Marine le Pen, candidate du RN, arrive largement en tête en Corse. Photo archives CNI.
Le président sortant, Emmanuel Macron, est réélu avec 18,78 millions de suffrages. Une victoire sans grande surprise et sans appel au niveau national avec un écart de 5 millions de voix avec son adversaire. C’est le seul président sortant de la 5ème République à être réélu, hors cohabitation, mais son score s’est restreint de 9% par rapport à 2017. Avec 41,46% des suffrages, la candidate du RN, Marine Le Pen, atteint son plus haut niveau à une élection présidentielle et engrange 13,3 millions de voix. En Corse où les résultats sont totalement inversés, elle arrive largement en tête avec 58,08 % des suffrages, soit 77 732 voix. Cela représente 16 points de plus que son adversaire et un fossé de 21 621 voix. La candidate RN se renforce de la même façon dans les deux départements : 57,21% en Haute-Corse et 58,31% en Corse du Sud et engrange 35 595 voix de plus qu’au 1er tour et près de 10 500 voix de plus qu’en 2017. En face et à la peine, le président sortant ne réussit toujours pas à convaincre et essuie même un cinglant désaveu avec 41,92 %, soit 56 111 voix. S’il récolte 29 406 voix de plus qu’au 1er tour, il perd 11 130 électeurs en 5 ans. Un vote de défiance et de rejet après une mandature de mépris que les Corses ne lui pardonnent pas et qui s’est achevée, pour l’île, dans le drame et la douleur.
Pas de choix nationaliste
Cette fois-ci, donc, pas de renversement de tendance en Corse pour Emmanuel Macron comme celui de 2017 où il avait bénéficié de l’appui des Nationalistes modérés, principalement du président de l’Exécutif territorial, Gilles Simeoni, et des leaders de la droite locale, comme le maire d’Aiacciu, Laurent Marcangeli, pour faire barrage au Front national. En 5 ans, si l’affiche du duel du 2nd tour est restée identique, le scénario a complètement basculé avec l’appel au boycott de l’élection par les Indépendantistes et aucune consigne de vote donnée par les Autonomistes. Les partis modérés n’ont émis que le simple conseil de se déterminer « en conscience et en responsabilité » : un appel en filigrane à l’abstention. Leurs leaders et élus sont, cependant, allés voter pour accomplir leur « devoir de citoyen », selon le mot de Gilles Simeoni, mais un vote dont le secret a été aussi bien gardé qu’au 1er tour. Peut-être faut-il voir dans le geste du président de l’Exécutif passé directement dans l’isoloir sans prendre de bulletin, dimanche en fin de matinée à Bastia, une confirmation ou un indice ! Une clé de lecture également dans le commentaire désabusé du député nationaliste de la 2ème circonscription de Corse du Sud, Paul-André Colombani : « J’aimerais bien que le vote blanc soit reconnu. Cela éviterait un choix compliqué ! ». C’est dire si la démarche citoyenne s’est faite sans illusion, ni enthousiasme !
Un vote de défiance
L’appel au boycott et à l’abstention semble avoir été, en partie, entendu ! La Corse affiche une participation encore plus faible qu’au 1er tour qui était déjà la plus faible du territoire national, hors DOM-TOM. Plus de 39 % des Corses, soit plus de 95 000 électeurs sur 243 009 inscrits, ne se sont pas déplacés, 5000 de plus qu’au 1er tour. 10 % ont refusé de choisir entre Marine Le Pen et Emmanuel Macron en votant blanc ou nul. L’abstention atteint aujourd’hui un record là-aussi inédit dans l’île pour un scrutin présidentiel. Le taux de participation totalise à peine 60,73%, soit 3% de moins qu’en 2017 et 7,6 % de moins qu’en 2012. La mobilisation, similaire en Haute-Corse et en Corse du Sud, se délite scrutin après scrutin. Avec seulement 55% de votes exprimés, les électeurs corses se sont manifestement désintéressés de la séquence. Le silence inhabituel de maints bureaux de vote déserts au moment du dépouillement était en soi très significatif. « Ce vote est la conséquence de 5 ans de déni de démocratie. Cela se traduit dans les urnes », résume le député Colombani. Un vote qui exprime « une colère immense » pour l’élu territorial de la droite régionaliste, Jean-Martin Mondoloni. A Alzi, 1 seul électeur sur les 34 inscrits a voté et uniquement pour mettre un bulletin nul dans l’urne !
