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Qu'attendent les collectifs anti-mafia de la session spéciale de l'Assemblée de Corse ?

Derive mafieuse en Corse


Naël Makhzoum le Mardi 15 Novembre 2022 à 10:04

Vendredi 18 novembre, se tiendra une session extraordinaire de l'Assemblée de Corse consacrée aux dérives mafieuses de l'île, réclamée depuis longtemps par les collectifs anti-mafia insulaires. Invités à y participer, ils espèrent que ces échanges seront l'occasion d'une réelle prise de conscience du problème.



Photo Michel Luccioni
Photo Michel Luccioni
Enfin, après des mois d'attentes, ils vont pouvoir en débattre. Les associations anti-mafia, qui avaient demandé solennellement cet été la tenue de cette session et l'avaient obtenu du président de l'exécutif pour l'automne, vont finalement pouvoir se présenter dans l'hémicycle du Cours Grandval, ce vendredi. "Nous n'avons pas encore reçu l'ordre du jour donc c'est embêtant de ne pas savoir comment ça va se passer, nuance toutefois Léo Battesti, cofondateur de "Maffia No', a Vita iè". Ce sera bien sûr un lieu de propositions, mais surtout de débat et d'échange."

Visiblement, les associations insulaires ont été logées à la même enseigne. "L'invitation a été faite oralement lors de la conférence des présidents mais nous n'avons rien reçu d'écrit formel nous indiquant les modalités de cette session, ou de quelle manière nous allons intervenir", renchérit Jean-Toussaint Palsenzotti, oncle du regretté Massimu Susini, dont le collectif porte le nom.

Quoiqu'il en soit, tous voient une occasion, en définitive, de faire entendre la voix de la société corse qui s'inquiète du phénomène. "Notre but est d'être des lanceurs d'alerte, on ne sera pas là pour donner des leçons ou fustiger les uns et les autres mais au contraire, pour faire partie d'un processus de libération de la parole, assure Léo Battesti. Nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour convaincre que ce dossier est prioritaire, qu'il traverse tous les autres et qu'on ne peut pas parler de développement économique, social, etc., sans aborder ce problème de fond qu'est la main mise mafieuse sur notre île."

"Nommer le mal et commencer à échanger"

Photo Michel Luccioni
Photo Michel Luccioni
Les deux collectifs anti-mafia connaissent les limites en termes d'actions réalisables à l'issue de cette séance, puisque les compétences se partagent en grande partie avec l'État. D'où la nécessité d'avancer pas à pas. "On a intégré que ce serait un combat long, rappelle d'ailleurs le membre du collectif Massimu Susini. On espère qu'enfin, société corse et élus arrivent à se rencontrer, nommer le mal et commencer à échanger pour trouver des solutions."

Bien qu'ouverts au débat, l'invitation de la Ligue des Droits de l'Homme (LDH) à y participer fait grincer des dents les collectifs. Les positions ouvertement contre une justice d'exception et l'opposition, par exemple, au travail commun mené avec la Jirs posent question. "On se demande à quel titre la LDH est invitée, dans la mesure où pour elle, la mafia n'existe pas et il n'y a pas besoin de nouvel outil juridique pour lutter contre un crime organisé qui se développe, s'indigne Jean-Toussaint Palsenzotti. C'est une curiosité de cette session : l'arsenal législatif et pénal est suffisant pour eux donc on se demande ce qu'ils proposent pour arrêter ce problème."

Pour les anti-mafia, place désormais à l'action concrète grâce à la chance qui leur est octroyée. "On va travailler sur les points de convergence pour les affiner et en même temps aborder les points de divergence pour bien montrer qu'il n'y a, de la part des collectifs, aucune volonté d'attenter aux libertés publiques ou de remettre en cause la présomption d'innocence", clame Palsenzotti, qui espère dans un futur qui semble lointain, "la création de lois anti-mafia" harmonisées au niveau européen et pas seulement à l'échelle française ou corse.