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Déchets en Corse : Zeru Frazu dénonce le bilan "peu glorieux" du Syvadec


Julia Sereni le Mercredi 20 Avril 2022 à 16:46

Selon le bilan régional 2021 des déchets ménagers publié par l’observatoire du Syvadec, le tri est en progression en Corse. Pour le collectif Zeru Frazu, « il n’y a pas lieu de se glorifier ».



Photo archives CNI
Photo archives CNI
L’Observatoire des Déchets Ménagers de Corse, créé par le Syvadec, a publié son bilan annuel. Et ses conclusions sont plutôt encourageantes : « Le tri continue de progresser, en particulier celui des biodéchets », peut-on lire en introduction de l’étude. Mais pour le collectif Zeru Frazu, qui milite « contre l’incinération et pour une saine gestion des déchets », ce constat est biaisé. « Malgré un titre optimiste ‘le tri toujours en progression en Corse’, il faut bien se rendre à l’évidence des chiffres : pas plus qu’en 2019 et qu’en 2020, il n’y a lieu de se glorifier », indique Zeru Frazu dans un communiqué.
 
Point par point, le collectif reprend le bilan de l’observatoire. À commencer par les chiffres de la production de déchets ménagers et assimilés. Le Syvadec fait état d’une production totale de 243 933 tonnes pour 2021, soit « une augmentation de 8% par rapport à 2020 ». Pour le collectif Zeru Frazu, la comparaison avec 2020 n’est pas pertinente, l’année ayant été « trop impactée par le Covid pour servir de référence ». Si l’on prend donc les données de 2019, l’augmentation « est de 1%, en grande partie en lien avec l’augmentation de la démographie ». Bien loin donc des 8% annoncés.

Bataille de chiffres

Concernant la production par habitant, établie par l’observatoire à « 529 kg/an/habitant » soit une production « supérieure de 36 % en Corse par rapport à la moyenne nationale », là encore, il y a bataille de chiffres. Ou plutôt de méthode. Pour Zeru Frazu, « il n’est pas cohérent de comparer des ratios en ne retenant pas les mêmes dénominateurs ». Le bon calcul, pour le collectif, prend en compte la population « DGF » (Dotation Globale de Fonctionnement) qui comprend « les résidents permanents, les résidents secondaires et les populations touristiques appréciées sur les capacités d’accueil ». Avec cette référence, la production s’établit à 561 kg, ce qui n’est « que 11% supérieur au ratio national de 506 kg/habitant DGF ». Zeru Frazu s’interroge sur le mode de calcul retenu : « Dans quel but ? Est-ce pour imposer des solutions industrielles au détriment d’un tri à la source poussé et de la réduction des déchets ? »
 
Sur l’évolution du tri global, qui comprend la collecte et les apports en déchèterie, l’observatoire annonce, comme indiqué précédemment, une progression. « Ce n’est pas faux, mais quelle lenteur… Il augmente très légèrement : +1,2% par rapport à 2020 et +1,85% par rapport à 2019 », souligne le collectif Zeru Frazu. « Le taux de tri global pourrait considérablement et rapidement augmenter si le tri à la source des biodéchets était organisé », estime le collectif. Concernant plus particulièrement les collectes par les collectivités, Zeru Frazu considère que la performance de tri est « toujours très faible et ne progresse pas à la hauteur des attentes de la population, malgré les affirmations positives du bilan régional ».

« Ni un satisfecit, ni un jugement de valeur » pour le Syvadec

Du côté du Syvadec, on rappelle le contexte d’élaboration de ce bilan. « Nous avons créé un observatoire en 2021, nous faisons ce bilan depuis 2018, c’est un travail de compilation de l'information autour des déchets ménagers. Notre intérêt est de donner accès aux données à tous ceux qui souhaitent les analyser », indique Cynthia Vola, Directrice du développement territorial. « Ce n’est ni un satisfecit, ni un jugement de valeur, c’est un bilan factuel », précise t-elle.
 
Concernant les modes de calculs retenus, Cynthia Vola assure que l’observatoire utilise « une méthodologie nationale », avec le choix d’une population Insee « qui permet se comparer aux autres territoires, notamment touristiques ». « C’est imparfait, mais cela permet de faire un travail rigoureux et commun », ajoute la directrice. « Pour nous, c’est un vrai intérêt d’avoir des personnes, des associations qui s’emparent de ce travail et suscitent des échanges », conclut-elle.