C’est par une minute de silence et un hommage à Anne Alessandri et Fanfan Dominici, récemment disparus, que la présidente Marie-Antoinette Maupertuis a ouvert, jeudi matin, la dernière session de l’Assemblée de Corse pour cette année 2021. Avant d’enchaîner sur l’actualité politique très dense de ces dernières semaines, notamment son déplacement du 9 décembre à Paris avec le Président de l’exécutif, le Collectif de défense des prisonniers, les présidents de groupes de l’Assemblée de Corse et les parlementaires insulaires pour défendre auprès de la représentation nationale la résolution solennelle votée dans l’hémicycle le 22 octobre dernier relative au rapprochement de Pierre Alessandri, Alain Ferrandi et Yvan Colonna. « Nous avons rencontré, tour à tour, des présidents et des membres des différents groupes politiques du Palais Bourbon qui se sont tous, sans exception, montrés très sensibles tant à la non-application évidente du droit français qu’au sort des justiciables et aux conséquences pour leurs familles. Ces échanges nous ont permis de confirmer une chose : nous sommes plus que jamais du côté de la justice, du côté du droit et du côté de la démocratie », déclare-t-elle.
Un appel aux députés
Nanette Maupertuis en profite pour lancer à nouveau un appel aux députés français : « Tout démocrate, tout défenseur de l’application du droit, a le devoir aujourd’hui de s’engager à nos côtés pour demander la levée du statut de DPS (Détenu particulièrement signalé) avant le 31 décembre prochain, car ce statut n’est autre que le dernier stratagème trouvé pour empêcher que ces hommes ne rentrent à Borgu. J’appelle donc à nouveau tous les députés, y compris ceux de la majorité gouvernementale, à nous soutenir au nom du respect de la loi ». Tout en remerciant « Jean-Jacques Ferrara qui était à nos côtés, tous les parlementaires qui nous ont écoutés et qui, parmi les obédiences politiques les plus diverses, nous ont affirmé leur soutien. Un grand merci bien-sûr aux députés nationalistes et leurs collaborateurs pour leur travail de préparation », elle affirme que « Cela montre bien que l’opiniâtreté du collectif Unità Stratègica et le travail que nous avons réalisé ici tous ensemble n’est pas sans effet ». Pour autant, prévient-elle, « le temps presse, et rien ne garantit aujourd’hui que le gouvernement donnera un avis favorable avant la fin de ce mois ».
Un discours de vérité
Pour la présidente de l’Assemblée, ce succès est à mettre à l’actif d’un discours vrai, clair et constant de l’Exécutif nationaliste : « Notre discours porte car c’est un discours crédible et, surtout, de vérité, à l’instar de celui d’ailleurs que nous avons tenu, sans qu’il n’y ait lieu de faire comparaison, sur l’affaire dite de la Corsica Ferries ». Revenant brièvement sur cette dernière affaire, elle s’est félicitée du dénouement positif du bras de fer engagé par le président du Conseil exécutif, Gilles Simeoni, contre le gouvernement. L’Etat a, dans un premier temps, refusé de reconnaître toute responsabilité dans la réparation financière de 86,3 millions € que la compagnie maritime a obtenu, le 22 février dernier, de la Cour administrative d’appel de Marseille, du fait d’un préjudice lié au subventionnement illégal entre 2007 et 2013 du service complémentaire au bénéfice de l'ex-SNCM. Avant de finalement inscrire, dans la prochaine loi de finances, l’octroi à la Collectivité de Corse d’une somme de 50 millions € dans celle-ci pourra disposer librement. « L’Etat abonde dans notre sens en ajoutant 50 millions € au PTIC (Plan de transformation et d'investissement pour la Corse) pour prendre en charge une partie de l’amende. Il reconnaît donc, à demi-mots et par un subterfuge financier dont il a seul le secret, que nous avions raison et que cette dette est en grande partie la sienne », estime-t-elle.
