- C’est une rentrée politique marquée par les discussions sur le processus d’autonomie. Dans quel état d’esprit l’attaquez-vous ?
- Avec la conscience que nous sommes à un moment charnière pour la Corse, dans un contexte français, européen et mondial extrêmement incertain et lourd de menaces. Et avec la ferme volonté que nous réussissions collectivement, pour les générations d’aujourd’hui et pour celles de demain.
- Avec la conscience que nous sommes à un moment charnière pour la Corse, dans un contexte français, européen et mondial extrêmement incertain et lourd de menaces. Et avec la ferme volonté que nous réussissions collectivement, pour les générations d’aujourd’hui et pour celles de demain.
Le cycle de discussions sur l'autonomie
- Qu’avez-vous demandé lors de cette première réunion thématique sur le modèle économique et social ?
- Deux sujets étaient à l’ordre du jour : le modèle économique et social, le matin, et une première présentation des systèmes d’autonomie en droit comparé, l’après-midi. Pour le premier, nous avons proposé une méthodologie visant à l’efficacité et l’opérationnalité. A savoir, un diagnostic, si possible partagé, du système économique et social insulaire, dans ses atouts comme dans ses faiblesses et ses limites. Une méthode de travail impliquant la société civile, à travers notamment le CESEC, mais aussi les institutions consulaires, les syndicats et organisations professionnelles et l’ensemble des forces vives. Des objectifs principaux à atteindre sur le court, moyen et long terme et les moyens à mettre en œuvre pour y parvenir. J’ai également demandé, dans un souci de symétrie entre les parties, que tous les chiffres et données en possession de l’Etat et relatifs à la balance des paiements, aux flux entrants et sortants, notamment dans le domaine fiscal, soient communiqués à la délégation corse. Cela a été acté sur le principe.
- Que retenez-vous de cette journée ?
- Ce fut une journée globalement constructive et positive pour plusieurs raisons. D’abord, dans la présentation aussi bien des données économiques et sociales que dans la comparaison avec le statut d’autonomie des îles européennes, le ministre, les membres de sa délégation et les services de l’État ont été objectifs et honnêtes intellectuellement. Gérald Darmanin a très clairement reconnu que la Corse ne coûtait pas cher à l’État, qu’il n’y avait pas de transferts sociaux massifs vers l’île. C’est un premier signe. Il a aussi répondu de façon positive sur les garanties que je lui ai demandé sur les dossiers urgents. On ne peut pas travailler sur un processus à 18 mois sans des concrétisations qui prouvent la bonne foi et la volonté d’avancer, notamment sur la loi sur le pouvoir d’achat, la prime carburant, et sur nos demandes d’adaptation législatives et réglementaires qui restent sans réponse. Le ministre a convenu de retravailler ces sujets dans les jours à venir dans la perspective de la loi de finances de fin d’année. Je lui ai également demandé une réunion de travail dans la semaine pour essayer de dénouer le problème du crédit d’impôt investissement dans le domaine hôtelier, il en a acté le principe. Enfin sur l’indemnité de transport où les négociations paritaires piétinent depuis 24 mois, je lui ai dit qu’il était urgent au plan social que cette mesure entre en vigueur et qu’il fallait trouver les moyens de débloquer la situation. Il en a convenu aussi. Ce sont des signes concrets, nous verrons, dans les semaines à venir, si les discussions débouchent sur des décisions.
- Gérald Darmanin vous a demandé des propositions pour « muscler » l'économie de l'île ?
- Oui. Nous avons prévu de nous revoir et de faire des réunions de travail. J’ai insisté sur la nécessité d’impliquer l’ensemble des forces vives, insisté sur l’urgence de la question sociale et sur le fait qu’on ne pouvait pas déconnecter l’économique du social. La Corse a besoin, à la fois, d’un système productif, générateur de richesse, mais aussi de justice et de solidarité sociale. L’augmentation du prix du pain, de l’énergie, et des matières premières retentissent lourdement sur les ménages ou les entreprises insulaires. Il faut y intégrer l’enjeu du réchauffement climatique, donc poser une méthodologie. Nous devons définir des grands objectifs et les moyens de les atteindre. Nous devons penser global et agir local, en connectant et intégrant notre action aux flux positifs, en France, en Europe, en Méditerranée, dans le monde, qui visent à rendre ce monde vivable et soutenable. C’est donc bien la totalité de notre modèle que nous devons repenser. Ce sera le travail des semaines à venir.
- La journée s’est poursuivie avec la présentation d’autres statuts d’autonomie. Qu’en est-il ressorti ?
- La présentation des statuts d’autonomie de six îles méditerranéennes ou atlantiques - les Açores, les Canaries, les Baléares, la Sicile, la Sardaigne et la Crête - ne pouvait que confirmer ce que nous savons depuis longtemps : des dizaines de millions de citoyens européens vivent au quotidien, de façon apaisée et heureuse, une autonomie de plein droit et de plein exercice. C’est notamment le cas de tous les insulaires. Cette présentation a donné une définition claire de l'autonomie. C’est un pouvoir normatif de nature législative que détient une collectivité autonome pour légiférer dans des compétences qui lui sont transférées. Ses lois territoriales font l’objet d’un contrôle de constitutionnalité par le juge constitutionnel. La Constitution confère le statut d’autonomie et le consacre. Le transfert de compétences fiscales reste juxtaposé à des efforts de péréquation et des subventions de l’État et de l’Union européenne. On n’est donc pas dans une logique du tout ou rien, comme certains le disent !
- Le ministre estime que la CDC n’utilise pas à plein toutes ses compétences. N’est-ce pas une forme de marche arrière ?
- C’est un argument récurrent qui peut être utilisé de bonne foi par certains, et avec une intention maligne par d’autres. Nous n’avons rien à craindre du débat, sur ce point comme sur tous les autres.
