
Dissiper les pensées irrationnelles
Avec sa société fondée en 2011, l’ancien pilote militaire et formateur sur Boeing 737 aide les personnes comme Alice à surmonter leur peur et assure même avoir « réussi à aider plus de 1 200 personnes à reprendre l’avion ». Pour cela, lors des sessions qu’il anime pour environ huit personnes, le pilote instructeur fait revivre sur une journée l’intégralité des étapes qui mène à un vol, de leur arrivée à l’aéroport jusqu’à l’atterrissage de l’appareil. « Nous leur faisons vivre toutes les phases du vol, aussi bien en tant que passager, pilote, contrôleur aérien ou membre de la maintenance de l’appareil. Le but, c’est de leur montrer que tout est maîtrisé et qu’il n’y a pas de risques à monter dans un avion », explique-t-il.
Pour cela, il divise en trois étapes: la première est technique et consiste à expliquer comment vole un avion et quelles sont les origines des bruits et des secousses qu’ils peuvent ressentir. La deuxième phase est réalisée avec un psychologue, qui travaillera sur les pensées négatives qui sont associées à l’avion afin de les démystifier grâce à des exercices de relaxation. Enfin, la troisième partie s’effectue avec un casque de réalité virtuelle, qui donne l’illusion aux candidats d’être installés près du hublot, la place qui les angoisse le plus. Les élèves sont guidés par le professeur qui parvient à calmer leurs troubles et à faire taire cette peur irrationnelle. Avec le recul, Nicolas Coccolo et son équipe se sont rendu compte que « les stagiaires ont tous un point commun, c’est qu’ils sont de natures anxieuses qui ont besoin de contrôler les choses, et que 75% d’entre eux n’ont jamais eu de choc psychologique au cours d’un vol ».
Dix vols depuis son stage
Lorsqu’elle participe à la session du mois de janvier à Bastia, Alice Ferail avoue ne pas avoir eu beaucoup d’espoir dans ce stage, car « arrivée à un tel stade d’inconfort, je ne pensais pas pouvoir revoler sereinement ». Au final, le résultat a été au-delà de ses attentes puisqu’elle a réussi à reprendre l’avion une dizaine de fois. « En plus des explications qu’il nous fournit durant le stage, nous avons eu l’occasion de lui poser toutes les questions qui alimentaient nos angoisses et y a répondu une par une, ce qui était rassurant, explique la trentenaire. De plus, il nous aide à associer nos questionnements à des pensées positives et rationnelles pour que notre cerveau arrête cette course à la psychose ». Si la peur de la jeune femme n’a pas complètement disparu, elle s’est néanmoins atténuée au point que les vols de plusieurs heures sont envisageables et qu’elle n’a plus besoin de prendre de médicaments pour se calmer lorsqu’elle entre dans l’appareil.
Pour autant, si les peurs ne s’effacent pas du jour au lendemain, il est toujours possible d’être accompagné par Nicolas Coccolo, qui n’hésite pas à demander aux stagiaires de lui communiquer les dates de leurs futurs voyages afin de prendre de leurs nouvelles avant le vol. Une solution que n’hésite pas à utiliser Alice avant de prendre l’avion: « parfois, les appels ne durent pas longtemps, mais ça rassure d’entendre son point de vue honnête. Nous faisons une revue de la météo ensemble et lorsque des turbulences sont prévues sur un vol, il n’hésite pas à me dire ce qu’il risque de se passer et les difficultés que je vais devoir surmonter », ajoute-t-elle.