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Bastia : "Cosa ci sarà sta sera o teatru?", le dernier livre de Georges de Zerbi


Odile AURACARIA le Mercredi 12 Février 2014 à 23:53

Lorsque le nom de Georges de Zerbi est prononcé, les visages s'éclairent tant ce bastiais bénéficie d'une bonne notoriété et est impliqué dans la vie socio-politico-culturelle de la cité. Professeur d'Italien, Français, Latin et Corse au collège du Vieux Lycée, de 1978 à 2007 il a été unanimement apprécié pour son enseignement et ses valeurs humaines par plusieurs générations d'élèves. Après des études supérieures d'Italien à Paris Sorbonne puis à Nice, Georges de Zerbi avait été nommé professeur à Aix en Provence, de 1974 à 1978, avant de réintégrer définitivement Bastia. Il nous parle de son dernier livre "Cosa ci sarà sta sera o teatru?"



Bastia : "Cosa ci sarà sta sera o teatru?", le dernier livre de Georges de Zerbi
- Depuis quand écrivez-vous?
- J'ai commencé la rédaction de mon premier roman en 1989 mais mes charges de professeur m'ont empêché de mener à bien mon projet. C'est à la retraite, en 2007, que je reprends l'écriture de ce livre et le termine. "L'ùltima Pàgina" sera publié en 2009 (ed. Albiana/CCU). Mon second roman "U rimitu di collu à Boziu" est publié en 2011 (ed. Albiana/CCU).Mon troisième, et dernier, ouvrage "Cosa ci sarà sta sera o teatru?" a été publié en décembre 2013 (ed. Colonna d'Istria). 


- Quels sont les sujets de vos livres?

- "L'ùltima pàgina" (La dernière page) retrace l'histoire d'un Corse de Marseille dans son village natal dans les environs de Bastia qui découvre une réalité différente de celle qu'il imaginait lorsqu'il était sur le continent.

L'action de "U rimitu di Collu à Boziu" (L'ermite de Collu à Boziu) est située à Sermanu. Il s'agit d'un roman ou réalité et fantastique sont étroitement mêlés. Un étudiant de Sermanu doit passer son doctorat à la Faculté des Lettres de Corte. Délaissant les moyens traditionnels de la recherche, il va entrer en contact avec un ermite mort 200 ans auparavant qui l'instruira sur l'histoire du Boziu.

"Cosa ci sarà sta sera o teatru?" (Qu'y-a-t-il ce soir au théâtre?) ouvre la voie au premier quiproquo du roman. Si le mari se demande ce qu'il peut bien se passer au théâtre ce soir-là au vu de l'agitation bruyante et fébrile qui règne devant la bâtisse, la femme propose la lecture du programme donné dans le journal. L'histoire sera une suite ininterrompue de méprises, jeux de mots, situations comiques que souligne l'utilisation du dialecte de Bastia mis dans la bouche de personnages truculents tels qu'il en existe encore - et en grand nombre - à Bastia, adeptes de la "magagna" et de la dérision bon enfant.

 

- Où l'action de votre dernier roman se déroule-t-elle, et à quelle époque?

- Située de nos jours à Bastia, dans un périmètre limité par la gare et la préfecture au nord et la place du théâtre au sud, l'action met en scène tout ce que l'ancienne capitale génoise compte d'hommes - et de femmes - d'esprit qui tiennent leur faconde et leur verve de la culture multiséculaire fondée sur une forme bien attestée d'humour. 

- Pourquoi avoir choisi d'écrire en Corse? N'est-ce-pas un peu trop confidentiel? Ne prenez-vous pas le risque de frustrer un lectorat qui ne lit que le Français?

- J'ai choisi d'écrire en Corse car c'est un acte militant de défense et illustration de la langue corse et je pense que mon apport est plus utile à la langue corse qu'au Français. Certes, de ce fait, je me donne moins de chances d'être lu mais ni la notoriété à tout crin ni l'écriture comme revenu financier, si tant est que j'y serais parvenu, ne sont le ressort qui me faon avancer.

 

Vos livres vont-ils être traduits en Français? Sont-ils édités à l'étranger?

 - Il n'existe pour l'instant aucun projet de traduction de mes ouvrages en Français. Après son édition, en 2009, mon roman "L'ùltima pàgina" a été aussitôt traduit en Sarde (ed. Condaghes) et en Catalan (ed. Fonoll), et j'en suis très fier! Je dois cela à ma collaboration avec le C.C.U. (Centre Culturel Universitaire) et à Ghjacumu Thiers que je remercie ici pour m'avoir encouragé à éditer mon premier roman.

 
- Avez-vous obtenu des récompenses pour vos romans?
"L'ùltima pàgina" a obtenu le "Prix des lecteurs" de la C.T.C. ainsi que le "Prix du Livre Corse" en 2011.

 

 - Quels sont vos projets?