- Deux sujets étaient à l’ordre du jour : le modèle économique et social, le matin, et une première présentation des systèmes d’autonomie en droit comparé, l’après-midi. Pour le premier, nous avons proposé une méthodologie visant à l’efficacité et l’opérationnalité. A savoir, un diagnostic, si possible partagé, du système économique et social insulaire, dans ses atouts comme dans ses faiblesses et ses limites. Une méthode de travail impliquant la société civile, à travers notamment le CESEC, mais aussi les institutions consulaires, les syndicats et organisations professionnelles et l’ensemble des forces vives. Des objectifs principaux à atteindre sur le court, moyen et long terme et les moyens à mettre en œuvre pour y parvenir. J’ai également demandé, dans un souci de symétrie entre les parties, que tous les chiffres et données en possession de l’Etat et relatifs à la balance des paiements, aux flux entrants et sortants, notamment dans le domaine fiscal, soient communiqués à la délégation corse. Cela a été acté sur le principe.
- Que retenez-vous de cette journée ?
- Ce fut une journée globalement constructive et positive pour plusieurs raisons. D’abord, dans la présentation aussi bien des données économiques et sociales que dans la comparaison avec le statut d’autonomie des îles européennes, le ministre, les membres de sa délégation et les services de l’État ont été objectifs et honnêtes intellectuellement. Gérald Darmanin a très clairement reconnu que la Corse ne coûtait pas cher à l’État, qu’il n’y avait pas de transferts sociaux massifs vers l’île. C’est un premier signe. Il a aussi répondu de façon positive sur les garanties que je lui ai demandé sur les dossiers urgents. On ne peut pas travailler sur un processus à 18 mois sans des concrétisations qui prouvent la bonne foi et la volonté d’avancer, notamment sur la loi sur le pouvoir d’achat, la prime carburant, et sur nos demandes d’adaptation législatives et réglementaires qui restent sans réponse. Le ministre a convenu de retravailler ces sujets dans les jours à venir dans la perspective de la loi de finances de fin d’année. Je lui ai également demandé une réunion de travail dans la semaine pour essayer de dénouer le problème du crédit d’impôt investissement dans le domaine hôtelier, il en a acté le principe. Enfin sur l’indemnité de transport où les négociations paritaires piétinent depuis 24 mois, je lui ai dit qu’il était urgent au plan social que cette mesure entre en vigueur et qu’il fallait trouver les moyens de débloquer la situation. Il en a convenu aussi. Ce sont des signes concrets, nous verrons, dans les semaines à venir, si les discussions débouchent sur des décisions.
- Gérald Darmanin vous a demandé des propositions pour « muscler » l'économie de l'île ?
- Oui. Nous avons prévu de nous revoir et de faire des réunions de travail. J’ai insisté sur la nécessité d’impliquer l’ensemble des forces vives, insisté sur l’urgence de la question sociale et sur le fait qu’on ne pouvait pas déconnecter l’économique du social. La Corse a besoin, à la fois, d’un système productif, générateur de richesse, mais aussi de justice et de solidarité sociale. L’augmentation du prix du pain, de l’énergie, et des matières premières retentissent lourdement sur les ménages ou les entreprises insulaires. Il faut y intégrer l’enjeu du réchauffement climatique, donc poser une méthodologie. Nous devons définir des grands objectifs et les moyens de les atteindre. Nous devons penser global et agir local, en connectant et intégrant notre action aux flux positifs, en France, en Europe, en Méditerranée, dans le monde, qui visent à rendre ce monde vivable et soutenable. C’est donc bien la totalité de notre modèle que nous devons repenser. Ce sera le travail des semaines à venir.
- La journée s’est poursuivie avec la présentation d’autres statuts d’autonomie. Qu’en est-il ressorti ?
- La présentation des statuts d’autonomie de six îles méditerranéennes ou atlantiques - les Açores, les Canaries, les Baléares, la Sicile, la Sardaigne et la Crête - ne pouvait que confirmer ce que nous savons depuis longtemps : des dizaines de millions de citoyens européens vivent au quotidien, de façon apaisée et heureuse, une autonomie de plein droit et de plein exercice. C’est notamment le cas de tous les insulaires. Cette présentation a donné une définition claire de l'autonomie. C’est un pouvoir normatif de nature législative que détient une collectivité autonome pour légiférer dans des compétences qui lui sont transférées. Ses lois territoriales font l’objet d’un contrôle de constitutionnalité par le juge constitutionnel. La Constitution confère le statut d’autonomie et le consacre. Le transfert de compétences fiscales reste juxtaposé à des efforts de péréquation et des subventions de l’État et de l’Union européenne. On n’est donc pas dans une logique du tout ou rien, comme certains le disent !
- Le ministre estime que la CDC n’utilise pas à plein toutes ses compétences. N’est-ce pas une forme de marche arrière ?
- C’est un argument récurrent qui peut être utilisé de bonne foi par certains, et avec une intention maligne par d’autres. Nous n’avons rien à craindre du débat, sur ce point comme sur tous les autres.
Les relations avec l'opposition
- L’opposition dénonce un manque de préparation et une absence de discussions entre élus corses en amont. Les positions sont-elles compliquées à concilier ?
