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Cullitivu Massimu Susini : "à terme les Corses seront contraints à une confrontation directe avec la mafia"


Benjamin Bourgeois le Dimanche 17 Novembre 2019 à 11:32

Le 15 Novembre 2019 le Cullitivu Massimu Susini a écrit deux lettres adressées respectivement à la préfète de Corse ainsi qu’au président du Conseil exécutif et au président de l’Assemblée de Corse. Cette initiative fut prise suite à l’intervention de la préfète interrogée sur “Via Stella” à propos de la mafia en Corse qui suscita l’indignation dans le Collectif.



“Vous avez déclaré : Moi, je n’aime pas ce terme. Je ne souhaite pas employer ce mot.” Madame la Préfète, la mafia vous remercie certainement de ne pas “aimer” le mot qui l’identifie : “cachez cette mafia que je ne saurais voir!” Dès le début de la lettre, le ton est donné. Le Collectif décide de mettre le doigt sur une politique du déni qui refuserait de faire face au mal tel qu’il se présente en commençant par ne pas vouloir le nommer. À propos de  violence, identifier sa nature, admettre qu’un assassinat procède des calculs d’une organisation plutôt qu’un acte isolé en soi serait se donner les moyens de la combattre. “Des débats sur la violence? Non, ce sont des débats sur la mafia qu’il faut!” intervient Rinatu Coti.
 
La philosophie du Collectif se conduit ainsi : une première étape d’interpellations régulières au moyen d’interventions tels que les journées de débats et les colloques sur la thématique. La deuxième étape consiste en l’interpellation écrite. Il s’agit de faire appel aux responsabilités de ceux qui sont élus en s’adressant directement à eux. En effet, jusqu’à présent, le Collectif dit être face au silence total des autorités. “Les élus semblent attendre plus de nous que nous en attendons des élus.” dit GhjuvanSantu Plasenzotti. Dans sa lettre adressée au président du Conseil exécutif et au président de l’Assemblée de Corse, le Collectif certifie que les moyens de poser les restrictions nécessaires à la spéculation immobilière (connu pour être une source principale de financement de la mafia) sont entre leur mains. Ils énoncent notamment l’article L 142 -4 pour appuyer leur argument. “Les Corses qui vous ont élus, étaient et sont en droit de vous demander : quand allez-vous enfin vous  décider à défendre concrètement notre terre contre ce raz-de-marée de béton mafieux?”  Plus que l’environnement, c’est la communauté corse entière qui est attaquée. “Nous assistons à la dépossession complète de ce qui constitue la Corse, affirme Rinatu Coti, la jeunesse doit se fonder sur les valeurs que nous lui transmettons, des valeurs qu’il ne faut pas spéculer. La mafia tue, et elle ne laisse aucune valeur. Elle ne laisse rien derrière elle. C’est la désolation.”
 
 Les conséquences de ce laxisme pourraient donc s’étendre plus loin qu’on ne l’imagine, à commencer par une menace identitaire. Par le biais de ces lettres c’est un appel de détresse que lance le Collectif qui se trouve dans un “état d’expectative indigne” et “extrêmement inquiet”. “Se taire c’est être complice. Je dispose de la parole et de la plume et je m’en sers.” énonce Rinatu Coti. En effet, en tant que partie intégrante de cette entité collective qu’est la Corse, le Collectif estime qu’il a la responsabilité d’agir. Celui-ci s'évertue d’alerter autour de ce qu’est la mafia, cependant la non-réaction des pouvoirs publics va générer de plus en plus de type d’actions dont on ne connaît pas l’origine. “Toutes les formes de criminalité vont s’engouffrer dans le vide de la non-action des élus, avance GhjuvanSantu Plasenzotti, il y a une zone grise qui s’étend et qui inquiète fortement. A terme les Corses seront contraints à une confrontation directe avec la mafia, car ils seront poussés à faire justice eux-même. Tout ce qui va arriver, la catastrophe qui menace d’arriver, ce sera de leur responsabilité.”
Le Collectif insiste bien sur le fait que le danger de la mafia s’exerce avec un champ d’action capable d’atteindre n’importe quel Corse par son action sur le territoire même. Ces actions entraînant renoncement de la mémoire et dépossession des valeurs en plus des violences perpétrées font que le Collectif tire la sonnette d’alarme, tandis que ses membres sont sous une tension extrême de l'expectative. Leur lettre sollicite un entretien avec le président de l'Exécutif et le président de l’Assemblée de Corse pour “réfléchir et échanger sur le contenu de ce courrier et sur tout sujet qu’il vous semblera utile d’évoquer”.
En attendant le Collectif ne démord pas : il y aura très prochainement des débats, des colloques sur la thématique, des soirées cultuelles. Il sera bientôt possible d’adhérer le Collectif par internet, de même qu’il possède un compte Twitter et une page Facebook.