Un simulacre de référendum
Dans la même veine, Nanette Maupertuis tacle le satisfecit du gouvernement et de l’Elysée sur le résultat du référendum en Kanaky qu’elle qualifie de « simulacre ». Pour elle, « L’avenir de l’archipel dans toutes ses composantes politiques et sociales ne saurait pourtant se résumer au résultat d’un referendum que ne reconnaît pas le peuple Kanak. Je souhaite lui apporter ici tout mon soutien. Accepter le résultat de ce referendum revient à nier l’existence de ce peuple et fait peser une hypothèque lourde sur les équilibres sociaux et politiques de la Kanaky ». Elle s’exprime de la même façon sur les émeutes violentes qui secouent au même moment la Guadeloupe, la Martinique et les autres territoires d’Outre-Mer « portant de nouveau, aux yeux de la métropole, les inégalités sociales sidérantes dont leurs populations sont victimes. Nous avons tous vu passer sur les réseaux sociaux notamment, les écarts scandaleux de prix entre l’Outre-Mer et la métropole ». Un problème, rappelle-t-elle, que la Corse connaît bien, « dans d’autres proportions, la vie est bien plus chère que sur le continent. Nous en avions débattu au moment des conférences sur les coûts du carburant et le prix des biens de consommation courante en 2019, mais la crise est passée par là et l’inflation actuelle pèse d’autant plus sur les coûts de production de nos TPE, sur les salariés, encore davantage sur les familles les plus précaires ». Elle révèle qu’elle en a discuté avec les élus communistes qu’elle a reçus la veille et salue le Président Bucchini « qui était le 4 décembre encore devant les grilles de la Préfecture pour dénoncer la perte du pouvoir d’achat des Corses ».
Le stratagème de l’autonomie
La présidente de l’Assemblée de Corse ne pouvait pas manquer de commenter l’évocation par le ministre des Outre-Mer, Sébastien Lecornu, de la question de l’autonomie de la Guadeloupe en réponse « à l’expression intense et légitime du malaise ultramarin, à cette révolte qui gronde depuis des années sans être entendue ». Un commentaire, comme on pouvait s’y attendre, plutôt féroce : « Proposer au pied levé, avec une mansuétude presque sincère, l’autonomie à la Guadeloupe alors que la revendication d’origine est essentiellement d’ordre économique et sociale, en tout cas dans les dernières semaines, relève à mon sens du pur sophisme. Stratagèmes, subterfuges, simulacres, sophismes ! S’agit-il ici des piliers méthodologiques sur lesquels le gouvernement actuel souhaite fonder une politique de développement équilibré en faveur des territoires insulaires et ultramarins dans un contexte de Covid ? Un contexte économique, social et sanitaire difficile, mais aussi d’enjeux écologiques et environnementaux centraux dans les années à venir ». Nanette Maupertuis appelle le gouvernement à « impérativement clarifier sa position sur l’autonomie et l’autodétermination de nos territoires à l’heure où les députés débattent autour de la loi 3DS qui a bien du mal à convaincre, y compris parmi les élus des régions métropolitaines ». Avant de poursuivre in lingua nostra sur la question plus spécifiquement corse : « Per contu nostru, à l’assemblea di Corsica, cuntinuemu à travaglià inde a cumissione di e cumpetenze legislative è di l’evoluzione instituzionale. Sottu a presidenza di Romain Colonna a cumissione s’hè addunita lundi scorsu per stà a sente a Professora Wanda Mastor chì ci hà prisintatu u so rapportu cummandatu dà l’esecutivu. Les débats s’amorcent très positivement par une approche transpartisane et multidimensionnelle de la notion d’autonomie qui ne manquera pas d’ailleurs de s’enrichir dans les semaines qui viennent ».