La vague du Nord
Cette atonie générale a amplement profité à Marine Le Pen. La vague RN qui a déferlé dans la majorité des communes de l’île le 10 avril, s’est considérablement renforcée en 15 jours et culmine à des niveaux inédits. En Haute-Corse, elle caracole en Plaine Orientale : 75,82% à Poggio-Mezzana, 73,63% à Serra-di-Fiumorbu, 72,60% à Talasani, plus de 69% à Cervione, à Prunelli-di-Fiumorbu, Loreto-di-Casinca, plus de 68 à San Nicolao, à Ventiseri, plus de 67 % à Aleria, Sainta-Lucia de Moriani, 64,98% à Castellare-di-Casinca, 62,38% à Vescovato, plus de 58 % à Taglio-Isolaccio, à Tallone, Olmo, Venzolasca, 57,66% à Ghisonaccia, plus de 55% à Penta-di-Casinca… Elle amplifie son score dans les communes de l’intérieur, notamment en Castagniccia et dans le Centre Corse : 85% à Castinetu, 81,45 % à Castellu-di-Rustinu, 80,65% à Soveria, 73% à Polveroso, plus de 72% à Pruno, plus de 68% à Moltifao, Merusaglia, San Lorenzu, 64% à La Porta, ou encore Santo-Pietro-di-Venaco et Corte, … Elle domine également le Cap Corse avec 70,83% à Meria, 64% à Olmeta,61,26% à Sisco, Pietracorbara, Rogliano, Brando, Olcani, Pino… Quelques communes font de la résistance et adoube son adversaire, comme Nonza, Ersa, Morsiglia, Tomino, Cagnano ou Barretali. Idem dans le Nebbiu où le RN tient la distance à Patrimoniu, Barbaggio, Olmeta, Vallecale, Murato, Rapale, San Gavino et Santo-Pietro-di-Tenda, mais cède le pas à Pieve, Sorio, Oletta, Poggio d’Oletta et San Fiurenzu. Comme au 1er tour, Marine Le Pen rafle la mise dans le Grand Bastia, 71,47% à Biguglia, 69,28% à Lucciana, 59,13% à Furiani, 58,40% à Borgo, 58,11 % à Bastia, 50,40% à Santa Maria di Lota. Seul San Martino-di-Lota place Emmanuel Macron en tête avec 69,88 %. En Balagne, elle frôle 65% à Calenzana, dépasse 60% à Calvi, Aghione, Olmi-Cappella, 56 % à Manso, 54% à Lisula, plus de 51% à Montegrosso, 50% à Monticello… Emmanuel Macron tire son épingle du jeu à Aiti, Alando, Algajola, Altiani, Aregno, Asco, Belgodère, Tox, Tralonca, Bustanico et s’offre même 90,79 % à Bigorno.
L’ancrage dans le Sud
La tendance est identique en Corse du Sud. Toutes les communes de la côte Est, de Solaro à la pointe de l’Extrême-Sud, de l’Alta-Rocca au Grand Sud, lui sont acquises, à une exception près : Zonza. Marine Le Pen décroche plus de 57 % des voix à Portivechju et à Bunifaziu et recueille même plus de 66% à Figari. Idem sur la côte Ouest, de l’Extrème-Sud à Sartène, elle s’impose dans une grande partie du Sartenais-Valinco, mais aussi dans la Gravona et les Deux-Sevi. Elle réalise le Grand Chelem dans la CAPA (Communauté d’agglomération du pays ajaccien) qu’elle avait toutes emportées au 1er tour. Plébiscitée à Sarrola-Carcopino (70,78%), Tavaco (74,07%), Cuttoli-Corticchiato (69,88%), Peri (66,88%), Appietto (67,35%), Alata (64,09%), Afa (61,24%), Valle-di-Mezzana, (60%), elle est ex-aequo avec Emmanuel Macron à Villanova. A Aiacciu, malgré l’appel du maire de droite, Laurent Marcangeli en faveur du président sortant, la candidate RN engrange 11 818 votes, soit 58,8% des suffrages. Elle devance le président sortant de 17,6 points, un score parfois triplé par rapport au 1er tour dans les quartiers populaires de l’Est de la ville qui ont voté massivement pour elle. « La mandature d’Emmanuel Macron n’a pas convaincu. Il faut changer d’attitude. La Corse attend autre chose. C’est à nous de faire en sorte qu’elle soit entendue », commente, très dépité, Laurent Marcangeli. La pilule est tout aussi amère pour le maire macroniste de Bunifaziu qui avait, lui aussi, tenté de mobiliser son électorat pour renverser la vague RN du 1er tour. En vain ! « La Corse vote pour l’Extrême-droite ! La terre de Pascal Paoli, de Jean Nicoli, la terre des Justes, je ne comprends pas ! Nous devons collectivement nous remettre en cause, nous poser beaucoup de questions ». Mais, reconnait-il, « des erreurs ont été commises » par le président Macron. « Il faut faire en sorte que le dialogue soit renoué avec la Corse ».