- J’ai, dès mon élection en décembre 2015 et à chaque occasion depuis, plaidé pour l’ouverture d’un processus de dialogue entre la Corse et l’Etat. J’ai dit également que pour prendre toute sa dimension, ce processus devait impliquer l’ensemble des élus, des forces politiques et la société corse, diaspora comprise. Enfin, le Conseil exécutif a toujours travaillé à la recherche de la plus grande convergence possible en vue de faire triompher l’intérêt de la Corse et des Corses. Que ce soit concernant le combat pour la prolongation du régime fiscal spécifique dit des arrêtés Miot en 2017, les votes unanimes pour le rapprochement et la libération des prisonniers politiques, le consensus recherché et trouvé sur la Loi sur le pouvoir d’achat au début de l’été... Ceci étant, la nécessaire convergence, chaque fois que possible, ne se confond pas avec le consensus mou, et encore moins avec le renoncement à ses convictions et à ce que l’on considère essentiel. Il y a, en Corse, des opinions politiques différentes et quelquefois opposées : c’est normal et salutaire. Ce pluralisme politique doit être assumé dans le respect de la démocratie qui est, aussi et avant tout, la prise en compte du suffrage universel. Les Corses se sont exprimés par trois fois, et, à chaque fois, plus massivement. Ils ont donné à la liste Fà Populu Inseme, que j’ai conduite, une majorité absolue, et choisi, pour près de 70% des suffrages exprimés, des listes nationalistes. Cette réalité-là est fondamentale et doit être prise en compte par Paris.
- Avec vos anciens alliés nationalistes qui restent très critiques, les relations ne sont pas apaisées. Comment construire une solution politique globale dans ces conditions ?
- Les critiques sont de nature et d’intensité différentes. Nous avons des relations apaisées et constructives avec beaucoup de nationalistes qui n’appartiennent pas à la majorité territoriale, même si nous ne sommes pas d’accord sur tout. L’objectif est d’installer au plus vite cette qualité de relation avec l’ensemble des nationalistes. Nous avons des différences, et même des désaccords, dont certains tiennent à des choses essentielles : c’est bien cela qui a conduit à la fin de la coalition qui était aux responsabilités entre 2015 et 2021. Il faut traiter ces désaccords de façon politique et dans le respect des personnes, et porter ensemble une vision commune dans le cadre du processus chaque fois que cela est possible. Nous avons proposé aux autres forces nationalistes de travailler en commun sur les différents points d’une solution politique globale à proposer à l’Etat, y compris sur la vision de l’autonomie de plein droit et de plein exercice. Ce travail en commun doit se mettre en place et s’accélérer dans les semaines à venir. La Présidente de l’Assemblée de Corse et moi-même ferons de nouvelles propositions de méthode à cet égard.
- Core in Fronte discute avec le PNC. Des rumeurs vous prêtent des discussions avec Corsica Libera, sont-elles fondées ?
- Je pense que toutes les organisations nationalistes doivent discuter entre elles. Et qu’au-delà des relations de structures et des rapports institutionnels, nous savons nous parler lorsque nous le souhaitons. Cela me semble indispensable…
- Gérald Darmanin joue à fond sur ces controverses insulaires pour éloigner le spectre de l’autonomie. Est-ce du pain béni pour le gouvernement ?
- L’Etat français, par son histoire, sa nature et son expérience coloniale, a une culture transhistorique profonde de la gestion des conflits politiques et de la façon d’affaiblir les revendications. Entretenir, voire susciter les divisions est une méthode récurrente et éprouvée, qui a été appliquée, par exemple, en Algérie, comme dans toutes les colonies, y compris en Corse pour des conséquences tragiques dans la période contemporaine. Nous l’avons tous à l’esprit. Ces pièges seront évités si, d’aventure, il existait, dans les recoins de l’Etat profond, des lobbys ou officines tentés par ce genre de pratiques. Je veux aussi avoir confiance dans l’Etat, au plus haut niveau, pour choisir clairement le dialogue, le respect du fait démocratique et la volonté partagée d’aboutir.
- Vous semblez néanmoins sceptique sur la volonté du gouvernement d’aboutir. Alors pourquoi vous engager dans un cycle dont vous préjugez l’échec ?
- Je ne préjuge absolument pas de l’échec ! Au contraire, je pense fermement qu’il est du devoir de tous, en Corse, comme à Paris, de tout faire pour le processus réussisse. J’ai salué publiquement l’esprit d’ouverture et la loyauté de Gérald Darmanin, ainsi que la qualité des relations entretenues par la Collectivité de Corse avec le nouveau Préfet de Corse, Amaury de Saint-Quentin. Simplement, pour l’instant, rien ne permet de dire avec certitude que l’Etat a irréversiblement fait le choix de s’engager dans la recherche et la mise en œuvre d’une solution politique globale. Après les évènements tragiques qu’a connu la Corse en mars dernier, il est essentiel que des signes publics forts soient donnés dans deux domaines : l’exigence de vérité et de justice pour Yvan Colonna, et la libération de Pierre Alessandri et d’Alain Ferrandi. Tout le monde reconnaît, y compris à Paris, qu’après 24 ans d’emprisonnement, leur maintien en détention, alors qu’ils sont accessibles à la libération conditionnelle depuis 6 ans, est incompréhensible. Nous avons été saisis par l’avocat de la famille d’Alain Ferrandi au sujet du report de sa date d’audiencement pour sa demande de libération conditionnelle. Même si ce n'était pas à l'ordre du jour de la réunion, j’ai, de nouveau, soulevé ces questions et demandé que les choses soient traités normalement. Enfin, Le ministre nous a confirmé la tenue d’une révision constitutionnelle en 2024. Et annoncé que, dans les semaines ou les mois à venir, le Président de la République ferait part officiellement de sa position par rapport au processus.
