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2021, une belle année pour les clémentines corses


Jeanne Leboulleux-Leonardi le Samedi 22 Janvier 2022 à 17:59

La saison des clémentines s’achève rien Corse et confirme les prévisions : c’est une belle année ! Les producteurs sont satisfaits. Agrumiculteur à E Valle-di-Campulori, président de l’APRODEC – l’association qui gère les signes de qualité IGP clémentine, pomelos, noisette de Cervione et kiwi, ainsi que le label rouge clémentine –, président également de l’AOP de Corse qui traite les clémentines sous l’angle commercial, Jean-Paul Mancel brosse le bilan de l’année et nous donne quelques perspectives pour la suite.



crédit photos : APRODEC-Clémentine de Corse
crédit photos : APRODEC-Clémentine de Corse


- Comment se situe la récolte de cette année par rapport aux années précédentes ?
- Sur les 34 000 tonnes de clémentines récoltées, nous avons pu en expédier 29 500 – pour 30 500 expédiés l’an passé. C’est donc une belle année en termes de volume.  En termes de qualité, l’année est similaire à 2020, avec seulement quelques problèmes de tenue en début de saison parce qu’il a beaucoup plu. Comme d’habitude : des hauts et des bas à certains moments. C’est une année normale, rien de particulier, en fait.
 
- 34 000 tonnes récoltées pour 29 500 vendues ? Que faites-vous du reliquat ?
- Malheureusement, une part de la récolte n’est pas commercialisée et doit être jetée. Bien sûr, une petite partie du reliquat est distribuée par des associations humanitaires. Et une autre est utilisée par l’industrie – l’industrie agroalimentaire corse en achète bien sûr, notamment la maison Antona, pour ses confitures en particulier. 
Nous cherchons à valoriser le plus possible ce qui n’est pas vendu : il faut trouver des marchés, évoluer. J’ai bon espoir. Depuis deux ans, des fruits sont expédiés sur le continent et traités du côté de Lyon. Et pour la récolte de 2022, il y aura deux unités de transformation en Corse : un regroupement de deux organisations de producteurs – Terre d’agrumes et l’OPAC – associé à quelques privés, y compris des producteurs, ont en effet investi dans une usine dont la construction commencera en février 2022. Quant à l’unité réalisée à Moriani par le GIE Corsica comptoir, les travaux sont en cours. 
 
- Vous disiez que les pluies du mois de novembre vous ont posé quelques problèmes…
- Oui. Notre plus grand ennemi, c’est la pluie : quand il pleut en fait sur la récolte. Car le cahier des charges nous interdit de traiter après récolte. Or les clémentines sont sensibles à la chaleur et à l’eau. Donc parfois, le fruit évolue un peu trop vite. Lorsque l’on a de la chaleur et de l’humidité combinés, en hiver, il faut prendre plus de précautions : moins stocker les fruits, les trier davantage avant de les expédier. En décembre, le temps est revenu au beau et c’était très bien. 
 
- Côté main-d’œuvre, les contraintes sanitaires ont-elles encore posé problème cette année ?
- Nous avons fait venir 1100 saisonniers marocains. C’est un gros, gros travail : nous avons commencé à y travailler en mai dernier ! 
L’AOPN avait été chargée par la profession d’organiser les affrètements et l’acheminement des salariés. Nous avons affrété six avions auprès de notre partenaire Air Corsica, sur tout le mois d’octobre et jusqu’au début novembre. Il y avait obligation de tests COVID : avant le départ et à l’arrivée à l’aéroport, organisé par l’ARS et la Préfecture. Il n’y a eu aucun cas de COVID. La Préfecture a fait un gros travail : nous avons obtenu toutes les autorisations nécessaires. Malgré cette période compliquée, nous avons eu tout le monde en temps et en heure ! La profession est satisfaite. C’était vraiment une organisation remarquable, il faut le souligner, fruit de tous les services. 
 
- Pourquoi des travailleurs marocains ?
- Avant tout, parce que c’est un travail saisonnier. Et parce que les bassins d’emplois correspondant aux plantations sont peu peuplés : il faut trouver plus de mille personnes et pour seulement deux mois. C’est compliqué. Un exemple : pour réaliser le conditionnement des fruits, nous nous obligeons à prendre de la main-d’œuvre locale et nous ne sommes pas les seuls. Les stations Agrucorse à Folelli et Fruticor à Moriani ont ainsi besoin de 60 à 90 personnes pour ce travail. Et ces 60 à 90 personnes épuisent toute la ressource du bassin d’emploi ! 
Ajoutons à cela que la récolte des clémentines, c’est un travail ingrat, difficile physiquement. C’est une lutte de tous les jours pendant deux mois : il ne faut pas louper une journée, quel que soit le temps. Car on ne peut pas la rattraper. 
Ces travailleurs marocains viennent chez nous depuis au moins dix ans. Ils font partie intégrante de l’entreprise, ce sont nos salariés. Une grande partie d’entre eux reste pour la taille des clémentines : ils se sont spécialisés dans ce domaine. La Chambre d’Agriculture les a formés. Ils sont expérimentés. 
 
- Vous parliez de la création, en 2022, d’unités de transformation du fruit. Avez-vous d’autres investissements prévus pour les années à venir ?
- Il va nous falloir certainement investir dans le froid. Par rapport à il y a 10 ou 15 ans, les températures des mois de novembre et décembre sont maintenant plus élevées. Le froid arrive plus tard, vers la fin décembre. Or, comme je le disais, la clémentine est un fruit fragile lorsqu’il fait trop chaud et humide. Ça n’est pas une question gustative, mais c’est une question de bonne conservation. 
Nous avons une réflexion de filière sur le sujet : il faudrait investir dans des locaux réfrigérés pour refroidir le fruit le plus tôt possible une fois qu’il a été ramassé et garder sa température constante jusqu’à son départ sur le continent en camion réfrigéré : que ce soit à l’arrivée dans les stations de conditionnement, pendant le conditionnement, et à la sortie, quand les palettes sont prêtes à partir. Certaines stations sont déjà équipées. Cela devrait se développer dans les cinq ans qui viennent, partout où c’est techniquement possible. 
Et en plus, une clémentine un peu fraiche, c’est toujours meilleur ! [Rire]

 


crédit photos : APRODEC-Clémentine de Corse
crédit photos : APRODEC-Clémentine de Corse