour ne pas troubler le jeu. Dès lors que son score ne lui permettait pas à priori de l’emporter, il a fait le choix du retrait. Il a respecté l’objectif d’alternance à Portivechju. Nous disons à ses électeurs que s’ils n’ont plus de liste correspondant en tous points, ils ont encore un projet capable de matérialiser une très grande partie de leurs espoirs. Nous avons constaté, tout au long de la campagne et ces dernières semaines, à l’aune de la pandémie, des convergences très importantes et des réponses partagées. L’électorat s’est mobilisé autour d’un projet et contre la municipalité sortante. Notre idée n’est pas de débaucher ou de capter des suffrages, mais d’élargir la vision à un projet très largement convergent et qui peut être partagé le 28 juin et au-delà. Nous voulons associer les électeurs de Portivechju dà Fà à la dynamique de transformation qui se traduira dans les urnes.
 
- Georges Mela dit que vous avez fait le plein des voix tandis qu’il garde une marge de manœuvre. Etes vous confiant ?
- Je suis raisonnablement confiant, mais tout reste à construire. Je me hasarderai pas à analyser le résultat de Georges Mela comme il le fait du nôtre, seulement pour dire, me concernant, que c’est la 1ère fois, depuis des décennies, que la liste portée par le maire sortant n’arrive pas en tête à Portivechju. Plus qu’un fait politique, c’est un fait historique ! Et cela, ni Mr Mela, ni personne n’est en mesure de le contester. Pour le reste, nous continuons à travailler sans surenchère, sans démagogie, mais avec la claire conscience que les Porto-Vechhiais nous ont confié une responsabilité – celle de créer les conditions du changement et, le 28 juin, de transformer l’essai par une large victoire. C’est à cela que nous nous attachons aujourd’hui. Je laisse le reste et des polémiques souvent vaines à mes adversaires et à Georges Mela en particulier.
 
Propos recueillis par Nicole MARI.