C’est certainement des quatre circonscriptions corses, celle qui promettait d’être la plus âprement disputée et celle que l’on disait la plus incertaine, mais, à six jours du 1er tour, force est de constater que le suspense promis semble faire flop ! Le député nationaliste sortant apparaissait également comme le plus visé du scrutin insulaire, mais comme ses pairs de Bastia et de Portivechju, il s’avère très difficile à renverser et devrait, sans grande surprise, retrouver son siège au Palais Bourbon. Ce n’est pas son mandat de député qui vaut tant de hargne à Jean-Félix Acquaviva, personne ne peut nier qu’il a, avec comme ses deux collègues, rempli son contrat au-delà des espérances initiales, c’est son habit particulier d’ex-Secrétaire national de Femu a Corsica, son poids dans le parti simeoniste, le rôle qu’on lui prête dans la discorde nationaliste aux précédents scrutins et ses ambitions futures qui lui font porter le poids des rancoeurs et des vindictes. Ses plus farouches adversaires, qui rêvent de le détrôner, ne sont que ses ex-partenaires qui en ont fait, un peu facilement, le bouc-émissaire de leurs déboires. Il est même, pour certains de ses alliés d’hier, l’homme à abattre pour dégager le futur chemin vers le pouvoir. Mais les espoirs de le voir s’effondrer dimanche prochain se sont amenuisés au fil des jours, le député niolain s’étant lancé dans la bataille avec toute la combativité dont il sait faire preuve dans une circonscription où il est bien ancré et où il bénéficie de la force de frappe du président de l’Exécutif, Gilles Simeoni. Il devrait, dimanche soir, sortir largement en tête du 1er tour du scrutin.
La drôle de guerre
Dans cette guerre intra-nationaliste, son adversaire déclaré est Lionel Mortini. Les raisons pour lesquelles le maire de Belgudé, président de la Communauté de communes Lisula Balagna, s’est lancé dans cette guerre avec, lui aussi, beaucoup de détermination et le soutien affiché de Corsica Libera, sont assez peu claires et obéissent aussi à des enjeux de pouvoir bien plus balanins que territoriaux. Quoi qu’il en soit, sa candidature, sans étiquette, sur son nom propre, a torpillé l’accord implicite de ne pas présenter de candidats contre les députés nationalistes sortants, qui bénéficie largement à Paul-André Colombani dans la 2nde circonscription de Corse du Sud. Le PNC assure, pour sa part, qu’il respecte l’accord, même si certains de ses affidés balanins appuient ouvertement l’ex-président de l’ODARC. Core in Fronte, qui a, en vain, appelé à la raison et à l’union, a refusé de s’engluer dans ce duel fratricide, et laisse ses militants voter au gré de leurs amitiés ou de leurs intérêts. La partie, qui paraissait assez bien s’engager pour Lionel Mortini, a très rapidement marqué le pas. S’il peut compter sur son électorat dans son territoire et sur le soutien de la vieille garde Giacobbiste en Centre Corse, la problématique est plus ardue en Plaine Orientale et en Casinca où la Giacobbie, qui a soutenu le PNC aux dernières territoriales, apporte un appui inattendu à la droite. Il est loin d’atteindre l’objectif fixé et risque bien d’être devancé sur le podium du 2nd tour par François-Xavier Ceccoli.
