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Mobilité : deux enquêtes dévoilent les habitudes de déplacements des Corses


Naël Makhzoum le Mercredi 21 Septembre 2022 à 18:20

Un colloque organisé mercredi 21 septembre à Ajaccio par l'agence d'Aménagement durable, d'Urbanisme et d'Énergie (AUE) de Corse a révélé les résultats de deux enquêtes sur la mobilité des Corses menées entre 2016 et 2018. Il en ressort que les déplacements sur l'île s'effectuent majoritairement en voiture, délaissant les modes de transport écologiques.



Le président de l'AUE, Julien Paolini, a présenté les  les résultats de deux enquêtes. Photo Michel Luccioni
Le président de l'AUE, Julien Paolini, a présenté les les résultats de deux enquêtes. Photo Michel Luccioni
C'est une thématique au centre des débats en cette période de rentrée. La question de la mobilité est abordée de manière récurrente et son impact écologique, présenté comme un défi majeur de la politique insulaire. 

Il y a plusieurs années déjà, deux enquêtes d'ampleur ont été lancées par l'AUE, en partenariat avec plusieurs acteurs : le Centre d'études et d'expertise sur les risques, l'environnement, la mobilité et l'aménagement (CEREMA), les communautés d'agglomérations de Bastia et d'Ajaccio, la collectivité de Corse, les services de l'État et les Chambres de Commerce et d'Industrie (CCI). Une nécessité née d'un constat que rappelle Philippe IstriaChef du département Observation Foncier-Logement-Urbanisme de l'AUE : "On a besoin de connaître les pratiques de déplacements des personnes pour mieux définir à la fois des services et des infrastructures de transport." 

La première enquête, réalisée entre novembre 2016 et mai 2017, relate des donnéesconcernant les déplacements des résidents de l'île hors période touristique. Une seconde, qui s'est déroulée du 15 juin au 15 septembre 2018, s'est, elle, focalisée sur la période estivale et a donc pris en compte les touristes en plus des habitants. "Au total, plus de 8000 personnes ont été sondées pour chacune d'entre elles grâce à une méthodologie particulière adaptée, explique Philippe Istria. On a divisé la Corse en quatre grandes zones avec pour chacune au moins un point d'entrée, port ou aéroport, et des capacités d'accueil touristiques.


Près du double de déplacements en été 

Les fortes variations de population que connaît la Corse entre l'hiver et l'été ont fait apparaître l'obligation de traiter les deux périodes de manière distincte. Et les résultats des études sont clairs sur les spécificités du territoire en matière de déplacements. "On se rend compte que la mobilité insulaire est bien différente de celle observable sur le continent, expose Julien Paolini, président de l'AUE et Conseiller exécutif en charge de l'aménagement du territoire. C'est dû à plusieurs facteurs et notamment, le recours à la voiture individuelle pour des déplacements parfois courts avec un impact carbone important, ainsi que sur la qualité de l'air et donc de vie des habitants." 

Les deux enquêtes font ressortir des chiffres clés, intéressants à comparer avec le nombre d'habitants de l'île, estimé à 350.000. "Un jour moyen de semaine, en hiver, c'est un million de déplacements en Corse, tous modes et motifs confondus, dévoile Philippe Istria, qui présente ce matin-là le colloque. En été, on passe à 1,9 million, ce qui veut dire que l'on augmente de 90% !" Une explosion provoquée par le nombre de touristes, qui s'élève sur un été à 2,5 millions environ, ce qui représente 53% de la population insulaire sur la période. Paradoxalement, cette hausse s'effectue alors qu'un habitant a tendance à effectuer moins de déplacements quotidiens en période estivale.

2/3 des déplacements en voiture 

Ces variations colossales peuvent inquiéter lorsque l'on se penche sur les modes de transport utilisés. "La voiture est plébiscitée et représente environ les deux tiers des déplacements effectués, contre seulement un quart pour la marche à pied, développe le Chef du département Observation de l'AUE. Les transports en commun occupent une place relativement faible, qui en plus diminue en été." 

En pleine semaine européenne de la mobilité, le bilan fait tache. "Le transport public, et particulièrement le réseau de trains, doit faire l'objet d'un développement encore plus conséquent, argue Julien Paolini. Le ferroviaire est une priorité du Conseil exécutif, car c'est l'une des voies à privilégier en mobilité interne et aux endroits où ce n'est pas possible, les transports en commun pour desservir des zones rurales de l'intérieur." 

Les deux enquêtes, dont la durée de validité est de l'ordre d'une dizaine d'années, représentent une solide base de travail. "Ces éléments nous permettent de mieux réfléchir aux politiques publiques que nous devons mettre en œuvre dans les années à venir, notamment en matière de mobilité douce", se réjouit le Conseiller exécutif.  

Alors que la contractualisation pour le développement urbain devrait voir émerger de premiers contrats dès la fin d'année prochaine, l'objectif de décongestionner les centres-villes et d'avoir un lien plus facile entre urbain et périurbain semble primordial pour inciter à la mobilité douce. "L'AUE a déjà fait beaucoup, notamment dans l'accompagnement à l'achat d'un véhicule électrique, mais il faut qu'on fasse davantage, admet Julien Paolini. Ça fait partie de nos priorités pour les mois à venir." 
Désormais, place aux actes.

Photo Michel Luccioni
Photo Michel Luccioni