Corse Net Infos - Pure player corse

Ajaccio : un millier de personnes dans la rue contre la réforme des retraites


Naël Makhzoum le Samedi 11 Février 2023 à 15:27

En réponse à l'appel de l'intersyndicale de Corse-du-Sud à manifester contre la réforme des retraites ce samedi matin à partir de 10 heures à Ajaccio, environ 1 000 personnes se sont réunies pour protester. Une mobilisation bien moins importante qu'il y a trois semaines, au début des mouvements sociaux.



Un millier de personnes dans la rue à Ajaccio (Photos Michel Luccioni)
Un millier de personnes dans la rue à Ajaccio (Photos Michel Luccioni)
En arrivant devant la gare ferroviaire d'Ajaccio, vers 10 heures, la foule ne semblait pas aussi impressionnante que lors des débuts du mouvement contre la réforme des retraites. Jeudi 19 janvier, lors de la première journée de grève nationale, près de 3 000 personnes - 1 500 selon les autorités - s'étaient réunies pour marcher ensemble vers la préfecture de Corse-du-Sud et faire entendre leur mécontentement. 

Ce samedi matin, on a peiné à atteindre le millier de manifestants, selon les organisateurs. La police en dénombrait de son côté presque 800, pour une fourchette qui semblait confirmer les impressions visuelles. Malgré le choix d'une journée de mobilisation le week-end pour favoriser la participation et une météo très clémente où soleil et douceur se mêlaient, le nombre de personnes qui se sont élancées de la gare vers 10h35 a été presque divisé par trois par rapport aux premiers jours.

Pourtant, entre 350 et 500 personnes s'étaient retrouvées lors d'un rassemblement devant la Préfecture, mardi dernier à 18 heures, pour bloquer le Cours Napoléon plusieurs minutes. On aurait alors pu imaginer qu'en plein week-end, la mobilisation aurait été de nouveau massive. "Mais je suis un peu déçu de ce rassemblement, regrette Fabrice, 56 ans. Moi qui ai fait toutes les manifs, c'est un peu dommage si l'on compare au début début du mouvement, notamment."

Quel profil des manifestants ?

Fabrice, 56 ans, est technicien à EDF : "C'est peut-être une révolution qu'il faudrait"
"Moi, je ne vais pas être trop concerné parce que je devais partir à 57 ans, mais les jeunes derrière... J'ai été lignard (technicien de maintenance de lignes à haute tension) pendant 12 ans. Avec les tempêtes qui se succèdent, la neige, les intempéries, ce n'était pas évident. Et là, les régimes spéciaux sont abolis... Il n'y a aucun respect de ce gouvernement pour les travailleurs.
Bien sûr que je ressens la fatigue physique. Je ne m'imaginerais pas remonter aux poteaux, jamais. Et encore, moi je ne suis pas le plus touché. Ceux qui travaillent dans les centrales, le 3/8, le quart de nuit, etc. Ce serait aberrent d'enlever la pénibilité, mais tout est aberrent. C'est peut-être une révolution qu'il faudrait...
"

Catherine, 51 ans, agent public : "C'est marche ou crève"
 "J'ai commence à travailler à 23 ans et on a eu trois enfants. J'ai pris du congé parental qui était sans solde à l'époque, donc il me manque des trimestres. J'ai aussi des problèmes de santé chroniques. Je ne pourrai a minima pas partir avant l'âge de 64 ans. Et si je veux avoir une retraite à taux plein dans les conditions de cette réforme, je devrais attendre 67 ans !
Il me resterait encore 16 ans à travailler pour avoir une carrière pleine, mais compte tenu des problèmes de santé que j'ai, je ne vois pas comment je vais faire. Si j'étais dans le secteur privé, j'aurais droit à une pension d'invalidité de première catégorie. Mais en tant qu'agent public, ça n'existe pas donc soit je reste, soit je quitte. C'est marche ou crève. Et comme mon mari a 62 ans, quand moi j'aurai 67 ans, lui en aura 78 et je n'ai pas envie d'attendre ça pour être disponible avec lui."



Sandrine, 52 ans, assistante maternelle venue avec deux de ses filles : "Cette réforme est barbare"
"Je suis concernée et même si je ne l'étais pas, je suis contre cette réforme barbare très difficile envers les femmes, même dans ma condition. Je parle surtout des femmes mais c'est pour tout le monde. J'ai commencé à travailler à 18 ans. J'ai quatre enfants, ce qui me ferait avoir des points en plus mais pas du temps. Avec la réforme actuelle, je finirais à 60 ans mais là, je devrais aller jusqu'à 64 ans. Ça me ferait travailler pratiquement 44 ou 45 ans..."


Julie, 22 ans, étudiante depuis 4 ans et fille de Sandrine : "Je suis étudiante donc je me sens concernée mais je sais que ça va encore changer dans le futur. Je pense qu'il faut agir maintenant. Au-delà du fait de travailler plus ou moins longtemps, c'est une réforme avec beaucoup d'inégalités sociales donc c'est surtout pour ça que je suis là. J'ai encore un an d'études, donc je ne travaillerai pas avant 24 ans..."


Romane, 15 ans, lycéenne et fille de Sandrine : "Je suis là pour mon avenir, ça concerne en particulier les jeunes donc on doit être en masse dans la rue."
 
Sébastien, 39 ans, dispatcheur EDF venue avec sa femme et son fils de 2 ans en poussette : "Penser à ce qu'on va laisser aux autres"
"Je travaille depuis 23 ans. Cette réforme nous inquiète pour nous et pour lui (son petit garçon, Don Petru). Il faut penser à l'avenir et ce qu'on va laisser aux autres. Sur ma carrière, si on perd notre statut particulier, je perdrais tout ce qu'on pouvait avoir pour compenser le service actif donc de l'astreinte, de jour et de nuit.
Par exemple, je travaille de nuit en 3/8 et on n'aura quasiment pas de points avec le compte pénibilité. Il ne sert pas à grand chose. Pendant 20 ans, j'étais l'astreinte, on était toujours dehors pendant les tempêtes et les renforts.