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DOSSIER. Toussaint : une période pas si faste pour les fleuristes corses


le Dimanche 30 Octobre 2022 à 19:38

Alors que de nombreuses fleurs seront déposées sur les tombes en cette période
traditionnelle de recueillement, le fruit de leur vente bénéfice de moins en moins aux artisans
insulaires.



Le jour de la Toussaint, le chrysanthème est la fleur la plus vendue.
Le jour de la Toussaint, le chrysanthème est la fleur la plus vendue.
C’est un rituel immuable que de nombreux Corses ne manqueraient sous aucun prétexte. Chaque année, les 1 er et 2 novembre ils sont nombreux à se rendre dans les cimetières pour aller fleurir les tombes de leurs défunts. 

Sur l’île, la Toussaint et le jour des Morts restent des traditions toujours vives au fil des générations. Mais malgré le volume important de fleurs qui est acheté à cette occasion, la période ne profite pas forcément à la soixantaine de fleuristes insulaires. « Ce n’est pas l’une des fêtes où nous marchons le mieux », confie Louise Nicolaï, artisan fleuriste à Borgo. Installée depuis plus de 35 ans dans le métier, celle qui est aussi présidente du syndicat régional des fleuristes regrette en effet avoir à subir une grosse concurrence pour la vente de chrysanthèmes de la part des grandes surfaces. « Pour elles ce sont des produits d’appel, mais nous c’est notre vente principale », souffle-t-elle. Dans la même veine, elle fustige aussi les pertes que la profession enregistre chaque année à cause des vendeurs éphémères qui s’installent, plus ou moins légalement, durant quelques jours au bord des routes. « Cela nous fait énormément de mal », tonne-t-elle en déplorant : « Nous le dénonçons depuis longtemps, mais malheureusement nous ne sommes pas entendus ». 

Face à ces concurrences difficiles à contrer, Louise Nicolaï indique que les artisans fleuristes essayent de retrouver leur place, tant bien que mal, en misant notamment sur les bouquets, préférés par certains aux chrysanthèmes, pour lesquels les gens sont prêts à dépenser « 35 à 40 euros ».« Nous proposons des bouquets plus élaborés que les grandes surfaces, avec des fleurs qui sont différentes, des produits supérieurs en gamme et avec une durée plus importante », détaille-t-elle. 

Une qualité qui a toutefois un coût, qui peut s’avérer difficilement compatible avec la crise actuelle. « Avec la baisse du pouvoir d’achat, les gens regardent un peu plus leurs dépenses cette année », note la présidente du syndicat régional des fleuristes. « Nous avons moins de demandes », dévoile-t-elle. 

Autre difficulté pour les fleuristes insulaires, la nécessité de s’approvisionner sur le continent vient également diminuer leurs marges. « Ce qui nous impacte le plus c’est le prix du transport, qui varie entre 10% et 25%, donc c’est énorme. Nous sommes tributaires du continent, des personnes qui prennent en charge nos produits, et nous avons en plus une double peine, c’est que nous avons moins de rotations. Dans la semaine nous allons avoir une livraison de moins en raison de cette baisse. Donc cela nous pèse et c’est un préjudice en plus », déplore Louise Nicolaï.

Au regard de l’ensemble de ces problématiques, la présidente du syndicat régional concède de l’intérêt qui existe à recréerune filière fleurs sur l’île. « Il y a 35 ans nous avions créé cette filière avec une coopérative de 10 producteurs. Nous exportions sur le continent et tout allait bien, puisque nous avions des fleurs de qualité. Et puis malheureusement, le prix du transport étant plus élevé que le prix de la fleur qui nous était achetée, petit à petit chacun s’est retranché et a fait son propre circuit commercial », rappelle-t-elle. « Aujourd’hui la filière horticole doit être lancée. Elle a été relancée en partie par de l’immortelle, mais il y a encore beaucoup à faire », souligne-t-elle avant de conclure : « Il faudrait vraiment se pencher sur le fait de produire en Corse, car nous avons un potentiel énorme ».

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