Le challenge de la droite
Le président de la Fédération LR de Haute-Corse, qui a pris des distances avec son parti après l’écrasante défaite de sa candidate Valérie Pécresse aux présidentielles, s’est déclaré très tard, quasiment à la dernière minute. Il a attendu prudemment de voir comment la discorde tournait du côté nationaliste, puis, assuré de ce côté-là, fait le compte de ses voix et de ses soutiens potentiels avant de se lancer dans la bataille. Une prudence de bon aloi sur cette circonscription où la droite conserve quelques beaux fiefs, mais qui a basculé, en 2015, de la domination giaccobiste à la suprématie du mouvement national. S’il est parti confiant, le maire de San Giulianu doit, lui aussi, affronter les guerres intestines d’une famille libérale assez hétérogène qui, sous une unité de façade, est déchirée par des querelles d’ego, des enjeux de leadership et de vrais désaccords de fond. Il doit également réussir à gérer une partie de l’électorat LR qui a viré vers une droite plus dure, pour ne pas dire une Extrême-droite, et des maires qui n’ont guère envie de s’engager dans cette guerre généralisée de tranchées, ni de risquer de s’aliéner la majorité territoriale. La bonne surprise, pour lui, est, donc, le soutien inattendu en Casinca de l’ancienne Giaccobbie qui mène une campagne très active en sa faveur, après avoir fait massivement voter Jean-Christophe Angelini aux territoriales. Même si la partie se présente plutôt bien, François-Xavier Ceccoli, qui se voyait sortir en tête au soir du 1er tour, a du, lui aussi, revoir ses ambitions. L’enjeu, pour lui, est d’accéder à la seconde marche du podium et de retrouver un certain leadership dans la droite nordiste.
Surfer sur les vagues
Dans cette configuration à trois bandes, les cinq candidats restants sont pratiquement relayés aux rôles de figurants. Le candidat du Rassemblement national, Jean Cardi, compte bien récolter une moisson après la vague Marine Le Pen qui a déferlé sur toute l’île aux dernières présidentielles et faire mieux que les 4% du FN en 2017. Objectif similaire pour le Parti communiste, seul parti de gauche à se présenter dans la circonscription. Ce qui donne espoir à sa candidate, transfuge des Insoumis, Amélie Raffaelli-Franceschi, de pouvoir surfer sur l’accord de la NUPES, la Nouvelle Union populaire écologique et sociale, qui réunit sur le continent les quatre partis de gauche - PS, PCF, EELV et LFI- mais qui n’a pas abouti dans l’île. Lutte ouvrière a, pour des raisons de financement du parti, parachuté du continent sa candidate, Viviane Rongione. Tout comme Debout la France, le parti de Nicolas Dupont-Aignan a investi Marie-Dominique Salducci. Enfin, la Baronne ML Mariani succède à son père, le Baron Mariani qui, en 2017, avait recueilli 104 votes. Les petits candidats avaient, globalement en 2017, totalisé 12% des suffrages.
N.M.
La drôle de guerre
Dans cette guerre intra-nationaliste, son adversaire déclaré est Lionel Mortini. Les raisons pour lesquelles le maire de Belgudé, président de la Communauté de communes Lisula Balagna, s’est lancé dans cette guerre avec, lui aussi, beaucoup de détermination et le soutien affiché de Corsica Libera, sont assez peu claires et obéissent aussi à des enjeux de pouvoir bien plus balanins que territoriaux. Quoi qu’il en soit, sa candidature, sans étiquette, sur son nom propre, a torpillé l’accord implicite de ne pas présenter de candidats contre les députés nationalistes sortants, qui bénéficie largement à Paul-André Colombani dans la 2nde circonscription de Corse du Sud. Le PNC assure, pour sa part, qu’il respecte l’accord, même si certains de ses affidés balanins appuient ouvertement l’ex-président de l’ODARC. Core in Fronte, qui a, en vain, appelé à la raison et à l’union, a refusé de s’engluer dans ce duel fratricide, et laisse ses militants voter au gré de leurs amitiés ou de leurs intérêts. La partie, qui paraissait assez bien s’engager pour Lionel Mortini, a très rapidement marqué le pas. S’il peut compter sur son électorat dans son territoire et sur le soutien de la vieille garde Giacobbiste en Centre Corse, la problématique est plus ardue en Plaine Orientale et en Casinca où la Giacobbie, qui a soutenu le PNC aux dernières territoriales, apporte un appui inattendu à la droite. Il est loin d’atteindre l’objectif fixé et risque bien d’être devancé sur le podium du 2nd tour par François-Xavier Ceccoli.
