Les 12 candidats de la 1ère circonscription de Haute-Corse pour les élections élgislatives des 12 et 19 juin.
Le député nationaliste sortant, Michel Castellani sera-t-il réélu dès le 1er tour du scrutin de dimanche prochain ou devra-t-il passer par un 2nd tour de pure forme ? C’est la seule vraie question de cette élection législative dans la 1ère circonscription de Haute-Corse. Même si cette victoire annoncée inquiète le député de Femu a Corsica qui, en grand amateur de football, estime qu’on ne gagne pas un match avant de l’avoir joué, on ne voit pas comment il pourrait perdre cette élection, tant les Nationalistes dominent la circonscription. Il avait déjà été élu, en 2017, avec plus de 60% des voix face au député LR sortant, alors maire de Biguglia, Sauveur Gandolfi-Scheit, porté par la dynamique nationaliste qui avait fait tomber la citadelle zuccarelliste bastiaise en 2014 et arraché le pouvoir régional des mains des Giacobbistes lors des Territoriales de décembre 2015. Cinq ans après, l’enchainement des victoires nationalistes aux scrutins locaux et la suprématie du parti Femu a Corsica, qui a raflé ou rallié la plupart des communes d’importance de la Côte Nord-Est, de la pointe du Cap Corse jusqu’à la rive du Golu, fait de sa réélection une promenade de santé. Cet universitaire discret, proche de Gilles Simeoni, jouit aussi d’une grande notoriété personnelle et d’un indéniable courant de sympathie, de part sa personnalité très consensuelle et surtout de l’inlassable et imposant travail qu’il a mené durant tout son mandat, tant au Palais Bourbon que dans sa circonscription. C’est le nombre de candidats joint à l’inconnue du taux de participation qui déterminera un 1er ou un 2nd tour, tant aucun de ses adversaires n’est raisonnablement en mesure de lui damer le pion.
Règlements de compte
Comment empêcher le député de Femu a Corsica d’être élu dès le 1er tour en lui grignotant quelques petits pourcentages ? C’est tout l’enjeu de la candidature tardive de l’autre Nationaliste. Petru Anto Tomasi, qui, quoi qu’il s’en défende, n’est là que pour régler les comptes de Corsica Libera qui n’a toujours pas digéré l’explosion en plein vol de la coalition Pè a Corsica et l’échec aux Territoriales de juin 2021 qui en a résulté. Le parti indépendantiste n’a, à priori, rien de personnel contre Michel Castellani qui entretient plutôt de bons rapports avec l’ensemble du mouvement national, mais vise à travers lui deux hommes qu’il ne cesse de poursuivre de sa vindicte : le président de l’Exécutif corse, Gilles Simeoni, et l’ex-secrétaire national de Femu a Corsica et député sortant de la 2nde circonscription de Haute-Corse, Jean-Félix Acquaviva. L’accord implicite de ne pas présenter de candidats contre les députés nationalistes sortants, qui bénéficie largement à Paul-André Colombani dans la 2nde circonscription de Corse du Sud, est, pour Corsica Libera, totalement inconcevable dès qu’il s’agit de Femu a Corsica. Les deux candidats, qu’il ne présente que dans les deux circonscriptions de Haute-Corse, en sont l’illustration criante. La rupture, amorcée dès 2018, envenimée avec constance jusqu’aux municipales de 2020, a atteint son point d’orgue aux territoriales de 2021. Depuis, l’opposition est frontale. La crise, qui a secoué la Corse en mars dernier suite à l’assassinat d’Yvan Colonna, a montré l’ampleur de la haine et des rancoeurs. L’appel à la raison, à la concertation et à l’union de Core in Fronte est restée lettre morte. Et ce n’est pas ce scrutin qui va apaiser les tensions.
Une guerre bastiaise
Au-delà de cette guerre intra-nationaliste, se joue en miroir, à travers ce scrutin, une autre bataille strictement bastiaise entre, d’un côté, la majorité municipale et son opposition, et, de l’autre, les deux courants de cette même opposition. Le groupe d’opposition municipale, Unione per Bastia, autour de Jean-Sébastien de Casalta, du libéral Jean-Martin Mondoloni, de Jean Zuccarelli et de ce qu’il reste du MCD, s’est engagé aux côtés de Jean-François Paoli. Le vice-président de la Fédération corse du Parti radical, qui figurait sur la liste de Laurent Marcangeli aux Territoriales, a reçu l’investiture de la majorité présidentielle. Il pourrait bénéficier, en théorie, de l’absence de candidat de droite, mais son audience ne dépasse guère la sphère bastiaise. L’enjeu, pour lui, est d’incarner l’opposition aux Nationalistes afin de creuser le sillon en perspective des prochaines municipales et surtout de marginaliser l’autre opposant. Le Bastiais Julien Morganti, déjà en lice en 2017 et qui avait obtenu alors 18,4 % des suffrages, s’est lancé, comme à son habitude, très tôt dans la campagne, avec détermination et sans étiquette, malgré un ancrage à gauche. Il poursuit sans relâche une trajectoire politique personnelle, mais malgré de nouveaux appuis, reste quand même assez isolé. L’un de ces deux candidats pourrait se retrouver au 2nd tour, reste à savoir lequel.