L’enjeu législatif
En 2017, Emmanuel Macron avait gagné en Corse par défaut… et de justesse. Il n’avait, à l’époque, pas fait grand chose pour cela. Cinq ans après, sa défaite insulaire est cuisante, le moins qu’on puisse dire, c’est que, cette fois-ci, il a tout fait pour, il en est seul responsable. Et ce n’est pas le scrutin des législatives des 12 et 18 juin prochains qui va changer la donne. L’enjeu paradoxal, pour le président réélu est de maintenir sa majorité à l’Assemblée nationale, ce qui risque de s’avérer assez compliqué, d’où l’idée macroniste d’un parti unique qui balayerait largement le spectre gauche-centre-droite, mais dont ses alliés potentiels ne veulent pas. Dès ce lundi, va s’engager une bataille des investitures qui devrait faire rage au niveau national, mais pas soulever d’écume dans l’île. Il est vrai que personne, en Corse, ne se bouscule plus pour saisir l’investiture d’En Marche, même les Marcheurs convaincus y regardent à deux fois, tant elle est rédhibitoire. L’équation est tendue pour ses partisans, notamment au Sud, que ce soit pour Jean-Charles Orsucci qui devrait se présenter dans la 2ème circonscription, ou pour le député sortant Jean-Jacques Ferrara dans la 1ère. Laurent Marcangeli a annoncé de manière plutôt sibylline qu’il soutiendrait les candidats de sa sensibilité dans les quatre circonscriptions de l’île, sans donner, pour l’heure, plus de précisions. Du côté du RN, malgré une évidente déception, François Filoni et le RN local entendent bien surfer sur la vague Marine pour pousser des candidats. « Les gens, aujourd'hui, pour se faire protéger, votent Marine Le Pen en Corse. Ils ne vont pas voter nationalistes », assure-t-il avec optimisme. Si les Nationalistes ont regardé le match présidentiel avec un détachement certain, pour ne pas dire une quasi-indifférence, les choses risquent de s’enflammer très vite avec les Législatives. La prime est donnée en toute logique aux trois députés sortants du côté des modérés, mais pas forcément du côté indépendantiste. « Il n’y a pas lieu de faire des Législatives un terrain miné ou le champ clos des affrontements entre nationalistes », s’est empressé de rappeler le leader du PNC et maire de Portivechju, Jean-Christophe Angelini. Une sage parole qu’il reste juste à appliquer !
N.M.
Pas de choix nationaliste
Cette fois-ci, donc, pas de renversement de tendance en Corse pour Emmanuel Macron comme celui de 2017 où il avait bénéficié de l’appui des Nationalistes modérés, principalement du président de l’Exécutif territorial, Gilles Simeoni, et des leaders de la droite locale, comme le maire d’Aiacciu, Laurent Marcangeli, pour faire barrage au Front national. En 5 ans, si l’affiche du duel du 2nd tour est restée identique, le scénario a complètement basculé avec l’appel au boycott de l’élection par les Indépendantistes et aucune consigne de vote donnée par les Autonomistes. Les partis modérés n’ont émis que le simple conseil de se déterminer « en conscience et en responsabilité » : un appel en filigrane à l’abstention. Leurs leaders et élus sont, cependant, allés voter pour accomplir leur « devoir de citoyen », selon le mot de Gilles Simeoni, mais un vote dont le secret a été aussi bien gardé qu’au 1er tour. Peut-être faut-il voir dans le geste du président de l’Exécutif passé directement dans l’isoloir sans prendre de bulletin, dimanche en fin de matinée à Bastia, une confirmation ou un indice ! Une clé de lecture également dans le commentaire désabusé du député nationaliste de la 2ème circonscription de Corse du Sud, Paul-André Colombani : « J’aimerais bien que le vote blanc soit reconnu. Cela éviterait un choix compliqué ! ». C’est dire si la démarche citoyenne s’est faite sans illusion, ni enthousiasme !