Le challenge de la droite
Le président de la Fédération LR de Haute-Corse, qui a pris des distances avec son parti après l’écrasante défaite de sa candidate Valérie Pécresse aux présidentielles, s’est déclaré très tard, quasiment à la dernière minute. Il a attendu prudemment de voir comment la discorde tournait du côté nationaliste, puis, assuré de ce côté-là, fait le compte de ses voix et de ses soutiens potentiels avant de se lancer dans la bataille. Une prudence de bon aloi sur cette circonscription où la droite conserve quelques beaux fiefs, mais qui a basculé, en 2015, de la domination giaccobiste à la suprématie du mouvement national. S’il est parti confiant, le maire de San Giulianu doit, lui aussi, affronter les guerres intestines d’une famille libérale assez hétérogène qui, sous une unité de façade, est déchirée par des querelles d’ego, des enjeux de leadership et de vrais désaccords de fond. Il doit également réussir à gérer une partie de l’électorat LR qui a viré vers une droite plus dure, pour ne pas dire une Extrême-droite, et des maires qui n’ont guère envie de s’engager dans cette guerre généralisée de tranchées, ni de risquer de s’aliéner la majorité territoriale. La bonne surprise, pour lui, est, donc, le soutien inattendu en Casinca de l’ancienne Giaccobbie qui mène une campagne très active en sa faveur, après avoir fait massivement voter Jean-Christophe Angelini aux territoriales. Même si la partie se présente plutôt bien, François-Xavier Ceccoli, qui se voyait sortir en tête au soir du 1er tour, a du, lui aussi, revoir ses ambitions. L’enjeu, pour lui, est d’accéder à la seconde marche du podium et de retrouver un certain leadership dans la droite nordiste.
Surfer sur les vagues
Dans cette configuration à trois bandes, les cinq candidats restants sont pratiquement relayés aux rôles de figurants. Le candidat du Rassemblement national, Jean Cardi, compte bien récolter une moisson après la vague Marine Le Pen qui a déferlé sur toute l’île aux dernières présidentielles et faire mieux que les 4% du FN en 2017. Objectif similaire pour le Parti communiste, seul parti de gauche à se présenter dans la circonscription. Ce qui donne espoir à sa candidate, transfuge des Insoumis, Amélie Raffaelli-Franceschi, de pouvoir surfer sur l’accord de la NUPES, la Nouvelle Union populaire écologique et sociale, qui réunit sur le continent les quatre partis de gauche - PS, PCF, EELV et LFI- mais qui n’a pas abouti dans l’île. Lutte ouvrière a, pour des raisons de financement du parti, parachuté du continent sa candidate, Viviane Rongione. Tout comme Debout la France, le parti de Nicolas Dupont-Aignan a investi Marie-Dominique Salducci. Enfin, la Baronne ML Mariani succède à son père, le Baron Mariani qui, en 2017, avait recueilli 104 votes. Les petits candidats avaient, globalement en 2017, totalisé 12% des suffrages.
N.M.
8 candidats dans la 2ème circonscription de Haute-Corse
CARDI Jean / CARDI Tony (Parti RN)
RAFFAELLI-FRANCESCHI Amélie / ROSSI Pascal (PCF)
MORTINI Lionel / TRAMINI Marie-Françoise (nationaliste)
SALDUCCI Marie-Dominique / BARNOLE-MARCHINI Thérèse (sans étiquette)
RONGIONE Viviane / MANNONI Laurent (Lutte ouvrière)
ACQUAVIVA Jean-Félix / ANDREANI Marie-Jeanne (Femu a Corsica)
CECCOLI François-Xavier / ASTOLFI Hélène (Droite)
BARONNE ML MARIANI / BARON JHN MARIANI (sans étiquette)
RAFFAELLI-FRANCESCHI Amélie / ROSSI Pascal (PCF)
MORTINI Lionel / TRAMINI Marie-Françoise (nationaliste)
SALDUCCI Marie-Dominique / BARNOLE-MARCHINI Thérèse (sans étiquette)
RONGIONE Viviane / MANNONI Laurent (Lutte ouvrière)
ACQUAVIVA Jean-Félix / ANDREANI Marie-Jeanne (Femu a Corsica)
CECCOLI François-Xavier / ASTOLFI Hélène (Droite)
BARONNE ML MARIANI / BARON JHN MARIANI (sans étiquette)