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Bastia : La clinique Maymard prépare la fermeture de sa maternité


Thibaud KEREBEL le Mercredi 28 Décembre 2022 à 17:10

En novembre 2023, le service de maternité de la clinique Maymard, à Bastia, fermera ses portes pour rediriger les usagers vers le centre hospitalier de la ville. Un moyen, selon l'ARS, de lutter contre la désertification médicale, mais aussi d'assurer une meilleure prise en charge.



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Le mois de novembre dernier, l’Agence Régionale de Santé a tranché. Pour accoucher à Bastia, il n’y aura plus qu’une seule direction à prendre, celle du centre hospitalier. La fin d’un choix entre le CH et la clinique Maymard, dont les activités de maternité cesseront définitivement en novembre 2023. Cette décision d’importance n’est en revanche pas une surprise. Alors que les premières discussions remontent à 2018, l’ARS avait commandé une mission d’expertise en 2021, pour trancher sur la question. Réponse du Dr Dominique Dallay, en charge du dossier : « L'expertise a conclu à la nécessité de conforter la maternité du CH de Bastia qui est une maternité de niveau 2B (service obstétrique et néo-natal), indispensable au territoire ». En clair, « c’est toute une filière à sécuriser ».

Le premier motif de ce regroupement, c’est la désertification médicale, un sujet qui ne cesse de prendre de l’ampleur en Corse, où les moyens humains sont en baisse depuis plusieurs années. « Ce contexte nécessite qu’on centralise les professionnels, plutôt que de les diluer sur plusieurs sites », justifie Franck Vanlangendonck, le directeur de la clinique Maymard, plutôt satisfait de la décision de l’ARS. « Il est même incontournable de rassembler les maternités sur un seul et même site. C’est à la fois une question de bon sens, d’attractivité, et de sécurité. » Ce dernier point est également au cœur de l’argumentation de Franck Vanlangendonck.

« Actuellement, en Corse, on constate une baisse globale de la natalité. Selon nos prévisions, à la clinique Maymard, on devrait terminer l’année 2022 avec un total de 430 à 450 accouchements. D’ici cinq ans, on risque plutôt d'être autour de 250 ou 280. La conséquence directe, c’est que les praticiens n’auront pas réalisé suffisamment d’accouchements pour être à l'aise dans la prise en charge des complications. Ce qu’il faut savoir, c’est que plus vous faites d’accouchements, plus vous êtes alertes, et aptes à réagir en cas de problème. Même si un accouchement se passe bien, on n’est pas à l’abri d’une complication. Donc là, on parle de sécurité de la prise en charge. »

« Forcément, ça génère un surcoût »

Pour les usagers, la première conséquence directe de ce regroupement des services est la fin, pour les accouchements, du choix entre secteur public et secteur privé. Mais la décision de l’ARS impacte également les praticiens de Maymard, dont les postes seront clôturés dans moins d’un an. « Nous, on souhaite mettre en place un transfert du personnel, de la clinique vers l’hôpital », explique Christophe Arnould, le directeur du centre hospitalier de Bastia. « Ce que l’on sait, c’est que sur les deux gynécologues obstétriciens de Maymard, il y en a un qui a fait le choix de quitter la Corse. Et on est en discussions avec le second, pour voir si il peut renforcer les équipes. Il y a aussi des sages femmes et des auxiliaires de puériculture qui sont concernées. On leur a également fait des propositions, et on attend les retours. »

En l’état, le CH de Bastia n’est pas encore en mesure d'accueillir un flux supplémentaire d’accouchements. C’est pour cela que des travaux sont actuellement en cours, afin d’agrandir les locaux. « Forcément, ça génère un surcoût », précise Christophe Arnould. « Pour effectuer 500 nouveaux accouchements, il faut plus de place et plus de matériel. L’ARS prendre d’ailleurs en charge une partie de l’investissement. » Si le transfert de compétence est prévu pour novembre 2023, le directeur de l’hôpital anticipe justement une période de transition « entre le moment où les chirurgiens quitteront Maymard, et le moment ou l’ensemble des travaux seront réalisés sur le CH de Bastia ». La communication et la bonne entente sont indispensables, car comme le souligne l’ARS, « c’est un projet commun ».