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Conseil exécutif de Corse : Une rentrée politique sous le signe des urgences sanitaires et hydriques


Nicole Mari le Mardi 31 Août 2021 à 19:42

Le Conseil exécutif de Corse a tenu son séminaire de rentrée toute la journée de mardi à Corti dans les locaux de la Collectivité de Corse. L’occasion pour son président, Gilles Simeoni, de dresser un premier bilan de l’été et de hiérachiser les priorités de cette nouvelle mandature de sept ans. Avec des urgences : la rentrée scolaire, la crise sanitaire et la sécheresse. Des enjeux sociaux, touristiques et économiques. Et un objectif : caler une nouvelle méthode de travail plus transversale pour apporter des réponses concrètes et tenir les engagements pris.



Le Conseil exécutif de la Collectivité de Corse réuni autour de son président Gilles Simeoni pour un séminaire de rentrée à Corti.
Le Conseil exécutif de la Collectivité de Corse réuni autour de son président Gilles Simeoni pour un séminaire de rentrée à Corti.
Des urgences à régler, des enjeux à prioriser et une nouvelle méthode de travail. A deux jours de la rentrée scolaire sur fond de crise sanitaire qui persiste, le Conseil exécutif de la Collectivité de Corse s’est réuni en séminaire à Corti pour préparer une rentrée politique, économique et sociale qui s’annonce chargée. Une rentrée particulière puisqu’elle marque véritablement le début d’une nouvelle mandature de sept ans avec un Exécutif renouvelé et des nouveaux conseillers qui vont devoir imprimer leurs marques et proposer leur feuille de route d’ici à la fin de l’année. « Pour la première fois, nous avons devant nous une mandature de sept ans, nous sommes, donc, dans un rapport au temps différent des deux dernières mandatures. Cela nous permet de nous inscrire dans une vision stratégique avec des objectifs de transformation profonde et de réponses satisfaisantes de fond à des enjeux structurants dans tous les domaines. Et aussi de changer de méthode, cela peut paraître non essentiel, mais nous considérons que la méthode est une garantie forte de la réussite politique », pose d’emblée le président de l’Exécutif, Gilles Simeoni. Travailler à une nouvelle méthodologie semble être l’enjeu premier de ce séminaire de rentrée avec un maître-mot : la transversalité et la collégialité. Si l’idée n’est pas neuve, sa concrétisation s’est heurtée pendant les six dernières années aux luttes de pouvoir entre cadors de l’ancienne majorité. Désormais la démarche et les décisions devront être « plus articulées » entre les différents acteurs. Gilles Simeoni, qui avoue notamment « beaucoup d’inquiétude au niveau de la sécheresse et du risque incendie », annonce « un calendrier politique très fourni et des rendez-vous importants pour la Corse » et promet « des propositions très concrètes », comme il l’explique en vidéo :

Gilles Simeoni : « Nous allons tenir les engagements que nous avons pris »

Des dossiers prioritaires
Parmi les dossiers définis comme prioritaires à court terme : le prix de l’essence. « Nous allons saisir le gouvernement d’une demande législative et règlementaire sur le prix des carburants », déclare Gilles Simeoni. La lutte contre la spéculation immobilière avec la révision du PADDUC : « Nous apporterons des réponses en concertation avec les maires pour améliorer le système actuel et accompagner les communes de l’intérieur et de montagne dans l’installation des jeunes ». La mise en œuvre des programmes contractualisés avec l’Etat, notamment la rénovation énergétique des logements sociaux, promise lors de la campagne électorale. « 8600 logements sociaux sont concernés. Ce sont des passoires thermiques, les rénover est un enjeu à la fois de santé publique, d’économie pour les ménages avec un gain estimé entre 800 € à 1 000 € par an, de commandes publiques pour les entreprises insulaires et de diminution de la facture énergétique globale. C’est un enjeu central qui ne pourra se concrétiser que dans un dialogue avec l’Etat dans le cadre des financements notamment du Plan de relance national et du PTIC (Plan de Transformation et d’investissement pour la Corse) ». Idem pour la nouvelle Politique agricole commune (PAC) où « le dialogue est nécessaire avec des Etats qui pèsent de plus dans les décisions européennes ».

Un nouveau chapitre avec l’Etat ?
Concernant les relations avec Paris qui devraient, aux dires des ministres qui se succèdent à pas cadencés dans l’île, se détendre, Gilles Simeoni reste prudent. « J’ai lu avec attention les propos de Mr Stéphane Séjourné (député européen et ancien conseiller politique d’Emmanuel Macron). Il y avait la reconnaissance du fait démocratique, l’affirmation que le gouvernement souhaitait prendre en compte le suffrage universel. Je m’en réjouis, malheureusement cela n’a pas été complètement le cas jusqu’à aujourd’hui. C’est une prise de position intéressante, j’espère qu’elle se concrétisera rapidement par des décisions visibles, tangibles ». Mais pour lui, « Le coup d’envoi de cette nouvelle séquence doit être donné par le Président de la République qui a toutes les cartes en main à Paris. C'est lui qui donne le LA. Le gouvernement, les ministres et éventuellement les préfets feront ce que le Président de la République dira de faire ». Concernant une tension plus locale avec la nouvelle opposition qui a tenté un coup de force au syndicat de l’énergie, il a appelé à « revenir à une vision apaisée et partagée » tout en confirmant que la Collectivité de Corse a engagé un recours qui sera examiné le 3 septembre.

