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Corti : Forte mobilisation pour demander l’application du droit pour Pierre Alessandri et Alain Ferrandi


Nicole Mari le Samedi 30 Janvier 2021 à 18:23

Près de 2000 personnes ont manifesté, samedi après-midi, à Corti, à l’appel de l’Ora di u Ritornu et de la Ligue des Droits de l’homme, pour demander le respect de la loi et l’application du droit pour Pierre Alessandri et Alain Ferrandi, condamnés à la réclusion criminelle à perpétuité pour l'assassinat du préfet Erignac. Le refus du Premier ministre en décembre dernier de lever le statut de DPS (détenu particulièrement signalé), dont ils font l’objet depuis 22 ans, empêche leur rapprochement familial et leur transfert à la prison de Borgu, comme le permet pourtant la loi.



La manifestation partie d'a piazza Padoue, remontant le cours Paoli pour arriver Piazza Paoli.
La manifestation partie d'a piazza Padoue, remontant le cours Paoli pour arriver Piazza Paoli.
« Pour le respect du droit et l’application de la loi ». La banderole, en début de cortège, résume ce qui a mobilisé près de 2000 personnes, samedi après-midi à Corti, dans une manifestation co-organisée par le collectif l'Ora di u Ritornu et la Ligue des droits de l'Homme (LDH), et soutenue par plusieurs associations et partis politiques. Une foule importante dans ce contexte de crise sanitaire pour une demande qui fait consensus dans la population corse : l’application du droit au rapprochement familial à la prison de Borgu pour Pierre Alessandri et Alain Ferrandi, ce qui passe par la levée du statut de DPS (détenu particulièrement signalé) auxquels ils sont astreints depuis leur incarcération. Les deux hommes, condamnés en 2003 à la réclusion criminelle à perpétuité pour l'assassinat du préfet Erignac, sont emprisonnés à la Centrale de Poissy en région parisienne depuis 21 ans et libérables depuis quatre ans. Malgré les avis favorables et répétés à la levée de ce statut par les deux Commissions DPS au niveau départemental et national, toujours suivis par la Chancellerie, l’Etat s’y refuse obstinément. Un nouveau et spectaculaire refus, le 18 décembre dernier, asséné – fait inédit - par le Premier ministre, par le biais d’un décret enlevant au Garde des Sceaux le droit de statuer, a déclenché une vague de stupéfaction et de colère dans l’île. Depuis la mobilisation s’organise : elle a pris la forme de déclarations de soutien, de motions votées à l’unanimité à l’assemblée de Corse et dans plus d’une trentaine de conseils municipaux ou communautaires de l’île, notamment Bastia et Aiacciu, ainsi que d’une pétition qui vient d’être mise en ligne sur le site change.org et a déjà recueilli près de 1600 signatures.

Piazza Pasquale Paoli
Piazza Pasquale Paoli
L’émotion des familles
La manifestation très structurée est partie de la Piazza Padoue et a remonté, dans le calme et la sobriété, le cours Paoli jusqu’à Piazza Paoli, au cri de Libertà et au son de chants nationalistes. En première ligne, derrière les banderoles, les familles des prisonniers défilent avec dignité et beaucoup d’émotion devant la forte mobilisation populaire. Leur détermination est intacte, comme l’explique, à CNI, Simon-Paulu Ferrandi, fils d’Alain Ferrandi :

Simon-Paulu Ferrandi : « La mobilisation va continuer »

Piazza Paoli, devant la statue du père de la nation corse, Simon-Paulu Ferrandi, a lu un message in lingua nustrale adressé par son père Alain Ferrandi et Pierre Alessandri aux participants :

Le message d'Alain Ferrandi et de Pierre Alessandri

Le respect du droit et de la loi
Auparavant, Thierry Casanova, porte-parole du Collectif L’Ora di u ritornu, et André Paccou, représentant de la LDH-Corsica, avaient longuement martelé le respect du droit et l’application de la loi et fustigé l’attitude de l’Etat. « Il faut impérativement que la force de l’opinion publique réussisse à faire bouger les lignes. Cette mobilisation est une étape importante, elle confortera la légitimité des élus quand ils s’adresseront au Premier ministre et au Président de la République », espère Thierry Casanova.