Une occasion manquée
Là, comme ailleurs dans l’île, la gauche présente un front totalement désuni, faute d’avoir réussi à concrétiser l’accord de la NUPES, la Nouvelle Union populaire écologique et sociale qui rassemble, sur le continent, pour ces législatives, les principaux partis de gauche : le Parti communiste (PCF), la France Insoumise (LFI), les Ecologistes (EELV) et le Parti socialiste (PS). Si le PCF compte sur un vétéran, le secrétaire régional, Michel Stefani, pour maintenir son capital des voix - 5,3% en 2017 -, LFI table sur une novice, Dominique Mauny, pour, en affichant les couleurs de la NUPES, récolter plus que les 4,19% de 2017. L’occasion manquée de l’accord national les force, de fait, à se cannibaliser. Olivier Josué, qui avait recueilli une petite centaine de voix en 2017, repart pour Lutte Ouvrière qui met, pour raison de financement du parti, des candidats un peu partout. Même stratégie pour Reconquête!, le parti d’Eric Zemmour a investi Jean-Michel Lamberti. Ce Gaulliste, refusant l'étiquette d'Extrême-droite, a déjà participé aux municipales bastiaises, sur la liste de Paul Natali en 1989 et sur celle de Jean Zuccarelli en 2020. Son concurrent direct est le benjamin de l’élection, Alexis Fernandez, qui fait ses premières armes en politique avec le Rassemblement national et l’ambition de surfer sur la vague de Marine le Pen qui a déferlé sur l’île aux Territoriales, ou tout de moins de semer pour l’avenir.
Des messages à porter
Restent trois candidatures de témoignage dont l’unique objet est de porter un message. Culturel pour Gaël Maquet, candidat sans étiquette, ni bulletin. Anti-pass sanitaire pour Christine Cettour-Leoni, porte-voix de la révolte anti-pass sanitaire des Patriotes de Florian Philippot. La défense de la cause animale pour Michel Staelens du parti animaliste qui pourrait faire son effet dans cette élection. En 2017, sa compagne Florence Juralina avait créé la surprise en totalisant 2,47% des voix. Fondé en 2016, le parti animaliste bénéficie au niveau national d’une audience grandissante grâce à un activisme tous azimuts sur les réseaux sociaux et à une présence dans plus de 400 circonscriptions. Avec un objectif affiché : faire entrer la voix de la cause animale à l’Assemblée nationale pour lui donner plus d’ampleur. Une cause dans l’air du temps.
N.M.
Règlements de compte
Comment empêcher le député de Femu a Corsica d’être élu dès le 1er tour en lui grignotant quelques petits pourcentages ? C’est tout l’enjeu de la candidature tardive de l’autre Nationaliste. Petru Anto Tomasi, qui, quoi qu’il s’en défende, n’est là que pour régler les comptes de Corsica Libera qui n’a toujours pas digéré l’explosion en plein vol de la coalition Pè a Corsica et l’échec aux Territoriales de juin 2021 qui en a résulté. Le parti indépendantiste n’a, à priori, rien de personnel contre Michel Castellani qui entretient plutôt de bons rapports avec l’ensemble du mouvement national, mais vise à travers lui deux hommes qu’il ne cesse de poursuivre de sa vindicte : le président de l’Exécutif corse, Gilles Simeoni, et l’ex-secrétaire national de Femu a Corsica et député sortant de la 2nde circonscription de Haute-Corse, Jean-Félix Acquaviva. L’accord implicite de ne pas présenter de candidats contre les députés nationalistes sortants, qui bénéficie largement à Paul-André Colombani dans la 2nde circonscription de Corse du Sud, est, pour Corsica Libera, totalement inconcevable dès qu’il s’agit de Femu a Corsica. Les deux candidats, qu’il ne présente que dans les deux circonscriptions de Haute-Corse, en sont l’illustration criante. La rupture, amorcée dès 2018, envenimée avec constance jusqu’aux municipales de 2020, a atteint son point d’orgue aux territoriales de 2021. Depuis, l’opposition est frontale. La crise, qui a secoué la Corse en mars dernier suite à l’assassinat d’Yvan Colonna, a montré l’ampleur de la haine et des rancoeurs. L’appel à la raison, à la concertation et à l’union de Core in Fronte est restée lettre morte. Et ce n’est pas ce scrutin qui va apaiser les tensions.