- J’ai, dès mon élection en décembre 2015 et à chaque occasion depuis, plaidé pour l’ouverture d’un processus de dialogue entre la Corse et l’Etat. J’ai dit également que pour prendre toute sa dimension, ce processus devait impliquer l’ensemble des élus, des forces politiques et la société corse, diaspora comprise. Enfin, le Conseil exécutif a toujours travaillé à la recherche de la plus grande convergence possible en vue de faire triompher l’intérêt de la Corse et des Corses. Que ce soit concernant le combat pour la prolongation du régime fiscal spécifique dit des arrêtés Miot en 2017, les votes unanimes pour le rapprochement et la libération des prisonniers politiques, le consensus recherché et trouvé sur la Loi sur le pouvoir d’achat au début de l’été... Ceci étant, la nécessaire convergence, chaque fois que possible, ne se confond pas avec le consensus mou, et encore moins avec le renoncement à ses convictions et à ce que l’on considère essentiel. Il y a, en Corse, des opinions politiques différentes et quelquefois opposées : c’est normal et salutaire. Ce pluralisme politique doit être assumé dans le respect de la démocratie qui est, aussi et avant tout, la prise en compte du suffrage universel. Les Corses se sont exprimés par trois fois, et, à chaque fois, plus massivement. Ils ont donné à la liste Fà Populu Inseme, que j’ai conduite, une majorité absolue, et choisi, pour près de 70% des suffrages exprimés, des listes nationalistes. Cette réalité-là est fondamentale et doit être prise en compte par Paris.
- Avec vos anciens alliés nationalistes qui restent très critiques, les relations ne sont pas apaisées. Comment construire une solution politique globale dans ces conditions ?
- Les critiques sont de nature et d’intensité différentes. Nous avons des relations apaisées et constructives avec beaucoup de nationalistes qui n’appartiennent pas à la majorité territoriale, même si nous ne sommes pas d’accord sur tout. L’objectif est d’installer au plus vite cette qualité de relation avec l’ensemble des nationalistes. Nous avons des différences, et même des désaccords, dont certains tiennent à des choses essentielles : c’est bien cela qui a conduit à la fin de la coalition qui était aux responsabilités entre 2015 et 2021. Il faut traiter ces désaccords de façon politique et dans le respect des personnes, et porter ensemble une vision commune dans le cadre du processus chaque fois que cela est possible. Nous avons proposé aux autres forces nationalistes de travailler en commun sur les différents points d’une solution politique globale à proposer à l’Etat, y compris sur la vision de l’autonomie de plein droit et de plein exercice. Ce travail en commun doit se mettre en place et s’accélérer dans les semaines à venir. La Présidente de l’Assemblée de Corse et moi-même ferons de nouvelles propositions de méthode à cet égard.
- Core in Fronte discute avec le PNC. Des rumeurs vous prêtent des discussions avec Corsica Libera, sont-elles fondées ?
- Je pense que toutes les organisations nationalistes doivent discuter entre elles. Et qu’au-delà des relations de structures et des rapports institutionnels, nous savons nous parler lorsque nous le souhaitons. Cela me semble indispensable…
- Gérald Darmanin joue à fond sur ces controverses insulaires pour éloigner le spectre de l’autonomie. Est-ce du pain béni pour le gouvernement ?
- L’Etat français, par son histoire, sa nature et son expérience coloniale, a une culture transhistorique profonde de la gestion des conflits politiques et de la façon d’affaiblir les revendications. Entretenir, voire susciter les divisions est une méthode récurrente et éprouvée, qui a été appliquée, par exemple, en Algérie, comme dans toutes les colonies, y compris en Corse pour des conséquences tragiques dans la période contemporaine. Nous l’avons tous à l’esprit. Ces pièges seront évités si, d’aventure, il existait, dans les recoins de l’Etat profond, des lobbys ou officines tentés par ce genre de pratiques. Je veux aussi avoir confiance dans l’Etat, au plus haut niveau, pour choisir clairement le dialogue, le respect du fait démocratique et la volonté partagée d’aboutir.
- Vous semblez néanmoins sceptique sur la volonté du gouvernement d’aboutir. Alors pourquoi vous engager dans un cycle dont vous préjugez l’échec ?
- Je ne préjuge absolument pas de l’échec ! Au contraire, je pense fermement qu’il est du devoir de tous, en Corse, comme à Paris, de tout faire pour le processus réussisse. J’ai salué publiquement l’esprit d’ouverture et la loyauté de Gérald Darmanin, ainsi que la qualité des relations entretenues par la Collectivité de Corse avec le nouveau Préfet de Corse, Amaury de Saint-Quentin. Simplement, pour l’instant, rien ne permet de dire avec certitude que l’Etat a irréversiblement fait le choix de s’engager dans la recherche et la mise en œuvre d’une solution politique globale. Après les évènements tragiques qu’a connu la Corse en mars dernier, il est essentiel que des signes publics forts soient donnés dans deux domaines : l’exigence de vérité et de justice pour Yvan Colonna, et la libération de Pierre Alessandri et d’Alain Ferrandi. Tout le monde reconnaît, y compris à Paris, qu’après 24 ans d’emprisonnement, leur maintien en détention, alors qu’ils sont accessibles à la libération conditionnelle depuis 6 ans, est incompréhensible. Nous avons été saisis par l’avocat de la famille d’Alain Ferrandi au sujet du report de sa date d’audiencement pour sa demande de libération conditionnelle. Même si ce n'était pas à l'ordre du jour de la réunion, j’ai, de nouveau, soulevé ces questions et demandé que les choses soient traités normalement. Enfin, Le ministre nous a confirmé la tenue d’une révision constitutionnelle en 2024. Et annoncé que, dans les semaines ou les mois à venir, le Président de la République ferait part officiellement de sa position par rapport au processus.
Les perspectives sur la question de l'énergie et des carburants
- La flambée du prix de l’électricité, du gaz et des carburants seront les deux soucis majeurs des Corses à l’automne. Que deviennent vos demandes à Paris ?
