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Nadia Soltani : “Nous sommes ouverts à l'évolution du statut de la Corse”


H. N le Mardi 6 Juin 2017 à 23:06

François Asselineau, candidat malheureux à la présidentielle 2017 a fait le pari – avec cette élection législative – de concourir au très prisé “financement public des partis politiques”. Pour cela il a besoin qu'un pourcent des suffrages s'exprime sur ses candidats dans 50 circonscriptions minimum. L'objectif à atteindre, du haut de ses 0,9% aux présidentielles ne paraît pas impossible. En Corse il présente quatre candidats. Nadia Soltani, analyste programmeuse, diplômée d'un master et mère au foyer, est candidate dans la seconde circonscription de Corse-du-Sud. Si elle n'a à priori aucune chance d'être qualifiée pour le second tour, elle aimerait jouer le trouble fête du scrutin qui va l'opposer à Camille de Rocca Serra (Les Républicains), Paul André Colombani (Pè a Corsica), Jean-Charles Orsucci (Enmarche!), Nicolas Alaris (Parti Communiste Français), Yves Daïen (Lutte Ouvrière) et Dylan Champeau (La France Insoumise).



Nadia Soltani : “Nous sommes ouverts à l'évolution du statut de la Corse”
- Nadia Soltani, François Asselineau que vous représentez pour ces législatives a obtenu 332 547 voix, 0,9% des suffrages. Quel projet porte-t-il exactement en ce qui concerne les territoires ?
- Le sujet du territoire et de son organisation est central dans notre programme. Nous abrogerons la loi NOTRe, qui a été adoptée avec une vue technocratique et comptable complètement ignorante des réalités des territoires concernés. Cet élargissement des circonscriptions (puisque les départements sont sensés disparaître) a pour seul but de faire des économies au nom d’une politique d’austérité que nous dénonçons. Les économies ainsi réalisées, si elles sont avérées, ce qui reste à voir, se feront au prix d’un accroissement des inégalités entre nos concitoyens à l’accès aux services publics, aux administrations, et d’une manière générale, aux institutions démocratiques locales. Nous dénonçons également cette logique quand elle s’applique au niveau des communes, regroupées en communautés d’agglomérations. Les mairies sont dépossédées de leur budget, de leur dotation et de leur pouvoir de décision au profit d’une instance plus grande où on prend le risque que ce soit toujours le plus gros qui décide. En somme, c’est une version miniature de ce que la France subit au sein de l’Union européenne, dont je rappelle que nous sommes les seuls à demander la sortie par l’article 50. À ce titre, je précise que nous ne sommes pas favorables à la Collectivité unique.
Dans notre programme : abrogation de la loi NOTre; retour aux 22 régions ; maintien des 36000 communes, arrêt des regroupements forcés de communes ;

 

- Pourtant ses déclarations en mars dernier concernant les propos de Jean-Guy Talamoni sur l’indépendance de la Corse laissent entendre qu’il est opposé à toute évolution du statut de la Corse?              
- François Asselineau s’est exprimé sur le fait que M. Talamoni prononce un discours en langue Corse, sans le prononcer aussi en Français, en vertu du fait que la langue officielle qu’utilisent les élus de la République est le Français, comme le stipule l’article 2 de la Constitution.

Par ailleurs, nous sommes ouverts à ce que le statut de la Corse évolue, et nous sommes d’ailleurs les premiers à dire que les territoires particuliers doivent bénéficier de statuts particuliers, comme les prises de position de François Asselineau au sujet de l’Outre-mer (Guyane, Réunion) le prouvent. L’insularité et la grande montagne caractérisent définitivement la Corse comme un territoire à besoins particuliers. Au nom de l’égalité entre les citoyens de cette République qui nous est si chère, l’État français doit prendre en compte ces besoins.

J’en profite pour mentionner que François Asselineau a surtout parlé de M. Talamoni pour sa déclaration d’une “Corse indépendante dans le cadre de l’Union européenne”. Nous disons qu’un tel discours est trompeur et porteur de faux espoirs car on n’est jamais indépendant au sein de l’Union européenne.

