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Municipales : Marc Bandittini-Landucci veut faire de Bisinchi un village d’avenir


Nicole Mari le Vendredi 13 Mars 2020 à 15:34

Un nouveau maire sera élu dimanche soir à Bisinchi puisque la mairesse actuelle, François Giampietri, ne se représente pas. Deux listes sont en lice. L’une conduite par Pierre Olmeta, ancien directeur des interventions sanitaires et sociales de l’ex-Conseil général de Haute-Corse, rassemble des élus sortants. L’autre « Bisinchi, Paese d’Avvene » est portée par le Dr Marc Bandittini-Landucci et soutenue notamment par Hyacinthe Vanni, vice-président de l’Assemblée de Corse et président des chemins de fer de la Corse. Une équipe majoritairement composée de jeunes dont l’ambition, explique le Dr Bandittini-Landucci, est de redynamiser un village endormi et d’assurer à la population la sécurité tant sanitaire que sociale.



Le Dr Marc Bandittini-Landucci, chef de file de la liste « Bisinchi, Paese d’Avvene », candidat à l’élection municipale de Bisinchi.
Le Dr Marc Bandittini-Landucci, chef de file de la liste « Bisinchi, Paese d’Avvene », candidat à l’élection municipale de Bisinchi.
- Pourquoi, vous qui n’êtes pas un politique, avez-vous décidé de vous présenter à l’élection municipale de Bisinchi ?
- Je me présente, d’une part, parce qu’on me l’a demandé. C’est une demande générale qui émane de nombreux habitants. D’autre part, c’est un village que j’adore. Je suis originaire de Corse du Sud, mais Bisinchi est devenu mon village. J’y monte depuis une vingtaine d’années. Ma femme est infirmière libérale dans le canton, nous nous sommes mariés à Bisinchi et je suis tombé amoureux de ce village. Nous avons, depuis quelques années, la chance d’y habiter. C’est un village très attractif en termes géographique - il est bien placé, ouvert sur la vallée du Golo – et environnemental. Il  est entouré de montagnes, il y a plein de choses à faire, des randonnées superbes… Il a tout un potentiel énorme.
 
- Quelle est votre motivation personnelle pour vous impliquer de cette façon-là ?
- Je suis déjà impliqué dans le village, j’y habite, je participe à la vie des habitants, je m’occupe de certaines choses… Ce qui m’intéresse, ce n’est pas du tout d’avoir un titre de maire, mais d’en exercer la fonction. Des titres, j’en ai professionnellement quelques uns, je n’ai pas besoin de celui-là. Des lauriers de maire, on les met sur une étagère où ils prennent la poussière. Ce que je veux, c’est m’occuper des gens. Je le fais déjà dans mon métier, mais je pense que c’est également le rôle de l’élu de proximité d’écouter ses concitoyens, de comprendre leurs façons de vivre, leurs attentes quand à l’avenir du village, d’être bienveillant. Aussi d’écouter les jeunes, de comprendre pourquoi ils tiennent tant à revenir vivre au village, quelles sont leurs possibilités d’installation, et d’essayer de les aider, d’améliorer leur chance d’y parvenir.
 
- Comment avez-vous formé votre équipe ?
- « Bisinchi, Paese d’Avvene » est une équipe de rassemblement, assez représentative de la population de la commune. Elle est composée de personnes majoritairement jeunes - la moitié de la liste a moins de 30 ans – et de sensibilités politiques différentes. Je suis très fier que la jeunesse m’ait demandé de la représenter. Cette équipe est expérimentée et très dynamique, elle veut aller de l’avant, les jeunes sont très motivés et les anciens, qui ont la mémoire du village, de son histoire, seront là pour donner des conseils. C’est, pour moi, une motivation énorme. 
 
