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Grève des contrôleurs aériens : D’importantes perturbations pourraient paralyser le trafic en Corse jeudi


La rédaction avec AFP le Mardi 23 Avril 2024 à 15:53

Après avoir déposé un préavis de grève pour ce jeudi, les aiguilleurs du ciel prévoient une "mobilisation record". En Corse, Air Corsica a pris les devants et fermé ses vols à la vente depuis plusieurs jours, demandant aux passagers de reporter leur voyage.



(Photo d'illustration)
(Photo d'illustration)
Attention si vous devez prendre l’avion ce jeudi, la journée s’annonce très difficile en raison d’une grève des contrôleurs aériens qui pourrait s’avérer massive. Sur France Info, Thomas Juin, le président de l'Union des aéroports français estimait ainsi mardi soir que « jusqu’à 70% des vols » pourraient être annulés sur l’ensemble du territoire français en pondérant selon les aéroports : « 75 % de vols annulés à Orly, jusqu’à 50% dans les aéroports régionaux », a-t-il précisé, alors que les vacances scolaires de printemps sont encore en cours dans deux des trois grands regroupements d'académies. En conséquence, en Corse, la compagnie Air Corsica a décidé de fermer ses vols de jeudi à la vente depuis déjà plusieurs jours et a encouragé tous les passagers à reporter leur voyage. 

Les aiguilleurs du ciel prévoient en effet une « mobilisation record » après l’échec de négociations sur les mesures d’accompagnement d’une refonte du contrôle aérien, en particulier des hausses de salaire. « On considère qu’il y a échec des négociations, de la conciliation » avec la Direction Générale de l’Aviation Civile (DGAC), a déclaré à l’AFP un secrétaire national du Syndicat national des contrôleurs du trafic aérien (SNCTA), sous couvert d’anonymat. « On a une mobilisation record, et donc il faut s’attendre à de très fortes perturbations, à de très gros retards », a ajouté ce responsable.  Une réunion doit avoir lieu ce mardi en fin de journée entre la Direction Générale de l’Aviation Civile (DGAC) et les compagnies aériennes afin de permettre à ces dernières d’en savoir plus sur la situation à laquelle s’attendre. 
 
 
Les aiguilleurs du ciel demandent une refonte de l’organisation du contrôle aérien en France 
 
Pour rappel, les organisations syndicales représentatives des contrôleurs aériens ont déposé un préavis de grève pour le 25 avril afin de réclamer des mesures d'accompagnement de la réforme du secteur jugées à la hauteur. La négociation, entamée il y a 15 mois, vise à refondre l'organisation du contrôle aérien en France, l'idée étant d'en « augmenter la productivité », a expliqué le responsable du SNCTA. Cela passera notamment par une réduction de 30 à 16 des « centres de contrôle d'approche », d'où sont guidés les avions sur le point d'atterrir, mais aussi « de se désengager d'un nombre inconnu d'aérodromes », a-t-il ajouté.

Pour les syndicats, l'administration fait « ouvertement le choix du conflit social » 

Les questions d'organisation du travail mais également de formation figurent au menu des négociations, le contexte étant celui d'une augmentation prévue du trafic aérien de 20 à 30% d'ici à 2030, alors qu'un tiers des 4.000 contrôleurs actuels doivent partir à la retraite au début des années 2030, selon le syndicaliste. Le SNCTA veut « accompagner cette recherche de performance » via des hausses de salaires qui les feraient converger vers les « standards sociaux européens », a-t-il plaidé, en soulignant que l'opération serait blanche pour le contribuable français puisque le budget de la DGAC est abondé par les redevances acquittées par les compagnies aériennes.« Nos homologues européens sont payés deux à trois fois nos salaires », selon lui. Le SNCTA réclame 25% de hausse des rémunérations, étalées sur les années 2023-2027, ce qui laisserait selon lui de la marge à la DGAC pour continuer à investir.

Pour l'Unsa ICNA, deuxième syndicat représentatif des contrôleurs, la réforme est synonyme de « flexibilité à outrance (...), désorganisation dans la gestion des salles de contrôle, dirigisme, restrictions à congés, contraintes d'anticipation démesurées, entretien assumé des sous-effectifs, réduction des services ». Selon eux, l'administration fait « ouvertement le choix du conflit social », en s'attaquant « à tous les piliers » de la profession. 
 
De son côté, la DGAC a souligné lundi soir que des discussions restaient possibles jusqu'à mardi midi, échéance pour se déclarer gréviste, et n'a pas souhaité faire davantage de commentaire sur le fond des négociations. Le cadre juridique des grèves de contrôleurs aériens a été récemment réformé, une loi promulguée fin 2023 avec le soutien du SNCTA imposant à tout agent aérien de déclarer individuellement sa participation à un mouvement de grève au plus tard à midi deux jours auparavant.