 - Mes projets immédiats tournent autour de la présentation de mon roman "Cosa ci sarà sta sera o teatru?". Je compte aussi sur les médias (aujourd'hui Corse Net Infos) et les libraires pour faire connaître mes ouvrages. En ce qui concerne mes projets littéraires, j'aimerai traiter dans un roman à venir d'un aspect de l'immigration toscane en Corse.

 

- Avez-vous d'autres livres en cours de rédaction?

 - J'ai un roman historique déjà prêt dont l'histoire se déroule au palais des gouverneurs génois de Bastia : une fiction construite autour de textes historiques d'un grand intérêt.D'autre part, j'écris la suite du roman "Cosa ci sarà sta sera o teatru?".

 

- Vous êtes musicien et pratiquez avec talent l'art lyrique. Envisagez-vous d'écrire un jour un livre sur la musique?

 - Oui effectivement j'ai étudié la musique, obtenant le deuxième prix de conservatoire en chant classique à Nice, un premier prix à Aix en Provence et une médaille d'or à Bastia. J'ai longtemps pensé à centrer un roman autour de la musique. Quelque chose comme "Le fantôme de l'Opéra", de Bastia, bien sûr!

 

- Quels sont vos auteurs de prédilection, français, corses ou étrangers?

 - Mes auteurs de prédilection sont les poètes français de toutes les époques, Dante, Manzoni et Camilleri en Italie et le poète corse Anton Francescu Filippini et Sebastianu Dalzeto pour « Pesciu anguilla ». Mais des pans entiers de littérature corse moderne présentent un intérêt indéniable. Je ne citerai aucun nom parmi les auteurs vivants craignant d’en oublier et de froisser inutilement nos talents littéraires.

 

- Le mois de janvier vient de se terminer... Que peut-on vous souhaiter pour cette année 2014?

- J'espère avoir l'opportunité d'animer des salons littéraires autour de mes romans et faire des séances de signature.

 Et en guise de vœux j’aimerai que l’on me dise que je n’écris pas seulement pour mon plaisir personnel mais pour la satisfaction de quelques-uns.
Odile AURACARIA


Un extrait de "Cosa ci sarà sta sera o teatru?

(l’amichi attàccanu a partita à carte sottu l’ochju prutettore di Luì, u patrone d’u bar. Hanu parlatu di a caccia à l’àcule marine ingiardinata da a Prefettura duve travaglia Antò)

………….

  • O Antò, cun quale ghjochi ? interrugò Luì
  • S’eo mi stava à sente ùn ghjucherìa cun nisunu chì site una massa di ciarlattani.
  • Antò hà a ragiò, ripigliò Luì per circà d’appacià l’affari è difende u so cummerciu. Sè tù e lasci fà, l’àcule marine finìscenu per fatti cum’è ind’è “L’acelli” d’Hitchcock, ti sbòndanu e case è èntrenu à pizzicatti i pedi quand’è tù dormi.
  • O allora, aghjunse Sgiacchì pigliatu da u ghjocu, si mèttenu in parechje, ti pìglianu per i capelli è ti còllanu in Tighjime è cume fai dopu à falà?
  • A credi? dumandò sbiguttitu Antò.
  • È bò! Attaccò Sgiosè. Eo e vecu nant’i tetti. I tittai sò obligati à ligassi osinnò si li pìglianu è vanu à annigalli in altu mà.
  • Dumane a dicu à u Prefettu! Annunziò Antò.
  • Nò, nò, disse Sgiacchì, chì dopu sò capaci à impone u coprifocu à sei ore di sera è partite ùn si ne face più. Tù ùn li di nunda !

(Les amis commencent la partie de cartes sous le regard protecteur de Louis, le patron de bar. Ils ont parlé de la chasse donnée aux goélands menée par la préfecture où travaille Antoine)

  • Antoine, avec qui joues-tu ? demanda Louis
  • Si je m’écoutais je ne jouerais avec personne vu que vous êtes une bande de rigolos.
  • Antoine a raison, reprit Louis pour tenter de calmer les choses et de défendre son commerce. Si tu les laisses faire, les goélands en arrivent à faire comme dans « Les oiseaux » d’Hitchcock, ils te défoncent les maisons et entrent te piquer aux pieds lorsque tu dors.
  • Ou bien, ajouta Jacky piqué au jeu, ils se groupent, te prennent par les cheveux et te montent à Tighjime et après comment tu fais pour redescendre ?
  • Tu crois ? demanda décomposé Antoine.
  • Je comprends ! commença Joseph. Moi je les vois sur les toits. Les couvreurs sont obligés de s’attacher sinon ils les emportent pour les noyer en haute mer.
  • Demain, je le dis au Préfet. Annonça Antoine.
  • Non, non, dit Jacky, car ils seraient fichus d’imposer le couvre-feu à six heures du soir et c’en serait fini de nos parties de cartes. Surtout, ne dis rien !)