Dérives mafieuses : à quoi va ressembler la session de l'Assemblée de Corse ?

La journée tant attendue devient enfin concrète. Réclamée par les deux collectifs insulaires, "Massimu Susini" - assassiné en 2019 -  et "Maffia No', a Vita iè" depuis des mois, la session extraordinaire de l'Assemblée de Corse consacrée aux dérives mafieuses et promise cet été par Gilles Simeoni se déroulera demain.

A cette occasion, le déroulé de ce jour particulier a été dévoilé par la Conférence des Présidents qui réunit Marie-Antoinette Maupertuis, présidente de l'Assemblée de Corse, Gilles Simeoni, président du Conseil exécutif de Corse et les présidents des groupes politiques : Jean Biancucci (Fa Populu Inseme), Paul-Félix Benedetti (Core in Fronte), Julia Tiberi représentant Jean-Christophe Angelini (PNC-Avanzemu) et malgré son absence, Jean-Martin Mondoloni (U Soffi Novu), qui s'y est associé.

Tous se sont accordés avec les mots du président du Conseil exécutif de Corse : "il est important, indispensable et même essentiel que cette session se tienne." Fier de "mettre des mots sur ce que nous vivons et craignons", Gilles Simeoni en a profité pour rappeler que "quoiqu'on en dise, il n'y avait absolument aucune volonté de différer ce point de rendez-vous mais que les problèmes de calendrier se sont succédé."

La matinée sera consacrée au débat général, qui s'ouvrira aux environs de 10h30 pour une durée légèrement supérieure à deux heures. "Les collectifs anti-mafia, les parties prenantes, les parlementaires, les conseils consultatifs de Corse ont été invités à y participer, déclare Marie-Antoinette Maupertuis. La parole sera donnée à tous les groupes et, s'agissant d'un sujet de grande importance, les temps de parole seront doublés."

Ceux-ci resteront proportionnels à la taille de chaque groupe, mais passeront d'environ dix à vingt minutes maximum pour Avanzemu et Core in Fronte, à trente pour U Soffi Novu et à quarante pour Fa Populu Inseme. Josepha Giacometti, la conseillère exécutive non inscrite, y participera et aura un temps de parole qui passera d'environ trois à six minutes. Elle sera également présente l'après-midi, à partir de 14 heures, pour la Commission permanente de l'Assemblée de Corse qui se réunira avec tous les groupes représentés de manière proportionnelle, ainsi que les personnalités, collectifs et associations auditionnés.

L'État, qui a toujours décliné les invitations, a de nouveau été interrogé sur sa participation, en vain. "Dans un courrier datant du 28 octobre dernier, le préfet de Corse a dit son intérêt pour la problématique tout en ne souhaitant pas participer aux travaux, en raison notamment du "risque d'obérer les résultats des investigations en cours ou de révéler des stratégies d'enquêtes", cite Gilles Simeoni. Six jours plus tard, un courrier cosigné de la première présidente de la cour d'appel de Bastia et du Procureur général, nous a fait savoir qu'ils n'ont pas pu se libérer mais restent "ouverts à un dialogue constructif"."

Durant l'après-midi, cinq thématiques seront abordées : éthique et politiques publiques, secteurs économiques particulièrement exposés, drogues, outils et procédures spécifiques, enjeux culturels et sociétaux. Aux alentours de 16 heures, les élus retourneront dans l'hémicycle, avec un objectif : avoir produit une résolution commune et la faire voter. "Ce n'est pas un point final mais la suite du travail entamé et la préparation de celui des mois à venir", lance Marie-Antoinette Maupertuis.

A l'issue de la séance, un cycle de travail de quatre mois s'ouvrira.