- Dans le domaine du prix du carburant, comme dans celui plus général de l’adaptation des mesures relatives au pouvoir d’achat, les travaux de la Conférence sociale et les votes de l’Assemblée de Corse, y compris à l’unanimité et soutenus par les parlementaires, sont restés sans réponse positive du gouvernement. C’est bien sûr un très mauvais signal et un élément d’inquiétude au moment où s’ouvre le processus. Le coût de la vie, et plus généralement la question sociale, restent, pour nous, des préoccupations essentielles. Nous allons effectuer un inventaire des aides annoncées par le gouvernement et de leur impact économique sur les ménages corses. Malgré le maintien du bouclier tarifaire - hausse maximale de 15% - et le renouvellement du chèque énergie pour les ménages les plus modestes, nous pouvons craindre une augmentation de la facture énergétique d'environ 20 € par mois. Ce n'est pas sans impact sur le budget des ménages corses déjà fortement impacté par l’inflation et les prix élevés des carburants et des produits de consommation courante. Nous allons proposer, une nouvelle fois, au gouvernement d'adapter ces dispositifs de soutien aux problématiques de l'île dans le cadre du processus de discussion avec l'Etat. Les aides, qu’il propose, seront indispensables dans le contexte énergétique actuel particulièrement tendu, mais non suffisantes pour répondre à la problématique de façon pérenne.
- L’approvisionnement énergétique reste un point noir dans l’île. Où en est-on de la PPE (Programmation pluriannuelle de l’énergie) ?
- Notre objectif reste de construire une Corse autonome résiliente sur la question énergétique en massifiant les ENR (Energies nouvelles renouvelables) d'une part, et en maitrisant la demande en énergie d'autre part. Cela passe aussi par une énergie de transition, indispensable pour accompagner la montée en charge des ENR, et qui devait être le gaz. L’Etat nous a indiqué que l’appel d’offres, qu’il a mené, était infructueux et qu’un nouvel appel d’offres avait toutes les chances de le rester. Il propose, donc, de remplacer le gaz par le biocarburant. Nous avons demandé des précisions et des garanties au plan environnemental, technique et social. Nous souhaitons également, dans cette hypothèse, que les coûts évités en matière d’investissement - 400 à 500 millions € - soient réinvestis dans la transition énergétique au profit d’abord des plus démunis. A titre d’exemple, une opération de rénovation d’un logement permet de réduire la facture mensuelle d’un ménage d’environ 80 à 100 € par mois. Lorsque nous aurons tous ces éléments, le Conseil exécutif saisira le CEAC, instance consultative, et l’Assemblée de Corse, qui décidera. Il y a urgence, pour deux raisons : d’abord parce qu’il faut fermer le Vaziu, et donc décider comment sera alimentée la nouvelle centrale du Ricantu. Ensuite, parce que la Corse doit écarter tout risque de blackout.
- Côté prix des carburants, vous êtes intervenus, à la demande de la société Ferrandi, sur la concurrence qui l’oppose à Total et Vito. Est-ce pertinent ?
- Le rôle de la Collectivité de Corse n’est pas d’intervenir en faveur de tel ou tel acteur. Mais la situation actuelle est porteuse d’un double danger. Une remise de 20 centimes a été négociée par le gouvernement avec le groupe Total qui a, en contrepartie, échappé à toute taxe sur les superprofits. Le groupe Vito s’est aligné sur cette remise. Mais le groupe Ferrandi, société insulaire en contrat avec Esso, d’une taille infiniment plus modeste que ses deux concurrents, n’a absolument pas les moyens de la mettre en œuvre. Conséquence : la disparition inéluctable d’une entreprise corse et de ses salariés, et l’effondrement en chaîne des 36 stations à l’enseigne Esso, de leurs exploitants et salariés. Nous avons également été saisis par une dizaine d’entreprises de grossistes et détaillants de carburants indépendants, qui emploient près de cent personnes, elles ne bénéficient pas de ces remises chez leurs fournisseurs et risquent également de disparaitre. Ce n’est pas admissible ! Et ce d’autant mieux, deuxième effet pervers, que cette disparition conduira à un renforcement de la concentration dans un secteur qui présente déjà une situation de monopole de Ruby sur l’approvisionnement. J’ai signifié à Bruno Le Maire et Gérald Darmanin la nécessité d’une réponse conjoncturelle : obliger Esso à pratiquer la même remise de 20 centimes. Et une réponse structurelle : mettre un terme définitif au surcoût carburant à la pompe en Corse. Le gouvernement est saisi, depuis octobre 2021, d’une demande d’adaptation législative et réglementaire qui propose diverses mesures permettant d’atteindre cet objectif. Comme dans des dizaines de demandes d’adaptation portées par l’Assemblée de Corse depuis 2002, le gouvernement n’a pas répondu. Ce « mépris institutionnel », selon la formule de la Professeure Mastor, est un argument supplémentaire en faveur d’un véritable statut d’autonomie.
- Dans le domaine du prix du carburant, comme dans celui plus général de l’adaptation des mesures relatives au pouvoir d’achat, les travaux de la Conférence sociale et les votes de l’Assemblée de Corse, y compris à l’unanimité et soutenus par les parlementaires, sont restés sans réponse positive du gouvernement. C’est bien sûr un très mauvais signal et un élément d’inquiétude au moment où s’ouvre le processus. Le coût de la vie, et plus généralement la question sociale, restent, pour nous, des préoccupations essentielles. Nous allons effectuer un inventaire des aides annoncées par le gouvernement et de leur impact économique sur les ménages corses. Malgré le maintien du bouclier tarifaire - hausse maximale de 15% - et le renouvellement du chèque énergie pour les ménages les plus modestes, nous pouvons craindre une augmentation de la facture énergétique d'environ 20 € par mois. Ce n'est pas sans impact sur le budget des ménages corses déjà fortement impacté par l’inflation et les prix élevés des carburants et des produits de consommation courante. Nous allons proposer, une nouvelle fois, au gouvernement d'adapter ces dispositifs de soutien aux problématiques de l'île dans le cadre du processus de discussion avec l'Etat. Les aides, qu’il propose, seront indispensables dans le contexte énergétique actuel particulièrement tendu, mais non suffisantes pour répondre à la problématique de façon pérenne.
