L'écrivain James Ellroy et sa traductrice, Eve, au théâtre de Bastia.
Il est 17 heures, ce 8 mai, et le théâtre de Bastia bruisse d’impatience. Le grand James, la légende vivante, le maître incontesté du roman noir, est là, dans les murs, en chair et en os ! Sébastien Bonifay, le libraire des Deux Mondes, coorganisateur de l’événement avec le centre culturel Una Volta, qui assure l’interview, ne semble toujours pas revenu d’avoir décroché la timbale ! Les fans, qui ont bravé la journée estivale pour écouter et approcher leur idole, sont, eux aussi, conquis d’avance. Dès que l’écrivain déboule sur scène, colossal, vêtu de sa sempiternelle chemisette hawaïenne, on sait que le show sera réussi. Le colosse est à l’image de son œuvre : puissant, profond, passionné, débordant de vitalité et de verve… exubérant, provocateur, politiquement incorrect. La voix forte, le verbe précis, parfois féroce, le geste ample, il maîtrise parfaitement l’exercice et tient son auditoire en haleine, le régalant d’un bon mot, d’une saillie ou d’un grognement inattendu.
Amour et trahison
Son nouveau roman, Perfidia, porte le titre d’une chanson de Nat King Cole qu’il a choisi, dit-il d’emblée, parce « c’est un mélange parfait d’espagnol et d’anglais très caractéristique de cette période des années 40-41, c’est une très belle chanson qui parle d’amour et de trahison, ce dont je parle aussi ». Bien difficile de résumer ce pavé foisonnant qui plonge, à un rythme effréné, dans la panique qui saisit Los Angeles, après l’attaque surprise de Pearl Harbour par l’aviation japonaise, le 7 décembre 1941 et l’entrée des Etats-Unis dans la 2ème guerre mondiale. Près de 30 ans après avoir livré, Le Dahlia noir, James Ellroy repart, ainsi, pour une nouvelle saga en quatre épisodes sur sa ville et remonte aux origines du quatuor de Los Angeles. Ce prequel, qui mêle petites et grande histoires, personnages fictifs et personnes réelles, déroule trois semaines de folie, de cauchemar, de haine, d’hystérie anti-Japon, et de violence où se déchainent le crime, la corruption et le racisme, dans une débauche de drogues, d’alcool et de sexe. « Ce livre parle de multiples trahisons, d’amour trahi, d’identité nationale trahie, de trahison envers soi-même et comment on se perd soi-même. Ses piliers sont le péché et la rédemption. Son principal message est qu’il faut aimer ici et maintenant tant qu’il est encore temps ! », assène-t-il.
Romantique et opportuniste
Pendant une heure et demi, celui qui se définit comme « un mégalo de littérature » essuie le feu nourri des questions sur sa vie, sa ville, sa mère, son passé de junkie, son travail d’écrivain, son inspiration, ses héros, ses confrères, l’Amérique et sa foi en Dieu. Cet américain, conservateur et réactionnaire, qui se dit « opportuniste », déteste les ordinateurs, la télévision et le cinéma, refuse d’accoler le terme « raciste » à l’internement des Japonais : « Les Etats-Unis ne sont pas racistes ! Le racisme en tant que tel, dans le sens que nous lui donnons aujourd’hui, n’existait pas en 1941… L’internement des Japonais était injuste, inique, illégal, mais compréhensible. Rappelez-vous la brutalité de l’attaque du Japon contre Pearl Harbour et l’impérialisme japonais ». Cet amoureux des femmes, qui se décrit comme un grand romantique, fait la part belle à ses héroïnes : « Au cours de ma longue vie, je me suis aperçu que les femmes sont les plus sincères dans l’introspection. Elles acceptent de regarder leur propre vie et d’établir un lien entre leur vie et le monde ». Cet écrivain fiévreux, frénétique, obsessionnel, hors normes, a appris, avoue-t-il, à être rigoureux, méticuleux, concentré sur l’écriture. « Tout le travail de l’écriture consiste à choisir entre plusieurs options dramatiques… Le génie, on ne le possède pas. Il nous traverse ! ».
Sur ces mots, le Dog déploie sa grande carcasse pour lire un extrait de sa nouvelle œuvre avant de répondre, cette fois-ci, à ses lecteurs qu’il invite à acheter son livre. La rencontre se termine, dans le péristyle, par une séance de dédicace.
N.M.
Amour et trahison
Son nouveau roman, Perfidia, porte le titre d’une chanson de Nat King Cole qu’il a choisi, dit-il d’emblée, parce « c’est un mélange parfait d’espagnol et d’anglais très caractéristique de cette période des années 40-41, c’est une très belle chanson qui parle d’amour et de trahison, ce dont je parle aussi ». Bien difficile de résumer ce pavé foisonnant qui plonge, à un rythme effréné, dans la panique qui saisit Los Angeles, après l’attaque surprise de Pearl Harbour par l’aviation japonaise, le 7 décembre 1941 et l’entrée des Etats-Unis dans la 2ème guerre mondiale. Près de 30 ans après avoir livré, Le Dahlia noir, James Ellroy repart, ainsi, pour une nouvelle saga en quatre épisodes sur sa ville et remonte aux origines du quatuor de Los Angeles. Ce prequel, qui mêle petites et grande histoires, personnages fictifs et personnes réelles, déroule trois semaines de folie, de cauchemar, de haine, d’hystérie anti-Japon, et de violence où se déchainent le crime, la corruption et le racisme, dans une débauche de drogues, d’alcool et de sexe. « Ce livre parle de multiples trahisons, d’amour trahi, d’identité nationale trahie, de trahison envers soi-même et comment on se perd soi-même. Ses piliers sont le péché et la rédemption. Son principal message est qu’il faut aimer ici et maintenant tant qu’il est encore temps ! », assène-t-il.
Romantique et opportuniste
Pendant une heure et demi, celui qui se définit comme « un mégalo de littérature » essuie le feu nourri des questions sur sa vie, sa ville, sa mère, son passé de junkie, son travail d’écrivain, son inspiration, ses héros, ses confrères, l’Amérique et sa foi en Dieu. Cet américain, conservateur et réactionnaire, qui se dit « opportuniste », déteste les ordinateurs, la télévision et le cinéma, refuse d’accoler le terme « raciste » à l’internement des Japonais : « Les Etats-Unis ne sont pas racistes ! Le racisme en tant que tel, dans le sens que nous lui donnons aujourd’hui, n’existait pas en 1941… L’internement des Japonais était injuste, inique, illégal, mais compréhensible. Rappelez-vous la brutalité de l’attaque du Japon contre Pearl Harbour et l’impérialisme japonais ». Cet amoureux des femmes, qui se décrit comme un grand romantique, fait la part belle à ses héroïnes : « Au cours de ma longue vie, je me suis aperçu que les femmes sont les plus sincères dans l’introspection. Elles acceptent de regarder leur propre vie et d’établir un lien entre leur vie et le monde ». Cet écrivain fiévreux, frénétique, obsessionnel, hors normes, a appris, avoue-t-il, à être rigoureux, méticuleux, concentré sur l’écriture. « Tout le travail de l’écriture consiste à choisir entre plusieurs options dramatiques… Le génie, on ne le possède pas. Il nous traverse ! ».
Sur ces mots, le Dog déploie sa grande carcasse pour lire un extrait de sa nouvelle œuvre avant de répondre, cette fois-ci, à ses lecteurs qu’il invite à acheter son livre. La rencontre se termine, dans le péristyle, par une séance de dédicace.
N.M.