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En Corse, 28 000 personnes vivent dans un logement trop petit


Cécile Orsoni le Mardi 9 Juillet 2024 à 13:31

Selon une étude de l’INSEE dévoilée ce 9 juillet, en Corse, 28 000 personnes vivent dans un logement suroccupé. L’île est la deuxième région de France de province la plus concernée. Les habitants de Bastia sont plus souvent à l’étroit, et les familles monoparentales et d’ouvriers sont les plus exposées à cette problématique de la suroccupation.



Arnaud Huyssen, chef de division, Laurence costa bereni, chargée d’études, Christophe Basso, directeur régional
Arnaud Huyssen, chef de division, Laurence costa bereni, chargée d’études, Christophe Basso, directeur régional
L’INSEE a récemment publié une étude qui met en lumière la problématique du mal-logement et de la suroccupation en Corse. Cette enquête se concentre sur les 28 000 personnes vivant dans des logements considérés comme suroccupés. Un logement est défini comme suroccupé lorsque le nombre de résidents dépasse la capacité normale prévue pour cet espace. Par exemple, un couple vivant avec ses trois enfants dans un appartement de deux chambres illustre cette situation. 
Au cours de cette étude, trois observations se dégagent : l’île est la deuxième région de France de province la plus concernée, les habitants de Bastia et des territoires touristiques sont le plus souvent à l’étroit, et ce sont les familles monoparentales et d’ouvriers les plus exposées à la suroccupation. Ainsi, en Corse, 8% de la population vivent dans un logement suroccupé, ce qui représente 3% de points de plus qu’en France de Province. Cela situe l’île au deuxième rang des régions dernières Paca (12%). Cette suroccupation s’explique selon deux niveaux : celui des logements et celui des revenus. La Corse est en effet la région la plus pauvre de l’Hexagone avec 18% de la population vivant sous le seuil de pauvreté et occupant donc des logements plus petits.

Les habitants de Bastia plus à l’étroit qu’à Ajaccio

Autre observation : la suroccupation est plus fréquente dans les communes urbaines que dans les communes rurales. 1 tiers de la population vit dans une des deux villes principales de Corse, Ajaccio et Bastia. À Bastia, 11% de ses habitants vivent dans un logement suroccupé contre 9% pour les Ajacciens. Cela s’explique par le fait qu’il y ait plus de logements sociaux, que l’habitat y soit majoritairement collectif et qu’il y ait davantage d’habitants qui vivent sous le seuil de pauvreté (22% de la population contre 15% à Ajaccio). Dans certains quartiers de Bastia, la suroccupation dépasse le double de la moyenne régionale. Au-delà des villes d’Ajaccio et de Bastia, ce sont les territoires à forte vocation touristique (résidences secondaires en Balagne notamment) qui présentent un taux de suroccupation de 2 points au-dessus de la moyenne régionale. À l’inverse, la suroccupation est plus faible dans le Cap corse, où l’habitat est dispersé.

Les familles monoparentales et d’ouvriers plus exposées à la suroccupation

Les frais liés au logement représentent 30% du budget des familles au niveau national. Ce sont les familles monoparentales qui sont les plus exposées à ce phénomène (18%). Cette proportion augmente avec le nombre d’enfants (26% pour deux enfants). Les couples avec enfants sont nettement moins en situation de suroccupation (10% en moyenne). « Les couples sans enfants sont quasiment épargnés par ce phénomène, notamment les retraités (2%). Si vivre en couple permet de réaliser des économies d’échelle, c’est impossible pour les familles monoparentales, » souligne Laurence Costa-Bereni, chargée d’études à l’INSEE. À l’image des familles monoparentales, la suroccupation varie selon la catégorie socio professionnelle. « Plus on monte dans la catégorie sociale, plus la part de personnes en logement suroccupé diminue. Les familles de cadres, de professions intellectuelles supérieures et de retraités sont très peu concernées par le mal-logement, plus fréquemment propriétaires d’une maison. À l’inverse, les familles dont le référent est sans activité professionnelle ou ouvrier sont trois fois plus souvent dans une situation de suroccupation du logement que celle des cadres. Le phénomène s’enracine donc au sein des familles les plus en difficulté, » conclut Laurence Costa-Bereni.

Photo Paule Santoni
Photo Paule Santoni