- L’approvisionnement énergétique reste un point noir dans l’île. Où en est-on de la PPE (Programmation pluriannuelle de l’énergie) ?
- Notre objectif reste de construire une Corse autonome résiliente sur la question énergétique en massifiant les ENR (Energies nouvelles renouvelables) d'une part, et en maitrisant la demande en énergie d'autre part. Cela passe aussi par une énergie de transition, indispensable pour accompagner la montée en charge des ENR, et qui devait être le gaz. L’Etat nous a indiqué que l’appel d’offres, qu’il a mené, était infructueux et qu’un nouvel appel d’offres avait toutes les chances de le rester. Il propose, donc, de remplacer le gaz par le biocarburant. Nous avons demandé des précisions et des garanties au plan environnemental, technique et social. Nous souhaitons également, dans cette hypothèse, que les coûts évités en matière d’investissement - 400 à 500 millions € - soient réinvestis dans la transition énergétique au profit d’abord des plus démunis. A titre d’exemple, une opération de rénovation d’un logement permet de réduire la facture mensuelle d’un ménage d’environ 80 à 100 € par mois. Lorsque nous aurons tous ces éléments, le Conseil exécutif saisira le CEAC, instance consultative, et l’Assemblée de Corse, qui décidera. Il y a urgence, pour deux raisons : d’abord parce qu’il faut fermer le Vaziu, et donc décider comment sera alimentée la nouvelle centrale du Ricantu. Ensuite, parce que la Corse doit écarter tout risque de blackout.
- Côté prix des carburants, vous êtes intervenus, à la demande de la société Ferrandi, sur la concurrence qui l’oppose à Total et Vito. Est-ce pertinent ?
- Le rôle de la Collectivité de Corse n’est pas d’intervenir en faveur de tel ou tel acteur. Mais la situation actuelle est porteuse d’un double danger. Une remise de 20 centimes a été négociée par le gouvernement avec le groupe Total qui a, en contrepartie, échappé à toute taxe sur les superprofits. Le groupe Vito s’est aligné sur cette remise. Mais le groupe Ferrandi, société insulaire en contrat avec Esso, d’une taille infiniment plus modeste que ses deux concurrents, n’a absolument pas les moyens de la mettre en œuvre. Conséquence : la disparition inéluctable d’une entreprise corse et de ses salariés, et l’effondrement en chaîne des 36 stations à l’enseigne Esso, de leurs exploitants et salariés. Nous avons également été saisis par une dizaine d’entreprises de grossistes et détaillants de carburants indépendants, qui emploient près de cent personnes, elles ne bénéficient pas de ces remises chez leurs fournisseurs et risquent également de disparaitre. Ce n’est pas admissible ! Et ce d’autant mieux, deuxième effet pervers, que cette disparition conduira à un renforcement de la concentration dans un secteur qui présente déjà une situation de monopole de Ruby sur l’approvisionnement. J’ai signifié à Bruno Le Maire et Gérald Darmanin la nécessité d’une réponse conjoncturelle : obliger Esso à pratiquer la même remise de 20 centimes. Et une réponse structurelle : mettre un terme définitif au surcoût carburant à la pompe en Corse. Le gouvernement est saisi, depuis octobre 2021, d’une demande d’adaptation législative et réglementaire qui propose diverses mesures permettant d’atteindre cet objectif. Comme dans des dizaines de demandes d’adaptation portées par l’Assemblée de Corse depuis 2002, le gouvernement n’a pas répondu. Ce « mépris institutionnel », selon la formule de la Professeure Mastor, est un argument supplémentaire en faveur d’un véritable statut d’autonomie.
La gestion des déchets : une priorité absolue
- Le dossier des déchets n’est toujours pas réglé. Faut-il s’attendre à une autre crise dans les mois à venir ?
- Nous ne sommes pas tirés d’affaire et la situation actuelle continue d’être insupportable et inquiétante pour les citoyens, élus et territoires de Prunelli di Fium’Orbu et Vighjaneddu. Elle est incertaine budgétairement pour de nombreuses intercommunalités confrontées à l’explosion des coûts du Syvadec, et insatisfaisante par rapport à notre objectif stratégique : construire un système de gestion des déchets vertueux écologiquement, équilibré économiquement et dans lequel la prééminence de l’intérêt général est garanti par la maîtrise publique. Mais des signes forts et tangibles permettent d’entrevoir le bout du tunnel : le très large soutien de la Commission de consultation, d’évaluation et de suivi - dans laquelle tous les acteurs publics et associatifs sont représentés - au projet de plan proposé par le Conseil exécutif de Corse, l’avis favorable de l’Etat qu’a laissé entrevoir publiquement le Préfet de Corse, la mobilisation citoyenne et politique en faveur d’actions et de projets validés par le projet de plan. Dès la session des 29 et 30 septembre de l’Assemblée de Corse, le Président de l’Office de l’Environnement présentera au vote la convention-cadre dans laquelle s’inscriront toutes les conventions à signer avec les intercommunalités, et prévoyant que celles-ci généralisent le tri à la source, proposent des terrains pour des stations de compostage, voire des centres de stockage, en contrepartie d’un soutien financier de la Collectivité de Corse pouvant aller jusqu’à 80% du financement du projet. L’Etat, à travers l’ADEME, et le Syvadec seront aussi parties prenantes de ces conventions. C’est la matérialisation d’un travail de fond mené depuis trois ans, dans la continuité de ce qui avait été fait par Agnès Simonpietri et François Sargentini.