Extraits des discours de Thierry Casanova et André Paccou



Paroles sur le vif

Jean-Baptiste Arena, maire de Patrimoniu et co-leader de Core in Fronte : « Nous sommes là déjà, avant tout, pour les familles et, ensuite, en tant que simple citoyen. Il faut faire respecter le droit. Alain Ferrandi et Pierre Alessandri auraient du être conditionnables depuis quatre ans, c’est la moindre des choses qu’ils puissent au minima être rapprochés auprès des leurs. Quand on sait qu’en 1953, la France a amnistié des gens qui ont commis des crimes contre l’humanité, des gens qui ont envoyé des enfants dans des camps de concentration, et, aujourd’hui, elle refuse à des gens, qui ont accompli leur peine et même plus que leur peine, le droit de rentrer sur leur terre. Nous, nous ne demandons pas l’amnistie, seulement qu’au bout de 22 ans de prison, ils puissent enfin être rapprochés à Borgu ».
 
Michel Castellani, député de Bastia : « D’abord, il faut comprendre la souffrance de la famille Erignac, comme il faut comprendre la souffrance et les difficultés des familles des emprisonnés. C’est un sujet extrêmement douloureux, mais ce n’est pas le sujet de la manifestation d’aujourd’hui. Le sujet aujourd’hui, c’est l’application du droit. Nous sommes dans une démocratie et, dans une démocratie, il n’y a pas de revanche d’Etat, il n’y a pas de transgression : on applique la loi. Un certain nombre de prisonniers méritent d’être au moins rapprochés de leurs familles. C’est l’application du droit. C’est pourquoi je suis content de voir ce soutien populaire ».

Hyacinthe Vanni, vice-président de l’Assemblée de Corse et président du groupe Femu a Corsica : « Il faut que la loi soit respectée. Aujourd’hui, cet acharnement de l’Etat est inacceptable. On se doit d’être là pacifiquement pour le dire et le marteler encore une fois ».
 
Petr’Anto Tomasi, président du groupe Corsica Libera à l’Assemblée de Corse : « C’est normal d’être présents ici aujourd’hui, comme nous le sommes depuis le début de la mobilisation pour les cas d’Alain Ferrandi et de Pierre Alessandri. L’injustice a été renforcée par les décisions de la fin de l’année dernière. Alors que tous les voyants étaient au vert pour qu’Alain Ferrandi et Pierre Alessandri retrouvent la terre de Corse et se préparent à retrouver légalement la liberté, on voit bien qu’on est dans une démarche qui méprise le droit. On est dans une véritable vengeance d’Etat. Il est important que les Corses, aujourd’hui, fassent entendre leurs voix malgré un contexte sanitaire difficile. La mobilisation dans les rues de Corti est positive, elle dépasse le mouvement national. Il faut l’amplifier et faire tomber cette position qui est contraire à tous les principes démocratiques et juridiques ».

Jean-Sébastien de Casalta, avocat bastiais et membre de la LDH : « Nous sommes ici, pour ma part en tant que citoyen, pour dire : Oui au droit ! Oui à la justice ! et Non à l’arbitraire ! C’est un mot d’ordre trans-partisan qui nous rassemble tous et qui justifie ma présence et celle de tous ceux qui ont souhaité manifester pour apporter leur soutien à une conception du droit et de la justice qui doit être, tout simplement, respectueuse des règles et qui doit être débarrassée de toutes considérations politiques qui n’ont pas lieu d’être ».

Jean-Christophe Angelini, maire de Portivechju et leader du PNC