- Quelle est, pour vous, la problématique de ce village de montagne ?
- Le monde rural nécessite aujourd’hui qu’on s’y intéresse vraiment. Il y a énormément de choses à faire : développer l’habitat rural, préserver et valoriser le patrimoine qui est parfois un peu délaissé, réhabiliter les maisons, entretenir les rues, les routes…, embellir et revivifier le village, aider les jeunes à s’installer dans de bonnes conditions, revoir complètement l’assainissement, intégrer tout cela dans un modèle environnemental moderne… Tout cela est important. Il faut aussi et surtout sécuriser le village : une sécurité à la fois sanitaire et sociale dont a besoin la population. Aujourd’hui, si quelqu’un fait un infarctus du myocarde à Bisinchi, il faut qu’il ait les mêmes chances de survie que celui qui fait un infarctus du myocarde sur la Place Saint Nicolas à Bastia. C’est comme cela que les choses doivent se passer.
 
- Comment comptez-vous sécuriser le village ?
- Il faut réfléchir à des moyens d’évacuation sanitaire rapide, à la mise en place de défibrillateurs semi-automatiques dans chaque hameau, ceci pour les villages dispatchés en plusieurs hameaux comme c’est le cas de Bisinchi. Et surtout que les villageois aient l’information pour pouvoir les utiliser. Il est essentiel que les habitants vivent en sécurité dans le village. Ensuite, il faut recréer du lien social. Beaucoup de gens sont isolés socialement, je le constate tous les jours dans mon travail et au fil de mes rencontres. J’ai l’impression que même dans les villages, on perd le sens de l’humanité. Il est important de remettre l’humain au centre de nos préoccupations. Comme je le dis souvent, ce n’est pas l’entreprise qui fait les hommes, mais les hommes qui font l’entreprise. Les villageois doivent se réapproprier leur village.
 
- Si vous êtes élu, quelles seront vos priorités ?
- Il y a, à mon avis, deux problèmes majeurs, donc deux grands chantiers prioritaires. Le premier est le foncier, l’habitat. Beaucoup de gens, en particulier des jeunes, souhaiteraient rester sur la commune ou s’y réinstaller, mais il n’y a pas la capacité foncière adéquate. Or, il y a des dispositifs territoriaux permettent d’améliorer l’habitat existant. Le deuxième gros chantier est l’assainissement. La commune est éclatée géographiquement, le système d’assainissement n’est plus aux normes environnementales, cela crée des nuisances. Il faut absolument le moderniser.
 
- Avez-vous d’autres projets ?
- Oui. Aujourd’hui pour vivre dans un village de montagne, il faut avoir accès à un certain nombre de services. Parmi eux, le numérique, l’accès à un haut débit Internet est une condition essentielle, non seulement pour fixer les jeunes, mais aussi pour s’ouvrir sur le monde. Il faut ensuite, par un tas de petites choses, améliorer la qualité de vie. Par exemple, il y a dans la commune beaucoup d’enfants, il faut penser à eux, aménager des aires de jeu. Nous avons également la chance d’avoir à Bisinchi deux institutions exceptionnelles : le Catenacciu, qui fait rayonner le village dans au moins toute la Haute-Corse, et le site d’E Caldane, un ancien dancing qui a eu son heure de gloire il y a 20 ou 30 ans. Ce site extraordinaire a été réhabilité par l’équipe municipale actuelle, il faut maintenant le faire vivre. Nous avons l’intention d’y implanter un théâtre de verdure pour organiser des fêtes, des concerts, des manifestations…, remettre du dynamisme et de la gaieté dans ce lieu si cher aux gens du village.
 
- Avez-vous une vision de Bisinchi à 20 ou 30 ans ?
- Oui ! Si je tiens compte du passé, je regarde toujours vers l’avant. Je considère que parler du passé, c’est parler de soi, parler de l’avenir, c’est parler des autres. Je veux que mon village soit un village d’avenir, qu’il renaisse de ses cendres et rayonne dans toute la Corse comme c’était le cas il y a encore une vingtaine d’années. C’est un village potentiellement dynamique à qui il faut redonner l’envie de se redynamiser.
 
Propos recueillis par Nicole MARI.