- Pensez-vous qu’elles aboutiront enfin ?
- Je pense sincèrement que c’est un pas important qui impulsera une dynamique nouvelle. Si les élus des territoires et les citoyens ont des gages concrets que le tri avance de façon irréversible, que la valorisation se fait dans des conditions écologiquement acceptables, et que le stockage des déchets résiduels s’effectue dans des conditions sécurisées et à travers une mutualisation de l’effort, nous sortirons de la logique de crise, y compris pour la période transitoire, qui doit être la plus courte possible. Enfin, dernier étage de la fusée, j’ai demandé et obtenu de Gérald Darmanin, lors de la rencontre de juillet dernier, que le dossier des déchets soit érigé en priorité absolue et en marqueur d’avancées concrètes. Une réunion se tiendra dans la première quinzaine du mois d’octobre avec le gouvernement et le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu. Je l’ai rencontré à Paris en ma qualité de Président de la Commission « Transition écologique » de Régions de France. J’en ai profité pour évoquer la problématique de la Corse, notamment celle des déchets. Il s’est montré ouvert, attentif et désireux de contribuer à résoudre le problème.
- Nous ne sommes pas tirés d’affaire et la situation actuelle continue d’être insupportable et inquiétante pour les citoyens, élus et territoires de Prunelli di Fium’Orbu et Vighjaneddu. Elle est incertaine budgétairement pour de nombreuses intercommunalités confrontées à l’explosion des coûts du Syvadec, et insatisfaisante par rapport à notre objectif stratégique : construire un système de gestion des déchets vertueux écologiquement, équilibré économiquement et dans lequel la prééminence de l’intérêt général est garanti par la maîtrise publique. Mais des signes forts et tangibles permettent d’entrevoir le bout du tunnel : le très large soutien de la Commission de consultation, d’évaluation et de suivi - dans laquelle tous les acteurs publics et associatifs sont représentés - au projet de plan proposé par le Conseil exécutif de Corse, l’avis favorable de l’Etat qu’a laissé entrevoir publiquement le Préfet de Corse, la mobilisation citoyenne et politique en faveur d’actions et de projets validés par le projet de plan. Dès la session des 29 et 30 septembre de l’Assemblée de Corse, le Président de l’Office de l’Environnement présentera au vote la convention-cadre dans laquelle s’inscriront toutes les conventions à signer avec les intercommunalités, et prévoyant que celles-ci généralisent le tri à la source, proposent des terrains pour des stations de compostage, voire des centres de stockage, en contrepartie d’un soutien financier de la Collectivité de Corse pouvant aller jusqu’à 80% du financement du projet. L’Etat, à travers l’ADEME, et le Syvadec seront aussi parties prenantes de ces conventions. C’est la matérialisation d’un travail de fond mené depuis trois ans, dans la continuité de ce qui avait été fait par Agnès Simonpietri et François Sargentini.
- Pensez-vous qu’elles aboutiront enfin ?
- Je pense sincèrement que c’est un pas important qui impulsera une dynamique nouvelle. Si les élus des territoires et les citoyens ont des gages concrets que le tri avance de façon irréversible, que la valorisation se fait dans des conditions écologiquement acceptables, et que le stockage des déchets résiduels s’effectue dans des conditions sécurisées et à travers une mutualisation de l’effort, nous sortirons de la logique de crise, y compris pour la période transitoire, qui doit être la plus courte possible. Enfin, dernier étage de la fusée, j’ai demandé et obtenu de Gérald Darmanin, lors de la rencontre de juillet dernier, que le dossier des déchets soit érigé en priorité absolue et en marqueur d’avancées concrètes. Une réunion se tiendra dans la première quinzaine du mois d’octobre avec le gouvernement et le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu. Je l’ai rencontré à Paris en ma qualité de Président de la Commission « Transition écologique » de Régions de France. J’en ai profité pour évoquer la problématique de la Corse, notamment celle des déchets. Il s’est montré ouvert, attentif et désireux de contribuer à résoudre le problème.
L'enjeu de l'eau : 200 millions € d’investissements sur 10 ans
- L’eau est une question majeure. Pourquoi n’appliquez-vous pas le Plan Acqua Nostra ?
- Rappelons d’abord d’où nous venons ! De 2002 à 2017, environ 2 milliards € d’opérations ont été programmés pour une réalisation effective à fin 2023. Sur les trois premières conventions du PEI, des choix stratégiques ont étés opérés, mais le montant des opérations financées avant notre accès aux responsabilités était très faible : 55 millions € sur l’eau brute et 320 millions € sur l’eau potable et l’assainissement. Cela n’a pas permis de réaliser des opérations structurantes et de rattraper notre retard infrastructurel. Dès décembre 2015, j’ai choisi, pour le reliquat du PEI, d’orienter des fonds vers le domaine stratégique de l’eau brute, sur notamment le surpresseur de Tagliu Isulacciu, mais aussi vers d’autres infrastructures de transfert de territoires excédentaires vers des territoires déficitaires. Le plan Acqua Nostra 2050 nous a offert une vision globale des infrastructures envisageables sur l’intégralité du territoire, mais il s’agissait d’un programme complet à 30 ans, non financé, évalué lors de son élaboration en 2020 à 600 millions €, mais qui aujourd’hui couterait bien plus. L’accélération du changement climatique nous a conduit à accélérer le pas depuis juin 2021et à définir les besoins et les priorités sur une échelle de temps plus courte pour une mise en opérationnalité sur la période 2022-2033. Nous allons donc mettre en œuvre un programme de 200 millions € d’investissements sur 10 ans comprenant des rehausses d’ouvrages existants, des créations de nouvelles retenues collinaires dans les territoires vulnérables du point de vue de la ressource, et un travail avec les territoires pour organiser le partage de la ressource et la réalisation de petites retenues collinaires adaptées à ces territoires. Ces deux actions se prolongent par un renforcement de la lutte contre la déperdition d’eau et la promotion de nouveaux usages, aussi bien pour l’eau brute et l’agriculture que pour l’eau potable et l’assainissement.
