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Santa-Maria di Lota : hommage aux victimes du crash aérien du 16 mars 1945


Philippe Jammes le Mardi 9 Mai 2023 à 16:26

Ce mardi 9 mai, au hameau de Cavalligna, près de Figarella sur la commune de Santa-Maria-di-Lota, une commémoration a eu lieu en hommage aux 4 victimes d’un crash aérien survenu le 16 mars 1945.



Bernardin Michelangeli, président de la section des anciens combattants de Santa Maria di Lota a rappellé les faits tragiques de ce 16 mars 1945.
Bernardin Michelangeli, président de la section des anciens combattants de Santa Maria di Lota a rappellé les faits tragiques de ce 16 mars 1945.

Les faits avaient été presque oubliés.
C’est lors d’une réunion d’anciens combattants de Haute-Corse en 2019, que l’un d’eux rapporte des faits qui se sont passés le 16 mars 1945. Ce jour-là un hydravion Supermarine Walrus I de l’escadrille 4S parti de la base de Saint Mandrier à Toulon pour rejoindre la Corse survole Miomo. Parmi l’équipe de 4 hommes, le quartier-maitre canonnier Louis Leonardi, 27 ans. Sa mère habite au-dessus de Miomo, au hameau de Cavalligna. L’histoire veut que le pilote se déroute pour saluer la mère de Louis Leonardi.
Malheureusement, volant probablement trop bas, l’avion heurte des rochers, s’écrase et s’embrase. Avant même l’arrivée des secours, le pilote Adrien Devoir, le matelot mitrailleur bombardier Jacques Puchu, le Second-Maitre mécanicien François Rubini et Louis Leonardi meurent calcinés.


Une première croix est érigée quelques mois plus tard à l’endroit du crash. Elle sera vite écrasée au fil des ans par les branches des arbres et les éboulis. Une seconde croix sera dressée non loin, mais elle ne survivra pas non plus aux affres du temps dans cet endroit très difficile d’accès, engoncé dans les énormes rochers qui bordent la Figarella. Les années passent.


Si Louis Leonardi repose au cimetière de Miomo, le lieu du crash est abandonné à la végétation. Il faudra attendre 2019 pour que L’UDACVG, (Union départementale des associations de combattants et victimes de guerres) de la Haute-Corse, désormais au courant de cette tragédie, s’empare de l’histoire et mette en marche le devoir de mémoire en liaison étroite avec la section des anciens combattants de Santa Maria di Lota, présidée par Bernardin Michelangeli. Las, le COVID gèle le projet. Il sera repris en 2022 et mené à terme en mars 2023.
Prévu le 8 mai, cette commémoration est finalement décalée au 9 afin que les enfants des écoles primaires de Miomo et Figarella puissent y participer et perpétuer le devoir de mémoire.




Historique, croix, gerbes, minute de silence, Dio…
Ils sont 45, ce mardi 9 mai à 11 heures, 45 enfants et leurs deux enseignants à emprunter ce sentier qui grimpe en suivant le lit de la Figarella. Quelques passages étroits certes, délicats mais point dangereux que les enfants franchissent joyeusement. Ils croisent des vestiges du passé : vieux murs supportant d’anciennes terrasses dédiées aux cultures, bassins, abreuvoirs… quelques belles vasques aussi dans le creux de la rivière. Après 10 minutes les voici au pied des funestes rochers. Une trentaine d’adultes les attendent. Des anciens combattants, des villageois, des membres du conseil municipal de Santa Maria di Lota et le père Luckasz Baran, curé de l’Unité paroissiale de Pietranera.



Après un historique des faits narré par Bernardin Michelangeli, des prières récitées sous l’autorité du père Luckasz, la bénédiction des deux croix par l’ecclésiastique, un dépôt de gerbes par les enfants et une minute de silence, la cérémonie s’achève par le Dio Vi Salve Regina entonné par l’assistance émue.
Parmi elle Claude Leonardi dont le père était le cousin germain du Quartier-Maître canonnier Louis Leonardi. Enfant à cette époque, il se rappelle des faits aux côtés de Pascal Granado, président de l’UDACVG et Bernardin Michelangeli, président de la section Santa Maria di Lota (voir la vidéo)  

​Le Supermarine Walrus


« Le Supermarine Walrus était un hydravion à coque monomoteur utilisé pour la reconnaissance maritime » nous apprend Bernardin Michelangeli. « Il constitue le 1er appareil britannique opérationnel à posséder un train d’atterrissage entièrement rétractable, un cockpit entièrement fermé et un fuselage entièrement métallique. Il était conçu pour être lancé par des catapultes embarquées sur les navires. Son armement était généralement composé de deux mitrailleuses Vikers K de 7,7 mm, l’une dans le nez de l’appareil, l’autre à l’arrière. Si une de ses missions était la traque des sous-marins allemands, ils étaient le plus souvent mis à contribution pour des missions de recherche et de sauvetage des pilotes et équipages des chasseurs et bombardiers abattus en mer. Plus de 10 000 personnes ont été recueillies au cours de ces opérations de sauvetage, dont près de 6000 pilotes et membres d’équipages alliés et près de 300 allemands »