Muriel Fagni, conseillère territoriale du groupe Femu a Corsica.
- Pourquoi avez-vous décidé de présenter cette motion sur l’assurance chômage ?
- Aujourd’hui, tous les acteurs de l’île, citoyens, socioprofessionnels, syndicalistes, élus, nous partageons, tous, le même diagnostic sur la situation économique et sociale de l’île. Ici, la crise économique est d’autant plus importante en raison de l’insularité et du fait que le secteur touristique représente 24 % de du PIB (Produit intérieur brut) contre 9% au niveau national. Tous les secteurs économiques - l’hébergement, la restauration, la construction, le commerce - sont lourdement impactés par la crise liée à l’épidémie de COVID-19. Nos entreprises locales sont composées en majeure partie de TPE-PME, d’artisans sur des marchés restreints. Elles font face à un choc de trésorerie sans précédent et cela, malgré la mise en place du plan de sauvegarde du gouvernement. On parle d’une saison en demi-teinte que l’on pourrait qualifier de « saison blanche » même si les premiers indicateurs pour juillet et août laissent entrevoir une reprise d’activité. Les derniers chiffres publiés soulignent une augmentation importante du nombre de demandeurs d’emploi inscrits à la fin du mois d’avril, soit plus d’un tiers par rapport à l’année dernière avec des taux très élevés dans les zones les plus touristiques. Cette augmentation vient essentiellement de personnes qui travaillent dans l’économie saisonnière. Ces variations reflètent le poids du tourisme dans l’économie corse.
- Quels sont les points exacts de la reforme qui vous inquiètent ?
- Fortement pénalisé par l’absence d’activité touristique au cours de ces trois derniers mois, les demandeurs d’emploi font face à une réforme qui durcit les conditions d’accès au régime d’indemnisation. Cette réforme comporte deux volets : le premier est entré en vigueur à l’automne dernier et le second devrait l’être au 1er septembre. Le premier volet a allongé la durée d’affiliation nécessaire pour l’ouverture de droits et leur rechargement. Avant, il fallait travailler au moins 4 mois au cours des 28 derniers mois pour prétendre à une ouverture de droit. Désormais, il faut 6 mois de travail dans les 24 derniers mois. Le second volet modifie le calcul du Salaire journalier de référence. Sans rentrer dans des explications de ce calcul complexe, il faut savoir que les allocataires, ayant effectué des contrats courts, comme les intérimaires et les saisonniers, verront leur taux d’indemnisation diminuer en fonction de ce nouveau calcul.
- C’est-à-dire concrètement ?
- Par exemple : auparavant, 6 mois travaillés pour 1200 € mensuel - le smic – permettaient de toucher 680 € de chômage. Maintenant, pour le même salaire, 6 mois travaillés ne permettent de toucher que 350 € de chômage. En conséquence, le taux d’indemnisation sera diminué. Les allocataires percevront une allocation plus faible sous l’effet du changement du mode de calcul du salaire journalier. Cette réforme de l’assurance chômage est une source d’angoisse supplémentaire pour les travailleurs dont l’équilibre financier tient sur ces quelques mois de forte activité. Une double peine qui pourrait plonger certains dans une grande précarité. De plus, cette réforme ne permettra pas aux salariés privés d’emploi de retrouver un emploi pérenne, puisque les prévisions des associations de chômeurs, des syndicats, de différents collectifs et aussi de l'UNEDIC annoncent la destruction de 900 000 emplois pour la fin de l’année.
- Quelles seront les conséquences spécifiques pour la Corse ?
- La réforme de l’assurance chômage aura de lourdes conséquences sociales sur les salariés corses privés d’emploi, d’autant plus qu’elle intervient dans une période de crise économique et sociale majeure. Le public le plus impacté par cette réforme est celui des salariés en CDD constitué de jeunes actifs. En Corse, ce phénomène est accentué par l’activité saisonnière, surreprésentée dans la restauration et l’hébergement, et très importante dans le commerce. Notre île a de fortes chances de connaître des vagues de licenciements dans les mois à venir. Nous le voyons déjà dans le commerce avec la fermeture des grandes enseignes.
- Que demandez-vous exactement ?
- Nous demandons au Président du Conseil exécutif de Corse, Gilles Simeoni, de faire part de nos inquiétudes au gouvernement et, en concertation avec les parlementaires de l’île, l’abrogation du décret du 26 juillet 2019 relatif à cette réforme.
- Cette motion a été adoptée. Que devient-elle ?
- Elle a été adoptée à l’unanimité. On attend le retour de la délibération correspondante en fin de semaine, signée et visée par le contrôle de légalité. Elle devrait, ensuite, être transmise en début de semaine prochaine par le Président de l’Exécutif au gouvernement, au ministère du Travail, plus particulièrement à Muriel Pénicaud, et à nos députés qui la présenteront à l’Assemblée nationale.