- Vous martelez la nécessité de l’adaptation au changement climatique. Quelles politiques comptez-vous mettre en œuvre ?
- La gravité du problème impose désormais un changement majeur de paradigme dans tous les domaines : gestion de l’eau et des ressources naturelles, transformations profondes du modèle économique, impact sur les transports maritimes, aériens, ferroviaires et routiers, autonomie alimentaire, transition énergétique et écologique… le chantier est immense. Il faut nous y engager avec détermination. Cet impératif d’intégration de l’exigence de lutte contre le réchauffement climatique va désormais irriguer toutes les politiques publiques et contribuer à en dessiner les contours. Cela se verra clairement dans les mois à venir, y compris en termes de présentation de nos choix politiques et budgétaires. La prégnance de cet enjeu doit également, à mon avis, se concrétiser dans l’organisation administrative de la Collectivité de Corse. Ce point sera abordé dans le cadre des discussions en cours sur l’évolution de l’organigramme, qui impliquent bien évidemment les organisations syndicales.
- L’opposition affirme que c’est presque indécent dans ce contexte-là de parler d’autonomie et qu’elle ne résoudra rien. Que lui répondez-vous ?
- C’est bien parce que la situation est critique et complexe que nous devons être collectivement à la hauteur des enjeux et apporter des solutions de court, moyen et long terme. L’argument consistant à opposer les problématiques du quotidien et l’aspiration à l’autonomie me laisse rêveur ! Le droit commun a-t-il permis, depuis des décennies, la résolution des problèmes essentiels qui conditionnent la vie des Corses, comme le prix de l’essence, la spéculation immobilière, les contraintes pesant sur l’économie du fait de l’insularité, le prix de la vie, le déclin de l’intérieur, les difficultés de l’agriculture ? La réponse est non !
Propos recueillis par Nicole MARI.
- Rappelons d’abord d’où nous venons ! De 2002 à 2017, environ 2 milliards € d’opérations ont été programmés pour une réalisation effective à fin 2023. Sur les trois premières conventions du PEI, des choix stratégiques ont étés opérés, mais le montant des opérations financées avant notre accès aux responsabilités était très faible : 55 millions € sur l’eau brute et 320 millions € sur l’eau potable et l’assainissement. Cela n’a pas permis de réaliser des opérations structurantes et de rattraper notre retard infrastructurel. Dès décembre 2015, j’ai choisi, pour le reliquat du PEI, d’orienter des fonds vers le domaine stratégique de l’eau brute, sur notamment le surpresseur de Tagliu Isulacciu, mais aussi vers d’autres infrastructures de transfert de territoires excédentaires vers des territoires déficitaires. Le plan Acqua Nostra 2050 nous a offert une vision globale des infrastructures envisageables sur l’intégralité du territoire, mais il s’agissait d’un programme complet à 30 ans, non financé, évalué lors de son élaboration en 2020 à 600 millions €, mais qui aujourd’hui couterait bien plus. L’accélération du changement climatique nous a conduit à accélérer le pas depuis juin 2021et à définir les besoins et les priorités sur une échelle de temps plus courte pour une mise en opérationnalité sur la période 2022-2033. Nous allons donc mettre en œuvre un programme de 200 millions € d’investissements sur 10 ans comprenant des rehausses d’ouvrages existants, des créations de nouvelles retenues collinaires dans les territoires vulnérables du point de vue de la ressource, et un travail avec les territoires pour organiser le partage de la ressource et la réalisation de petites retenues collinaires adaptées à ces territoires. Ces deux actions se prolongent par un renforcement de la lutte contre la déperdition d’eau et la promotion de nouveaux usages, aussi bien pour l’eau brute et l’agriculture que pour l’eau potable et l’assainissement.
- Vous martelez la nécessité de l’adaptation au changement climatique. Quelles politiques comptez-vous mettre en œuvre ?
- La gravité du problème impose désormais un changement majeur de paradigme dans tous les domaines : gestion de l’eau et des ressources naturelles, transformations profondes du modèle économique, impact sur les transports maritimes, aériens, ferroviaires et routiers, autonomie alimentaire, transition énergétique et écologique… le chantier est immense. Il faut nous y engager avec détermination. Cet impératif d’intégration de l’exigence de lutte contre le réchauffement climatique va désormais irriguer toutes les politiques publiques et contribuer à en dessiner les contours. Cela se verra clairement dans les mois à venir, y compris en termes de présentation de nos choix politiques et budgétaires. La prégnance de cet enjeu doit également, à mon avis, se concrétiser dans l’organisation administrative de la Collectivité de Corse. Ce point sera abordé dans le cadre des discussions en cours sur l’évolution de l’organigramme, qui impliquent bien évidemment les organisations syndicales.
- L’opposition affirme que c’est presque indécent dans ce contexte-là de parler d’autonomie et qu’elle ne résoudra rien. Que lui répondez-vous ?
- C’est bien parce que la situation est critique et complexe que nous devons être collectivement à la hauteur des enjeux et apporter des solutions de court, moyen et long terme. L’argument consistant à opposer les problématiques du quotidien et l’aspiration à l’autonomie me laisse rêveur ! Le droit commun a-t-il permis, depuis des décennies, la résolution des problèmes essentiels qui conditionnent la vie des Corses, comme le prix de l’essence, la spéculation immobilière, les contraintes pesant sur l’économie du fait de l’insularité, le prix de la vie, le déclin de l’intérieur, les difficultés de l’agriculture ? La réponse est non !
Propos recueillis par Nicole MARI.