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La Corse en 2023 : moins attractive au niveau touristique, mais dynamique dans beaucoup d'autres secteurs


Cécile Orsoni le Samedi 15 Juin 2024 à 17:30

Dans son édition 2023 du bilan économique insulaire, l’Insee tire le portrait d’une Corse moins attractive au niveau touristique, mais dynamique dans les secteurs de l’agroalimentaire, le commerce et les assurances. Le taux de chômage s’élève à 6,5%, ce qui demeure parmi les plus bas de France.



Antonin Bretel, Directeur adjoint INSEE Corse, Christophe Basso, directeur régional INSEE Corse et Déborah Caruso cheffe de la division conjoncture
Antonin Bretel, Directeur adjoint INSEE Corse, Christophe Basso, directeur régional INSEE Corse et Déborah Caruso cheffe de la division conjoncture
Comme chaque année, l’Insee dresse le bilan économique insulaire. « L’économie ralentit suite aux rebonds des activités post-covid, mais ne rentre pas en récession. » explique, en préambule, Déborah Caruso, cheffe de la division conjoncture à l’Insee. Ainsi, en 2023, les économies régionales résistent malgré les successions de chocs comme la guerre en Ukraine et la crise de la Covid. Ces événements ont eu pour conséquence une inflation, qui redescend aujourd’hui, mais qui reste à un taux élevé de 4,9% au niveau national tout comme au niveau régional.

« Dans les secteurs clés de l’économie, la baisse de fréquentation touristique conjuguée à une activité en berne dans le secteur de la construction fait de 2023 une année en demi teinte. » poursuit Déborah Caruso. Dans le secteur du tourisme, les chefs d’entreprise déclarent un net ralentissement des chiffres d’affaires. Dans le commerce, l’hébergement et la restauration, les investissements se réduisent également. Plus spécifiquement, la fréquentation touristique s’élève à 8,2 millions de voyageurs accueillis dans les ports et les aéroports de Haute-Corse, un chiffre stable sur l’année, mais au cœur de la saison juillet-août, ce chiffre diminue de 4% aussi bien sur les liaisons maritimes que les liaisons aériennes. Le trafic maritime se maintient à flot, avec 3,8 millions de passagers dans les ports corses, notamment grâce aux liaisons hors saisons, et le fait que les lignes avec l’Italie progressent de 11%. Dans un contexte inflationniste et de réouverture totale des frontières, les touristes résidant en France arbitrent leur dépense. Cette clientèle fait notamment défaut dans les hébergements touristiques professionnels au cœur de l’été. Avec dix millions de nuitées, la fréquentation touristique régresse de 7% après le rebond de 2022. Ce sont les campings qui sont les grands perdants de l’année 2023. Les hôtels perdent 4% de nuitées par rapport à 2022. La Corse est d’ailleurs la seule région de France métropolitaine où le niveau de fréquentation recule. « Les gens ont eu du mal à financer le trajet Corse-Continent. Le second point c’est qu’il y a d’autres destinations touristiques mondiales qui ont été ouvertes et qui sont redevenues attractives au détriment de la Corse », analyse Christophe Basso, directeur régional de l’Insee.


Le BTP au ralenti

Autre secteur particulièrement touché au niveau régional, celui de la construction. « Ce secteur subit de plein fouet la hausse des taux d’intérêt. », note Christophe Basso. Les entreprises BTP soulignent un ralentissement de la demande privé, mais aussi public. Les autorisations de construire se rétractent de 14%. Cependant, il y a des trajectoires diamétralement opposées entre la haute corse et la Corse-du-Sud puisqu’il y a une chute de 39% en haute corse et une augmentation de 33% en corse du sud des autorisations pour construire. La surface autorisée pour la construction de locaux professionnels diminue de 26%. La baisse des ventes de maisons et d’appartement est sévère avec moitié moins de logements vendus entre 2022 et 2023.


« Cela se traduit en termes d’emploi. La construction représente 10% de la masse salariale insulaire. » explique Déborah Caruso. Ainsi, avec 129 000 emplois au 31 décembre 2023, l’emploi salarié se stabilise après douze années de croissance ininterrompue. Dans le même temps, les déclarations préalables à l’embauche se replient de 3% sur un an. Face aux incertitudes économiques, les hésitations des professionnels se cumulent aux difficultés de recrutement des secteurs clés de l’économie régionale. Inversement, l’emploi progresse dans les transports et conserve sa tonicité dans les activités financières et d’assurances.

Ce sont donc les secteurs du commerce, du transport, de l’hébergement et de la restauration qui sont les plus concernés par la défaillance, suivi du secteur de la construction. Avec l’emploi qui ralentit et la population active qui reste dynamique, le chômage augmente faiblement. Il s’établit fin 2023 en Corse à 6,5%, soit une hausse de quatre points sur l’année. Le taux de chômage insulaire demeure cependant parmi les plus bas de France.

Une année dynamique pour la viticulture

Dans l’agriculture, les prix moyens de production se stabilisent voir baisse pour les engrais et les aliments des animaux. Dans les filières animales, le pastoralisme continue d’éprouver des difficultés. « En revanche, l’année est dynamique pour la viticulture, la production de clémentines et les filières biologiques. 2023 est l’année de naissance de l’avocat et de la renaissance des châtaignes corses. » observe Déborah Caruso.

« Pour résumer, l’activité est relativement stable avec une légère hausse du taux de chômage due notamment à la réforme des retraites. L’inflation a été élevée avec des conséquences indirectes sur la construction, car les investissements ont été moins importants. C’est une année de transition. On subit un contexte national et international assez lourd, mais l’économie se maintient. » conclut Christophe Basso.