Une guerre bastiaise
Au-delà de cette guerre intra-nationaliste, se joue en miroir, à travers ce scrutin, une autre bataille strictement bastiaise entre, d’un côté, la majorité municipale et son opposition, et, de l’autre, les deux courants de cette même opposition. Le groupe d’opposition municipale, Unione per Bastia, autour de Jean-Sébastien de Casalta, du libéral Jean-Martin Mondoloni, de Jean Zuccarelli et de ce qu’il reste du MCD, s’est engagé aux côtés de Jean-François Paoli. Le vice-président de la Fédération corse du Parti radical, qui figurait sur la liste de Laurent Marcangeli aux Territoriales, a reçu l’investiture de la majorité présidentielle. Il pourrait bénéficier, en théorie, de l’absence de candidat de droite, mais son audience ne dépasse guère la sphère bastiaise. L’enjeu, pour lui, est d’incarner l’opposition aux Nationalistes afin de creuser le sillon en perspective des prochaines municipales et surtout de marginaliser l’autre opposant. Le Bastiais Julien Morganti, déjà en lice en 2017 et qui avait obtenu alors 18,4 % des suffrages, s’est lancé, comme à son habitude, très tôt dans la campagne, avec détermination et sans étiquette, malgré un ancrage à gauche. Il poursuit sans relâche une trajectoire politique personnelle, mais malgré de nouveaux appuis, reste quand même assez isolé. L’un de ces deux candidats pourrait se retrouver au 2nd tour, reste à savoir lequel.
Une occasion manquée
Là, comme ailleurs dans l’île, la gauche présente un front totalement désuni, faute d’avoir réussi à concrétiser l’accord de la NUPES, la Nouvelle Union populaire écologique et sociale qui rassemble, sur le continent, pour ces législatives, les principaux partis de gauche : le Parti communiste (PCF), la France Insoumise (LFI), les Ecologistes (EELV) et le Parti socialiste (PS). Si le PCF compte sur un vétéran, le secrétaire régional, Michel Stefani, pour maintenir son capital des voix - 5,3% en 2017 -, LFI table sur une novice, Dominique Mauny, pour, en affichant les couleurs de la NUPES, récolter plus que les 4,19% de 2017. L’occasion manquée de l’accord national les force, de fait, à se cannibaliser. Olivier Josué, qui avait recueilli une petite centaine de voix en 2017, repart pour Lutte Ouvrière qui met, pour raison de financement du parti, des candidats un peu partout. Même stratégie pour Reconquête!, le parti d’Eric Zemmour a investi Jean-Michel Lamberti. Ce Gaulliste, refusant l'étiquette d'Extrême-droite, a déjà participé aux municipales bastiaises, sur la liste de Paul Natali en 1989 et sur celle de Jean Zuccarelli en 2020. Son concurrent direct est le benjamin de l’élection, Alexis Fernandez, qui fait ses premières armes en politique avec le Rassemblement national et l’ambition de surfer sur la vague de Marine le Pen qui a déferlé sur l’île aux Territoriales, ou tout de moins de semer pour l’avenir.
Des messages à porter
Restent trois candidatures de témoignage dont l’unique objet est de porter un message. Culturel pour Gaël Maquet, candidat sans étiquette, ni bulletin. Anti-pass sanitaire pour Christine Cettour-Leoni, porte-voix de la révolte anti-pass sanitaire des Patriotes de Florian Philippot. La défense de la cause animale pour Michel Staelens du parti animaliste qui pourrait faire son effet dans cette élection. En 2017, sa compagne Florence Juralina avait créé la surprise en totalisant 2,47% des voix. Fondé en 2016, le parti animaliste bénéficie au niveau national d’une audience grandissante grâce à un activisme tous azimuts sur les réseaux sociaux et à une présence dans plus de 400 circonscriptions. Avec un objectif affiché : faire entrer la voix de la cause animale à l’Assemblée nationale pour lui donner plus d’ampleur. Une cause dans l’air du temps.
N.M.
12 candidats dans la 1ère circonscription de Haute-Corse
STEFANI Michel / DEVOTI Toussainte (PCF)
FERNANDEZ Alexis / MORATI Laure (RN)
CETTOUR-LEONI Christine / MOREL Valérie (sans étiquette)
STAELENS Michel / JURALINA Florence (Parti animaliste)
MORGANTI Julien / ALBERTINI PIETRUCCI Santa (Rassemblement pour la Corse)
CASTELLANI Michel / PONZEVERA Juliette (Femu a Corsica)
JOSUÉ Olivier / MATTEI-GOVI Pierrette (Lutte ouvrière)
MAUNY Dominique / TOMASI Karl (LFI)
PAOLI Jean-François / BALDOCCHI Océane (Parti Ensemble – Horizons)
LAMBERTI Jean / REAL Christian (Reconquête!)
MAQUET Gaël / PRUNETA Nathalie (sans étiquette)
TOMASI Petru Antone / SIMONI Eric (Corsica Libera)
FERNANDEZ Alexis / MORATI Laure (RN)
CETTOUR-LEONI Christine / MOREL Valérie (sans étiquette)
STAELENS Michel / JURALINA Florence (Parti animaliste)
MORGANTI Julien / ALBERTINI PIETRUCCI Santa (Rassemblement pour la Corse)
CASTELLANI Michel / PONZEVERA Juliette (Femu a Corsica)
JOSUÉ Olivier / MATTEI-GOVI Pierrette (Lutte ouvrière)
MAUNY Dominique / TOMASI Karl (LFI)
PAOLI Jean-François / BALDOCCHI Océane (Parti Ensemble – Horizons)
LAMBERTI Jean / REAL Christian (Reconquête!)
MAQUET Gaël / PRUNETA Nathalie (sans étiquette)
TOMASI Petru Antone / SIMONI Eric (Corsica Libera)