Propos recueillis par Nicole MARI.
- Aujourd’hui, tous les acteurs de l’île, citoyens, socioprofessionnels, syndicalistes, élus, nous partageons, tous, le même diagnostic sur la situation économique et sociale de l’île. Ici, la crise économique est d’autant plus importante en raison de l’insularité et du fait que le secteur touristique représente 24 % de du PIB (Produit intérieur brut) contre 9% au niveau national. Tous les secteurs économiques - l’hébergement, la restauration, la construction, le commerce - sont lourdement impactés par la crise liée à l’épidémie de COVID-19. Nos entreprises locales sont composées en majeure partie de TPE-PME, d’artisans sur des marchés restreints. Elles font face à un choc de trésorerie sans précédent et cela, malgré la mise en place du plan de sauvegarde du gouvernement. On parle d’une saison en demi-teinte que l’on pourrait qualifier de « saison blanche » même si les premiers indicateurs pour juillet et août laissent entrevoir une reprise d’activité. Les derniers chiffres publiés soulignent une augmentation importante du nombre de demandeurs d’emploi inscrits à la fin du mois d’avril, soit plus d’un tiers par rapport à l’année dernière avec des taux très élevés dans les zones les plus touristiques. Cette augmentation vient essentiellement de personnes qui travaillent dans l’économie saisonnière. Ces variations reflètent le poids du tourisme dans l’économie corse.
- Quels sont les points exacts de la reforme qui vous inquiètent ?
- Fortement pénalisé par l’absence d’activité touristique au cours de ces trois derniers mois, les demandeurs d’emploi font face à une réforme qui durcit les conditions d’accès au régime d’indemnisation. Cette réforme comporte deux volets : le premier est entré en vigueur à l’automne dernier et le second devrait l’être au 1er septembre. Le premier volet a allongé la durée d’affiliation nécessaire pour l’ouverture de droits et leur rechargement. Avant, il fallait travailler au moins 4 mois au cours des 28 derniers mois pour prétendre à une ouverture de droit. Désormais, il faut 6 mois de travail dans les 24 derniers mois. Le second volet modifie le calcul du Salaire journalier de référence. Sans rentrer dans des explications de ce calcul complexe, il faut savoir que les allocataires, ayant effectué des contrats courts, comme les intérimaires et les saisonniers, verront leur taux d’indemnisation diminuer en fonction de ce nouveau calcul.
- C’est-à-dire concrètement ?
- Par exemple : auparavant, 6 mois travaillés pour 1200 € mensuel - le smic – permettaient de toucher 680 € de chômage. Maintenant, pour le même salaire, 6 mois travaillés ne permettent de toucher que 350 € de chômage. En conséquence, le taux d’indemnisation sera diminué. Les allocataires percevront une allocation plus faible sous l’effet du changement du mode de calcul du salaire journalier. Cette réforme de l’assurance chômage est une source d’angoisse supplémentaire pour les travailleurs dont l’équilibre financier tient sur ces quelques mois de forte activité. Une double peine qui pourrait plonger certains dans une grande précarité. De plus, cette réforme ne permettra pas aux salariés privés d’emploi de retrouver un emploi pérenne, puisque les prévisions des associations de chômeurs, des syndicats, de différents collectifs et aussi de l'UNEDIC annoncent la destruction de 900 000 emplois pour la fin de l’année.
- Quelles seront les conséquences spécifiques pour la Corse ?
- La réforme de l’assurance chômage aura de lourdes conséquences sociales sur les salariés corses privés d’emploi, d’autant plus qu’elle intervient dans une période de crise économique et sociale majeure. Le public le plus impacté par cette réforme est celui des salariés en CDD constitué de jeunes actifs. En Corse, ce phénomène est accentué par l’activité saisonnière, surreprésentée dans la restauration et l’hébergement, et très importante dans le commerce. Notre île a de fortes chances de connaître des vagues de licenciements dans les mois à venir. Nous le voyons déjà dans le commerce avec la fermeture des grandes enseignes.
- Que demandez-vous exactement ?
- Nous demandons au Président du Conseil exécutif de Corse, Gilles Simeoni, de faire part de nos inquiétudes au gouvernement et, en concertation avec les parlementaires de l’île, l’abrogation du décret du 26 juillet 2019 relatif à cette réforme.
- Cette motion a été adoptée. Que devient-elle ?
- Elle a été adoptée à l’unanimité. On attend le retour de la délibération correspondante en fin de semaine, signée et visée par le contrôle de légalité. Elle devrait, ensuite, être transmise en début de semaine prochaine par le Président de l’Exécutif au gouvernement, au ministère du Travail, plus particulièrement à Muriel Pénicaud, et à nos députés qui la présenteront à l’Assemblée nationale.
Propos recueillis par Nicole MARI.