Un vote de défiance
L’appel au boycott et à l’abstention semble avoir été, en partie, entendu ! La Corse affiche une participation encore plus faible qu’au 1er tour qui était déjà la plus faible du territoire national, hors DOM-TOM. Plus de 39 % des Corses, soit plus de 95 000 électeurs sur 243 009 inscrits, ne se sont pas déplacés, 5000 de plus qu’au 1er tour. 10 % ont refusé de choisir entre Marine Le Pen et Emmanuel Macron en votant blanc ou nul. L’abstention atteint aujourd’hui un record là-aussi inédit dans l’île pour un scrutin présidentiel. Le taux de participation totalise à peine 60,73%, soit 3% de moins qu’en 2017 et 7,6 % de moins qu’en 2012. La mobilisation, similaire en Haute-Corse et en Corse du Sud, se délite scrutin après scrutin. Avec seulement 55% de votes exprimés, les électeurs corses se sont manifestement désintéressés de la séquence. Le silence inhabituel de maints bureaux de vote déserts au moment du dépouillement était en soi très significatif. « Ce vote est la conséquence de 5 ans de déni de démocratie. Cela se traduit dans les urnes », résume le député Colombani. Un vote qui exprime « une colère immense » pour l’élu territorial de la droite régionaliste, Jean-Martin Mondoloni. A Alzi, 1 seul électeur sur les 34 inscrits a voté et uniquement pour mettre un bulletin nul dans l’urne !
La vague du Nord
Cette atonie générale a amplement profité à Marine Le Pen. La vague RN qui a déferlé dans la majorité des communes de l’île le 10 avril, s’est considérablement renforcée en 15 jours et culmine à des niveaux inédits. En Haute-Corse, elle caracole en Plaine Orientale : 75,82% à Poggio-Mezzana, 73,63% à Serra-di-Fiumorbu, 72,60% à Talasani, plus de 69% à Cervione, à Prunelli-di-Fiumorbu, Loreto-di-Casinca, plus de 68 à San Nicolao, à Ventiseri, plus de 67 % à Aleria, Sainta-Lucia de Moriani, 64,98% à Castellare-di-Casinca, 62,38% à Vescovato, plus de 58 % à Taglio-Isolaccio, à Tallone, Olmo, Venzolasca, 57,66% à Ghisonaccia, plus de 55% à Penta-di-Casinca… Elle amplifie son score dans les communes de l’intérieur, notamment en Castagniccia et dans le Centre Corse : 85% à Castinetu, 81,45 % à Castellu-di-Rustinu, 80,65% à Soveria, 73% à Polveroso, plus de 72% à Pruno, plus de 68% à Moltifao, Merusaglia, San Lorenzu, 64% à La Porta, ou encore Santo-Pietro-di-Venaco et Corte, … Elle domine également le Cap Corse avec 70,83% à Meria, 64% à Olmeta,61,26% à Sisco, Pietracorbara, Rogliano, Brando, Olcani, Pino… Quelques communes font de la résistance et adoube son adversaire, comme Nonza, Ersa, Morsiglia, Tomino, Cagnano ou Barretali. Idem dans le Nebbiu où le RN tient la distance à Patrimoniu, Barbaggio, Olmeta, Vallecale, Murato, Rapale, San Gavino et Santo-Pietro-di-Tenda, mais cède le pas à Pieve, Sorio, Oletta, Poggio d’Oletta et San Fiurenzu. Comme au 1er tour, Marine Le Pen rafle la mise dans le Grand Bastia, 71,47% à Biguglia, 69,28% à Lucciana, 59,13% à Furiani, 58,40% à Borgo, 58,11 % à Bastia, 50,40% à Santa Maria di Lota. Seul San Martino-di-Lota place Emmanuel Macron en tête avec 69,88 %. En Balagne, elle frôle 65% à Calenzana, dépasse 60% à Calvi, Aghione, Olmi-Cappella, 56 % à Manso, 54% à Lisula, plus de 51% à Montegrosso, 50% à Monticello… Emmanuel Macron tire son épingle du jeu à Aiti, Alando, Algajola, Altiani, Aregno, Asco, Belgodère, Tox, Tralonca, Bustanico et s’offre même 90,79 % à Bigorno.
