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8 mai 1769 : Ponte Novu, "une bataille complètement inégale"


Thibaud KEREBEL le Dimanche 7 Mai 2023 à 14:52

Comme chaque année, l'association Ricordu di Ponte organisera, ce lundi 8 mai, une journée commémorative sur les lieux de la bataille de Ponte-Novu. L'occasion de revenir sur les détails historiques de cette défaite, qui a marqué la fin des révolutions corses.



Photo illustration archives CNI
Photo illustration archives CNI
La bataille de Ponte-Novu (8-9 mai 1769) est un événement majeur de l’histoire de la Corse, puisqu’en découle le rattachement de l’île au Royaume de France, après la défaite des troupes de Pascal Paoli. À ce titre, l’événement est commémoré depuis plus de 50 ans par l’association Ricordu di Ponte, qui organisera une journée spéciale, ce lundi 8 mai, comprenant conférence, messe et veillée. Il peut sembler paradoxal de célébrer un revers, mais d’après Erick Miceli, docteur en histoire moderne à l’université de Corse, « quand on commémore une défaite, un oublie ce qui nous divise. Et il y a quelque chose d’assez culturel qui fait qu’on se rassemble plus facilement dans des moments que l’on perçoit comme difficiles. »

D’un point de vue historique, si cette bataille du 8 mai 1769 est souvent citée comme le tournant de l’opposition entre Corses et Français, Erick Miceli insiste sur le fait que « les choses sont quasiment jouées depuis le mois de février 1769 ». « Quand on arrive à Ponte-Novu, ça fait déjà quelques mois que Pascal Paoli écrit de nombreuses lettres en disant qu’il y a beaucoup de déserteurs, que l’on n’arrive plus à payer les soldats… On est dans une dynamique très négative, et la bataille de Ponte-Novu a été l’éclatement au grand jour d’un État qui s’était vidé de sa dynamique profonde. »

L'armée corse démobilisée

Sur la bataille en elle-même, certaines sources manquent. Difficile, par exemple, de dénombrer les opposants. « On a beaucoup de témoignages de Français, mais le problème, c’est que quand un guerrier raconte ses actions, il a tendance à exagérer la valeur, le courage, ou la force de l’ennemi qu’il vient d’abattre ». Toutefois, Erick Miceli l’assure, « c’est une bataille qui était complètement inégale, et c’était le cas pendant toute la guerre contre les Français ». « On a une logistique, côté paoliste, qui n’est pas assez efficace. Ce qui fait qu’il y a, par exemple, plus de 10 % de déserteurs dans l’armée, juste pour le début de l’année 1769. »

Après la défaite de l’armée corse, « dépassée », Pascal Paoli se tourne vers le sud, pour tenter de rassembler les troupes restantes. « Mais ça ne prend pas du tout. Donc il quitte l’île en juin, et fait la remontée triomphale en Europe. » L’État corse perd ses prérogatives, clôture ses comptes, et s’intègre alors au Royaume de France. « C’est un processus long », relève Erick Miceli. « La grande fin des révolutions corses, ce n’est pas tant Ponte-Novu, mais c’est plutôt l’incorporation de la Corse, qui se déroule en septembre 1970. »

Le programme de la journée du 8 mai, à Ponte-Novu :
-12 h : merendella près du Pont
-13 h : conférence d'Erick Miceli
-16 h : messe et procession 
-18 h : veillée