Une diversité d’opinions
En conclusion, la présidente Maupertuis salue l’arrivée du nouveau recteur de l’académie de Corse, le Professeur Jean-Christophe Agresti, « qui est chancelier des universités et un collègue », ainsi que Julia Benetti appelée ailleurs. Et se réjouit de l’installation, mardi dernier, de la nouvelle Assemblea di a Gjuventù. « Elle compte désormais 5 groupes politiques : trois groupes nationalistes, un groupe de droite et, pour la première fois depuis sa création, un groupe de gauche et écologiste. Je me félicite, avec le jury qui a travaillé avec moi, de cette diversité d’opinions qui, j’en suis sûre, apportera beaucoup à nos débats et fera entendre non pas la voix, mais les voix de la jeunesse insulaire, y compris d’ailleurs sur les questions institutionnelles ».
N.M.
Un appel aux députés
Nanette Maupertuis en profite pour lancer à nouveau un appel aux députés français : « Tout démocrate, tout défenseur de l’application du droit, a le devoir aujourd’hui de s’engager à nos côtés pour demander la levée du statut de DPS (Détenu particulièrement signalé) avant le 31 décembre prochain, car ce statut n’est autre que le dernier stratagème trouvé pour empêcher que ces hommes ne rentrent à Borgu. J’appelle donc à nouveau tous les députés, y compris ceux de la majorité gouvernementale, à nous soutenir au nom du respect de la loi ». Tout en remerciant « Jean-Jacques Ferrara qui était à nos côtés, tous les parlementaires qui nous ont écoutés et qui, parmi les obédiences politiques les plus diverses, nous ont affirmé leur soutien. Un grand merci bien-sûr aux députés nationalistes et leurs collaborateurs pour leur travail de préparation », elle affirme que « Cela montre bien que l’opiniâtreté du collectif Unità Stratègica et le travail que nous avons réalisé ici tous ensemble n’est pas sans effet ». Pour autant, prévient-elle, « le temps presse, et rien ne garantit aujourd’hui que le gouvernement donnera un avis favorable avant la fin de ce mois ».
Un discours de vérité
Pour la présidente de l’Assemblée, ce succès est à mettre à l’actif d’un discours vrai, clair et constant de l’Exécutif nationaliste : « Notre discours porte car c’est un discours crédible et, surtout, de vérité, à l’instar de celui d’ailleurs que nous avons tenu, sans qu’il n’y ait lieu de faire comparaison, sur l’affaire dite de la Corsica Ferries ». Revenant brièvement sur cette dernière affaire, elle s’est félicitée du dénouement positif du bras de fer engagé par le président du Conseil exécutif, Gilles Simeoni, contre le gouvernement. L’Etat a, dans un premier temps, refusé de reconnaître toute responsabilité dans la réparation financière de 86,3 millions € que la compagnie maritime a obtenu, le 22 février dernier, de la Cour administrative d’appel de Marseille, du fait d’un préjudice lié au subventionnement illégal entre 2007 et 2013 du service complémentaire au bénéfice de l'ex-SNCM. Avant de finalement inscrire, dans la prochaine loi de finances, l’octroi à la Collectivité de Corse d’une somme de 50 millions € dans celle-ci pourra disposer librement. « L’Etat abonde dans notre sens en ajoutant 50 millions € au PTIC (Plan de transformation et d'investissement pour la Corse) pour prendre en charge une partie de l’amende. Il reconnaît donc, à demi-mots et par un subterfuge financier dont il a seul le secret, que nous avions raison et que cette dette est en grande partie la sienne », estime-t-elle.