        

- Sans assise militante sur l’île et face aux trois candidats incontournables que sont MM. Rocca Serra, Orsucci et Colombani, avez-vous la moindre chance de faire un résultat  ?
- Nous sommes les nouveaux venus, donc nous devons nous faire connaître. Bien entendu, d’autres candidats sont implantés depuis plus longtemps que nous. Cependant, j’ai pu observer que les gens sont interpellés par nos analyses. Même si il a fait un petit score au final, force est de reconnaître que le sujet de l’Union européenne était complètement passé sous silence avant que François Asselineau ne démarre sa campagne présidentielle.

De plus, cette élection est une étape cruciale pour notre mouvement car si nous obtenons au moins 1% des suffrages dans 50 circonscriptions (ce que nous avons commencé à faire à l’étranger), nous aurons accès au financement public des partis politiques. Jusqu’à aujourd’hui nous sommes financés exclusivement par les dons et les adhésions.

 

- N’est-il pas compliqué de battre la campagne dans le sillage d’un candidat dont la ligne politique présentée aux présidentielle reste très floue ?    
- Je ne suis pas d’accord avec votre formulation. Le programme de l’UPR est au contraire extrêmement précis. De plus, M. Macron nous a prouvé qu’on peut être élu en revendiquant ne pas en avoir.

Nous ne sommes pas le seul parti critique de l’Union européenne, mais nous sommes le seul parti qui a une position claire et constante : nous voulons sortir de l’Union européenne, de l’euro et de l’OTAN sereinement, juridiquement, et dans le respect de nos partenaires en appliquant l’article 50 du Traité de l’Union européenne.

Enfin, nous avons volontairement refusé de prendre position sur les sujets qui divisent car nous sommes un mouvement qui rassemble, au-dessus du clivage droite-gauche, toutes les françaises et tous les français de bonne volonté qui veulent récupérer leur démocratie et la souveraineté du peuple.

Notre programme prévoit l’instauration d’un référendum d’initiative populaire pour que les français puissent se prononcer dans leurs propres termes sur ces questions.

 

- Parlez-nous un peu de votre parcours, de votre rapport à la Corse.
- J’ai été analyste-programmeuse, puis cheffe de projet. Je suis titulaire d’un master de professeur des écoles. J’ai vécu en Algérie, à Marseille et à Paris avant de m’installer en Corse. Je suis une méditerranéenne de naissance et de coeur, c’est pourquoi je me suis tout de suite sentie à l’aise en Corse. Les valeurs que j’y ai trouvées me parlent, en particulier le rapport à la famille et aux anciens.

J’ai été frappée de constater que cette île que beaucoup ne connaissent qu’à travers les brochures touristiques était menacée au même titre, sinon plus, que les autres régions de France. Je défendrai la culture et le patrimoine Corses car je crois à la richesse de la mémoire.

- La deuxième circonscription de Corse-du-Sud est très étendue, ce large territoire particulier s’articule autour d’aires urbaines denses et des villages parfois très isolés. La diversité est très forte dans ces différents espaces. Votre profil et les orientations politiques de François Asselineau peuvent-ils jouer - de ce point de vue - en votre faveur ?               

- Notre programme ne fait pas l’impasse sur les endroits et les personnes les moins visibles. Nous nous sommes toujours positionnés comme des défenseurs de la ruralité, de l’agriculture familiale, du local, par opposition au mondialisé. Nous croyons que l’État doit garantir à tous les citoyens les conditions d’une vie digne. Nous croyons qu’aujourd’hui la distance, la géographie, la démographie ne doivent plus être des obstacles à ces conditions.

J’invite ceux qui ne nous connaissent pas encore à lire notre programme et à se faire une idée de qui nous sommes et de ce en quoi nous croyons, c’est-à-dire une France universelle, accueillante et apaisée.