L’ancrage dans le Sud
La tendance est identique en Corse du Sud. Toutes les communes de la côte Est, de Solaro à la pointe de l’Extrême-Sud, de l’Alta-Rocca au Grand Sud, lui sont acquises, à une exception près : Zonza. Marine Le Pen décroche plus de 57 % des voix à Portivechju et à Bunifaziu et recueille même plus de 66% à Figari. Idem sur la côte Ouest, de l’Extrème-Sud à Sartène, elle s’impose dans une grande partie du Sartenais-Valinco, mais aussi dans la Gravona et les Deux-Sevi. Elle réalise le Grand Chelem dans la CAPA (Communauté d’agglomération du pays ajaccien) qu’elle avait toutes emportées au 1er tour. Plébiscitée à Sarrola-Carcopino (70,78%), Tavaco (74,07%), Cuttoli-Corticchiato (69,88%), Peri (66,88%), Appietto (67,35%), Alata (64,09%), Afa (61,24%), Valle-di-Mezzana, (60%), elle est ex-aequo avec Emmanuel Macron à Villanova. A Aiacciu, malgré l’appel du maire de droite, Laurent Marcangeli en faveur du président sortant, la candidate RN engrange 11 818 votes, soit 58,8% des suffrages. Elle devance le président sortant de 17,6 points, un score parfois triplé par rapport au 1er tour dans les quartiers populaires de l’Est de la ville qui ont voté massivement pour elle. « La mandature d’Emmanuel Macron n’a pas convaincu. Il faut changer d’attitude. La Corse attend autre chose. C’est à nous de faire en sorte qu’elle soit entendue », commente, très dépité, Laurent Marcangeli. La pilule est tout aussi amère pour le maire macroniste de Bunifaziu qui avait, lui aussi, tenté de mobiliser son électorat pour renverser la vague RN du 1er tour. En vain ! « La Corse vote pour l’Extrême-droite ! La terre de Pascal Paoli, de Jean Nicoli, la terre des Justes, je ne comprends pas ! Nous devons collectivement nous remettre en cause, nous poser beaucoup de questions ». Mais, reconnait-il, « des erreurs ont été commises » par le président Macron. « Il faut faire en sorte que le dialogue soit renoué avec la Corse ».
L’enjeu législatif
En 2017, Emmanuel Macron avait gagné en Corse par défaut… et de justesse. Il n’avait, à l’époque, pas fait grand chose pour cela. Cinq ans après, sa défaite insulaire est cuisante, le moins qu’on puisse dire, c’est que, cette fois-ci, il a tout fait pour, il en est seul responsable. Et ce n’est pas le scrutin des législatives des 12 et 18 juin prochains qui va changer la donne. L’enjeu paradoxal, pour le président réélu est de maintenir sa majorité à l’Assemblée nationale, ce qui risque de s’avérer assez compliqué, d’où l’idée macroniste d’un parti unique qui balayerait largement le spectre gauche-centre-droite, mais dont ses alliés potentiels ne veulent pas. Dès ce lundi, va s’engager une bataille des investitures qui devrait faire rage au niveau national, mais pas soulever d’écume dans l’île. Il est vrai que personne, en Corse, ne se bouscule plus pour saisir l’investiture d’En Marche, même les Marcheurs convaincus y regardent à deux fois, tant elle est rédhibitoire. L’équation est tendue pour ses partisans, notamment au Sud, que ce soit pour Jean-Charles Orsucci qui devrait se présenter dans la 2ème circonscription, ou pour le député sortant Jean-Jacques Ferrara dans la 1ère. Laurent Marcangeli a annoncé de manière plutôt sibylline qu’il soutiendrait les candidats de sa sensibilité dans les quatre circonscriptions de l’île, sans donner, pour l’heure, plus de précisions. Du côté du RN, malgré une évidente déception, François Filoni et le RN local entendent bien surfer sur la vague Marine pour pousser des candidats. « Les gens, aujourd'hui, pour se faire protéger, votent Marine Le Pen en Corse. Ils ne vont pas voter nationalistes », assure-t-il avec optimisme. Si les Nationalistes ont regardé le match présidentiel avec un détachement certain, pour ne pas dire une quasi-indifférence, les choses risquent de s’enflammer très vite avec les Législatives. La prime est donnée en toute logique aux trois députés sortants du côté des modérés, mais pas forcément du côté indépendantiste. « Il n’y a pas lieu de faire des Législatives un terrain miné ou le champ clos des affrontements entre nationalistes », s’est empressé de rappeler le leader du PNC et maire de Portivechju, Jean-Christophe Angelini. Une sage parole qu’il reste juste à appliquer !
N.M.