Des capteurs de CO2
Le Conseil exécutif a, ensuite, fait le point sur deux actualités immédiates. D’abord la rentrée scolaire, le 3 septembre, qui se déroulera, pour la deuxième année consécutive, sous le spectre de la crise sanitaire. Antonia Luciani, conseillère exécutive en charge de la culture, du patrimoine, de l’éducation et de la formation, signale la mise à disposition d’agents de la Collectivité auprès des établissements du secondaire, notamment pour faciliter la vaccination des adolescents qui le souhaitent, mais aussi la mise en place de capteurs de CO2. « Pour lutter contre le variant Delta qui est virulent, une bonne aération des classes est nécessaire. Nous avons proposé à tous les établissements de les doter de capteurs indiquant quand le taux de CO2 est trop élevé et que la pièce a besoin d’être aérée », explique-t-elle en vidéo :

Antonia Luciani : « L’objectif est d’avoir la rentrée scolaire la plus protégée possible »

La problématique sanitaire
La rentrée scolaire reste, cependant, sanitairement problématique avec la crainte de la hausse des contaminations. « En plus de l’aération, nous avons insisté pour que les tests salivaires soient pratiqués de façon régulière chez les enfants de manière à pouvoir isoler les enfants positifs et éviter la contamination en classe et en famille », précise Bianca Fazi, conseillère exécutive en charge du social et de la santé. « Nous faisons également un focus sur la vaccination. Les médecins vaccinateurs vont aller dans les collèges avec des pédiatres qui feront de la pédagogie in situ. Il y aura des créneaux dédiés aux adolescents qui désirent se faire vacciner. La Collectivité de Corse a proposé, en cas de besoin, des locaux et mis du personnel à disposition de manière à pouvoir répondre aux demandes qui, semble-t-il, vont s’accélérer à partir du 5 septembre ». Et, comme toujours, elle reste prudente : « Le virus mène la danse et on s’adapte ». L’idée, ajoute le président de l’Exécutif est de « rendre possible au plan matériel la vaccination de ceux qui le veulent, soit in situ, soit dans des lieux tiers ». Il rappelle son désir « de convaincre plutôt que de contraindre ». Avec en corollaire de l’enjeu sanitaire, un enjeu économique : sauver l’arrière-saison touristique en étant « le territoire où le virus circule le moins ».

La pénurie d’eau
L’autre actualité est la lutte contre la sécheresse et la pénurie d’eau. « Nous avons été obligé de limiter l’accès à l’eau, notamment en Plaine Orientale. Certaines communes ont du organiser des tours d’eau. Cela nous rappelle notre précarité en termes d’eau, d’autant que ces épisodes de sécheresse sévère sont de plus en plus fréquents », rappelle Gilles Giovannangeli, conseiller exécutif et président de l’Office d’équipement hydraulique de la Corse (OEHC). Une nouvelle réunion du Comité Ressource en eau est prévue, ce mercredi, avec l’ensemble des acteurs, dont les agriculteurs qui se retrouvent confrontés à des restrictions d’irrigation. L’enjeu résume, le président de l’OEHC, est, tout à la fois, d’économiser la ressource, de la sécuriser et de l’augmenter. Il promet « une feuille de route dans les 100 jours pour définir des priorités d’aménagement avec des réponses en termes de mise aux normes des barrages existants, de construction de nouveaux barrages et de retenues collinaires. L’objectif est de densifier le réseau agricole et de rendre plusieurs milliers d’hectares agricoles irrigables », comme il l’explique en vidéo :

Gilles Giovanangeli : « Nous allons apporter des réponses fortes pour augmenter la ressource en eau »

L’enjeu méditerranéen
En fin de semaine, le président Simeoni se rendra au Congrès mondial de la nature pour représenter la Corse : « C’est un rendez-vous qui regroupe plusieurs dizaines de milliers de participants et qui est très important dans le contexte actuel où les enjeux du réchauffement climatique et de la biodiversité sont perçus comme essentiels. Cette année, il y aura un focus particulier sur la Méditerranée et sur la nécessité de construire des démarches stratégiques. C’est un engagement qui nous tient à cœur et une vision que la Collectivité de Corse, le Conseil exécutif et l’actuel majorité territoriale ont toujours porté à bout de bras. J’espère qu’il en sortira des décisions concrètes ». Autre rendez-vous important de ce mois de septembre : le forum mondial de la mer qui sera entièrement consacré à « la Méditerranée des projets » et à l’engagement de l’Union européenne pour les océans. Avec un projet phare : la mise en place d’un parlement méditerranéen de la mer.

N.M.