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Christophe Vincent (SCBastia) : une belle revanche sur l'adversité


Livia Santana le Samedi 5 Mars 2022 à 09:30

A 29 ans, Christophe Vincent, le capitaine du Sporting club de Bastia brille en ligue Discret et travailleur, il a su relever les défis qui ont jalonné sa carrière au cours de laquelle l'adversité ne l'a pas épargné.



Christophe Vincent est maintenant capitaine du Sporting, son club formateur
Christophe Vincent est maintenant capitaine du Sporting, son club formateur
Sourire aux lèvres, décontracté, Christophe Vincent vient de terminer la séance d'entraînement. « Désolé pour le retard, je n’ai pas pu partir avant », lance-t-il avant de s’installer avec assurance dans la salle de presse de son club, le SC Bastia. Aussitôt, l’homme de 29 ans qui a fait du football sa raison d’être, se remémore sa rencontre avec ce sport. « J’avais 4 ou 5 ans quand j’ai commencé à taper le ballon. Je viens plutôt d’une famille de tennisman : c'est ma grand-mère m’a emmené en cachette à un entraînement de Furiani-Agliani ». 

En 1998, le petit garçon reste suspendu à sa télévision durant toute la coupe du Monde. « J’avais 6 ans et je me souviens que j’étais vraiment à fond. Je m’entraînais à courir autour de chez moi, j’étais déjà mordu ». A cette même période, il fait ses premiers pas sur le terrain au Gazelec Football Club Bastia Lucciana (GFCBL), change de club plusieurs fois, passe par l’Etoile et l’AJB, jusqu’à ce qu’à14 ans, le Sporting le repère pour l'intégrer l’équipe de jeunes.

Scolarisé à Montesoro dans la section "Sport-études" il doit quitter sa famille pour rejoindre le Creps à Ajaccio. Pour le Furianinchu il faut quelques mois d’adaptation mais les amis remplacent rapidement le cocon familial. En 16-18 nationaux, il signe un contrat de stagiaire au Sporting. « C’était un gentil garçon qui avait une très bonne mentalité. Il avait aussi des qualités en tant que footballeur, beaucoup de volume et très actif. C’est sûr il était aussi un peu dans son monde. », se souvient son coach Benoît Thavenot, qui garde un très bon souvenir du jeune joueur. 
 
Le premier contrat pro 

Sa carrière prend un tournant lorsqu’il signe professionnel en 2011 avec le Sporting en ligue 2. « Là, la galère a commencé », lance le milieu de terrain en rigolant. Le passage du monde « des copains », comme il se plaît à l’appeler, au monde du travail est un choc. « Quand on a 18 ans, il faut faire ses armes. Mais à cet âge, on est impatient », poursuit-il. Le Sporting de l'époque, ce sont François Modesto, Mickaël Landreau, Sébastien Squillaci ou Anthony Modeste. Difficile pour le jeune Christophe Vincent de se faire une place parmi eux. C’est ce que confirme son coach de l’époque. « Il était trop gentil, donc à son arrivée dans le monde professionnel, il n'a pas vraiment compris ce qu'i se passait dans le vestiaire. Il se trouvait face à des joueurs affirmés comme Jérôme Rothen. Dans ce monde, il faut se faire sa place, ça l’a forgé », assure Benoît Thavenot.

La première année est compliquée mais le jeune joueur ne s’inquiète pas vraiment, pour lui c’est « le temps d’adaptation ». La seconde saison, il est prêté au CAB en ligue 2 et joue une vingtaine de matchs. En 2014-2015, le Sporting réalise l’exploit de remonter en ligue 1. « Là, ils ne comptaient plus sur moi, je ne jouais plus. Je m’entraînais avec la réserve, c’était revenir en arrière. En plus, j’étais chez moi alors je ressentais en même temps le soutien et la déception de mes proches. Ça m’affectait,  alors c’est vrai que j’ai lâché », regrette-t-il. 
 
Quitter Bastia pour mieux revenir 

Après une saison douloureuse, Christophe Vincent rejoint l’ACA en ligue 2. « Toute la frustration que j’ai emmagasinée, je l’ai transformée en rage. Dès que j’avais un coup de mou je me disais : « n’oublie pas comme tu as galéré ». Dans ce club il rencontre son coéquipier devenu ami, Hugo Aine qui se souvient :  « Chris ça n’a jamais été un mec extraverti. Il est calme, il reste dans son coin, mais c’est un soldat. Dès qu’il faut y aller, il y va. Ce n’est pas le plus beau à voir jouer, mais il est performant quand il faut. Il ne lâche rien, c’est un guerrier qui court de la première à la dernière minute». Durant 6 mois, le milieu de terrain effectue une très belle saison. Coup du sort, il se blesse. L’ACA remonte, sans lui. 

Commence alors une nouvelle aventure loin de la Corse, à Bruges. C’est la première fois qu’il part de son île. « Au début j’appréhendais, je pleurais en faisant ma valise mais finalement j’en garde un très bon souvenir. C’était génial », explique-t-il. Le club qui joue le maintien réussit l’exploit avec le Bastiais, puis, le coach change et Christophe Vincent ne rentre plus sur le terrain jusqu’à la fin de la saison. 

A 24 ans, le joueur se pose alors la question d’intégrer une équipe de National 1. « En fait, ça ne m’intéressait pas », lance-t-il. Durant l’été, il rentre en Corse, continue à s’entraîner et l’idée de venir en aide au Sporting, tombé en National 3,  trotte dans sa tête. « Je me dis que ça peut être un beau challenge, qu’on peut remonter, alors j’appelle Stéphane Rossi et de fil en aiguille je signe. »
 
«  Au final, on l’a fait » 

Arrivé en National 3, le joueur se pose beaucoup de questions. A-t-il fait le bon choix ? 
« Je me souviens de mon premier match avec le SCB. On est parti en minibus, on s’est arrêté sur la route manger nos sandwichs. On a joué un match amical contre Corte et les joueurs en face étaient tous des potes que je croisais quand on était petit. Sauf qu’eux, ils le faisaient ça pour s’amuser. Alors je me souviens avoir appelé ma femme les larmes aux yeux en lui disant : « je crois que j’ai fait une erreur ». 

Finalement, il prend sur lui et la présence de joueurs comme Gilles Cioni, Gary Coulibaly ou Yohan Bocognano le conforte dans sa décision. « On avait une bonne équipe. Il y avait une osmose entre les joueurs incroyable que je n’avais jamais ressentie avant. C’est pour ça que je me suis dis on va le faire, et au final on l’a fait », raconte-t-il alors que son sourire revient. Pour lui, accéder à la Ligue 2 en trois ans était impensable. « Pour moi, on allait pas y arriver si vite », confie-t-il.

Quand il rentre chez lui le soir, il arrive que l’actuel capitaine du Sporting n’y croit toujours pas. « Je me dis, "Christophe tu as retrouvé le monde professionnel" ». 
Pour Benoît Thavenot et son ami Hugo Aine pas de doute : « Il le mérite »
A présent, le capitaine du Sporting Christophe Vincent a pour nouveau défi, de maintenir son club en Ligue 2.