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Manuel Valls : « La violence enracinée dans la culture Corse »


le Lundi 6 Mai 2013 à 14:21

Le ministre de l’Intérieur Manuel Valls a de nouveau réitéré ses propos sur la violence qui serait, selon lui, « enracinée dans la culture Corse », au cours d’une interview donnée lundi matin chez nos confrères de la radio France Inter.



Le Ministre de l'Intérieur Manuel Valls a réitéré ses propos sur, selon lui, "une violence enracinée dans la culture Corse" au cours d'une interview ce matin sur France Inter. (Photo : France Inter)
Le Ministre de l'Intérieur Manuel Valls a réitéré ses propos sur, selon lui, "une violence enracinée dans la culture Corse" au cours d'une interview ce matin sur France Inter. (Photo : France Inter)
Il était venu pour défendre, un an jour pour jour après l’élection de François Hollande à la Présidence de la République, les 365 premiers jours de la politique du gouvernement socialiste, fortement malmené dans les sondages ces derniers temps. Invité de notre confrère Patrick Cohen dans la matinale de France Inter qui l’a interrogé sur la violence en Corse et à Marseille, le ministre de l’Intérieur a réaffirmé que "la détermination de la police est incontestable, mais qu’il faudra du temps". Des propos déjà maintes fois répétés ces derniers mois face aux nombreux assassinats qui défraient la chronique en Corse et dans la cité phocéenne.

« C’est un peu désespérant d’entendre que cela fait partie de notre culture » Une auditrice Corse
Une auditrice Corse, fonctionnaire au PNRC l’a interrogé sur ses propos tenus dans les médias, à la suite de l’assassinat du président du PNRC, Jean-Luc Chiappini, où il avait notamment déclaré que « la violence est enracinée dans la culture Corse ». L’auditrice l’a donc apostrophé en ces termes : « Je voulais vous dire que je suis corse, je travaille pour la Corse et pour moi la violence ne fait pas du tout partie de ma culture. Je crois que la violence aujourd’hui en Corse fait partie d’éléments d’un contexte politique et économique qu’on a du mal à maîtriser. Mais c’est un peu désespérant d’entendre que cela fait partie de notre culture. C’est comme si finalement on ne pouvait rien y faire ».

Manuel Valls réitère ses propos sur la violence et exhorte de nouveau les insulaires à aider la Justice
Le ministre de l’Intérieur, après avoir rappelé que « les premières victimes de la violence ce sont les Corses », et que « L’Etat souhaite développer et soutenir le développement économique de l’île »,  a réaffirmé que « depuis des dizaines d’années, oui, la violence est profondément enracinée (…) C’est la région d’Europe où il y a le plus d’assassinats et de meurtres, et vous voulez que le ministre de l’Intérieur nie cette réalité qui est aussi enracinée dans la culture Corse ». Il a également de nouveau exhorté les insulaires à aider la Justice : « Ils doivent nous aider à lutter contre cette violence. Ils ont peur parfois et je peux le comprendre tant cette violence est présente. Mais il faut que les Corses regardent aussi cette réalité en face ».  

De la "violence dans la Culture Corse" à… la pauvreté enracinée dans la cité Phocéenne
Interrogé ensuite sur le volet de la violence et des fréquents règlements de compte dans la cité Phocéenne, étrangement là, Manuel Valls n’a pas relié la violence à la culture des Marseillais. Préférant lui substituer la pauvreté : « Cette ville a été abandonnée. C’est l’une des villes où la pauvreté est là, profondément enracinée et nous combattons notamment le trafic de drogue (…) Mais je sais qu’aujourd’hui et demain il peut y avoir encore des assassinats, des meurtres que se livrent ces gangs liés à cette économie souterraine  (…) Qui se battent et s’entretuent pour posséder le trafic de drogue dans un certain nombre de quartiers (…) Mais là aussi, comme en Corse, il faudra du temps et de la persévérance ».
Est-ce à dire qu’il y a deux manières d’envisager la nature de la violence, selon que l’on soit de part et d’autre, des rivages de l’île ou des côtes du continent ? Quoiqu’il en soit, le ministre de l’Intérieur n’a pas parlé de la pauvreté de la Corse (sans attribuer à cette problématique, aussi cruciale soit-elle, la moindre justification à toute forme de violence)…
Est-ce par totale ignorance de la réalité économique de notre île ou par volonté délibérée de provoquer une nouvelle fois les insulaires ? Quoiqu’il en soit, ce nouveau dérapage de Manuel Valls s’inscrit également dans un contexte de stigmatisation et de diabolisation de la Corse qui ne cesse de s’amplifier ces derniers temps. Que ce soit de la part du ministre de l’Intérieur ou encore de la presse parisienne, qui éructe fréquemment ses diatribes dans des tribunes pseudo moralisatrices et humanisantes. Pour « mettre du gris » dans les colonnes de canards de cuvettes, qui se vendent de moins en moins chaque jour… On comprend pourquoi !
Yannis-Christophe GARCIA 

SAVOIR +
Retrouvez l’intégralité de l’interview du ministre de l’Intérieur Manuel Valls sur le site internet de France Inter
http://www.franceinter.fr/video-manuel-valls-la-violence-est-enracinee-dans-la-culture-corse