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Banque de France : « En 20 ans l’Euro est devenu plus qu’une monnaie de confiance »


Marie MAURIZI le Mercredi 24 Avril 2019 à 22:32

Dans le cadre de la semaine de l’économie, une conférence sur le thème « Les vingt ans de l’euro, les défis passés, présents et à venir » a été présentée mercredi dans les locaux de la Banque de France à Ajaccio par Emmanuelle Asouan, directrice Générale Adjointe de la Stabilité Financière et des Opérations à la Banque de France en présence de Jean-Charles Sananes directeur régional.



Jean-Charles Sananes directeur régional de Banque de France et Emmanuelle Asouan, directrice générale adjointe de la Stabilité Financière et des Opérations à la Banque de France/ photo Michel Luccioni
Jean-Charles Sananes directeur régional de Banque de France et Emmanuelle Asouan, directrice générale adjointe de la Stabilité Financière et des Opérations à la Banque de France/ photo Michel Luccioni


L’euro est la monnaie unique de l’économie européenne depuis le 1er janvier 1999, introduite pour les particuliers dans toute l’Europe début 2002. D’après le bilan présenté, la monnaie européenne semble avoir tenu ses deux promesses fondatrices : la stabilité des prix et des changes.
Les augmentations de prix ont été moins rapides dans la zone euro, où l’inflation moyenne a été de 1,7 % par an, près de trois fois moins que durant les vingt années précédentes. Il a aussi facilité les échanges commerciaux et la mobilité en facilitant les voyages puisqu’il n’est plus besoin de changer les devises.
L’euro a ainsi acquis la confiance forte des 340 millions d’Européens dans 19 pays : 75% soutiennent leur monnaie
 

Coût de la vie : un euro stable contribue au pouvoir d’achat
Grâce à l’euro, les français ont gagné des conditions de financement plus favorables et un pouvoir d’achat globalement protégé. Ce dernier a plus progressé en France que dans les autres pays d’Europe. Il y a avant et un après l’euro, avant les prix doublaient en 14 ans, depuis l’inflation s’est montée plus faible, et il faudrait désormais attendre 50 ans pour voir les prix doubler.
Ce gain de pouvoir d’achat se mesure en regardant l’évolution du prix de la fameuse baguette de pain : depuis 2001, le temps de travail nécessaire à l’achat d’une baguette a diminué de 9% (Sources : INSEE, calculs Banque de France).
Depuis 1999, le pouvoir d’achat moyen par habitant a augmenté de 20 % en France, nettement plus que dans le reste de la zone euro (12 %). Des perceptions différentes pour tout un chacun dû à un calcul par moyenne qui ne distinguent pas la situation individuelle de chacun.
 
L’épargne préservée par la maîtrise de l’inflation et une monnaie stable
L ‘euro a contribué à la baisse du coût des financements moins chers pour l’État, les entreprises, les particuliers, favorisant la croissance et l’emploi. La croissance du PIB par habitant s’est élevée en cumulé entre 1999 et 2017 à 19 % en zone euro, presque autant qu’aux États-Unis (21 %).
L’euro étant solide, il inspire confiance aux prêteurs et cela permet à la France d’emprunter presque au même taux d’intérêt que l’Allemagne. Par rapport à la période antérieure du Franc, l’État économise ainsi chaque année au moins 35 milliards d’euros, soit l’équivalent du budget de la Défense.
 
L’euro et l’avenir
Si elle une monnaie de confiance, et une monnaie à succès, l’Europe devra encore se mobiliser pour relever les défis à venir pour progresser vers un euro plus solide et plus inclusif. Il faut renforcer la solidité, mieux répartir la prospérité et affirmer une souveraineté.


Renforcer la solidité
Pour faire face à la crise, des mesures exceptionnelles de politique monétaire ont été adoptées. Stratégie efficace qui a contribué aux 10 millions de créations nettes d’emplois dans la zone euro depuis 2013. Elle devra être progressivement normalisée en fonction des évolutions économiques.


Avancer dans l’Union bancaire
C‘est un des enjeux pour des banques plus solides, renforcer l’Union bancaire. Un véritable marché unique bancaire pourra mieux protéger les Européens contre les aléas financiers.


Mieux répartir la prospérité
Pour cela il faut poursuivre les réformes nationales, et utiliser les marges budgétaires dans les pays où elles existent, pour renforcer la croissance afin d’aider les pays d’Europe où la croissance a été moins rapide ces dernières années.
 
Renforcer l’Union économique
En utilisant mieux l’épargne abondante en Europe pour financer des entreprises d’avenir comme les PME et construire une « Union de financement pour l’investissement et l’innovation ».
Mettre en place une capacité d’intervention budgétaire commune à l’ensemble de la zone euro pour assurer une meilleure stabilisation des économies.
 
Le rôle international de l’euro
Coté entreprises, la France réalise près de 50% de ses échanges avec les autres pays de la zone euro. Des échanges facilités par la suppression de la volatilité et du risque de change qui ont aussi facilité les entreprises à exporter, donc à favoriser l’emploi.
Plus du tiers des échanges commerciaux internationaux sont facturés en euros (34,2 %, proche des 40 % du dollar), mais le dollar reste très dominant dans les échanges financiers. Renforcer le rôle international de l’euro aiderait l’Europe à davantage peser économiquement face aux États-Unis et à la Chine.
 
« Dans un monde incertain, l’euro est devenu plus que notre monnaie : un socle commun de stabilité et un patrimoine collectif qui fait notre force face à la montée des inquiétudes. 72% des Français sont favorables à l’euro. Plutôt que de céder à l’attentisme avant une prochaine crise, il est essentiel aujourd'hui de consolider tous les acquis de l'euro, et d’optimiser son potentiel au bénéfice de tous les Européens. »