Un simulacre de référendum
Dans la même veine, Nanette Maupertuis tacle le satisfecit du gouvernement et de l’Elysée sur le résultat du référendum en Kanaky qu’elle qualifie de « simulacre ». Pour elle, « L’avenir de l’archipel dans toutes ses composantes politiques et sociales ne saurait pourtant se résumer au résultat d’un referendum que ne reconnaît pas le peuple Kanak. Je souhaite lui apporter ici tout mon soutien. Accepter le résultat de ce referendum revient à nier l’existence de ce peuple et fait peser une hypothèque lourde sur les équilibres sociaux et politiques de la Kanaky ». Elle s’exprime de la même façon sur les émeutes violentes qui secouent au même moment la Guadeloupe, la Martinique et les autres territoires d’Outre-Mer « portant de nouveau, aux yeux de la métropole, les inégalités sociales sidérantes dont leurs populations sont victimes. Nous avons tous vu passer sur les réseaux sociaux notamment, les écarts scandaleux de prix entre l’Outre-Mer et la métropole ». Un problème, rappelle-t-elle, que la Corse connaît bien, « dans d’autres proportions, la vie est bien plus chère que sur le continent. Nous en avions débattu au moment des conférences sur les coûts du carburant et le prix des biens de consommation courante en 2019, mais la crise est passée par là et l’inflation actuelle pèse d’autant plus sur les coûts de production de nos TPE, sur les salariés, encore davantage sur les familles les plus précaires ». Elle révèle qu’elle en a discuté avec les élus communistes qu’elle a reçus la veille et salue le Président Bucchini « qui était le 4 décembre encore devant les grilles de la Préfecture pour dénoncer la perte du pouvoir d’achat des Corses ».
Le stratagème de l’autonomie
La présidente de l’Assemblée de Corse ne pouvait pas manquer de commenter l’évocation par le ministre des Outre-Mer, Sébastien Lecornu, de la question de l’autonomie de la Guadeloupe en réponse « à l’expression intense et légitime du malaise ultramarin, à cette révolte qui gronde depuis des années sans être entendue ». Un commentaire, comme on pouvait s’y attendre, plutôt féroce : « Proposer au pied levé, avec une mansuétude presque sincère, l’autonomie à la Guadeloupe alors que la revendication d’origine est essentiellement d’ordre économique et sociale, en tout cas dans les dernières semaines, relève à mon sens du pur sophisme. Stratagèmes, subterfuges, simulacres, sophismes ! S’agit-il ici des piliers méthodologiques sur lesquels le gouvernement actuel souhaite fonder une politique de développement équilibré en faveur des territoires insulaires et ultramarins dans un contexte de Covid ? Un contexte économique, social et sanitaire difficile, mais aussi d’enjeux écologiques et environnementaux centraux dans les années à venir ». Nanette Maupertuis appelle le gouvernement à « impérativement clarifier sa position sur l’autonomie et l’autodétermination de nos territoires à l’heure où les députés débattent autour de la loi 3DS qui a bien du mal à convaincre, y compris parmi les élus des régions métropolitaines ». Avant de poursuivre in lingua nostra sur la question plus spécifiquement corse : « Per contu nostru, à l’assemblea di Corsica, cuntinuemu à travaglià inde a cumissione di e cumpetenze legislative è di l’evoluzione instituzionale. Sottu a presidenza di Romain Colonna a cumissione s’hè addunita lundi scorsu per stà a sente a Professora Wanda Mastor chì ci hà prisintatu u so rapportu cummandatu dà l’esecutivu. Les débats s’amorcent très positivement par une approche transpartisane et multidimensionnelle de la notion d’autonomie qui ne manquera pas d’ailleurs de s’enrichir dans les semaines qui viennent ».
Une diversité d’opinions
En conclusion, la présidente Maupertuis salue l’arrivée du nouveau recteur de l’académie de Corse, le Professeur Jean-Christophe Agresti, « qui est chancelier des universités et un collègue », ainsi que Julia Benetti appelée ailleurs. Et se réjouit de l’installation, mardi dernier, de la nouvelle Assemblea di a Gjuventù. « Elle compte désormais 5 groupes politiques : trois groupes nationalistes, un groupe de droite et, pour la première fois depuis sa création, un groupe de gauche et écologiste. Je me félicite, avec le jury qui a travaillé avec moi, de cette diversité d’opinions qui, j’en suis sûre, apportera beaucoup à nos débats et fera entendre non pas la voix, mais les voix de la jeunesse insulaire, y compris d’ailleurs sur les questions institutionnelles ».
N.M.