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DOSSIER. Réfugiés ukrainiens en Corse : 6 mois après son arrivée, cette famille commence à prendre ses marques


Livia Santana le Dimanche 2 Octobre 2022 à 15:36

Loridana, son fils Herman et sa tante Oksana originaires de Kharkiv sont arrivés en Corse le 21 mars dernier, accueillis à San-Martino-di-Lota (Haute-Corse) chez Marie-Joëlle. Six mois plus tard, ces réfugiés ont tenté de retrouver une vie à peu près normale, loin de leurs proches. Ils témoignent pour CNI.



Marie-Joëlle accueille Loridana son fils et sa tante depuis mars 2021
Marie-Joëlle accueille Loridana son fils et sa tante depuis mars 2021
Il est 15 heures ce jeudi 29 septembre, quand Loridana et Marie-Joëlle arrivent ensemble sur la place Saint-Nicolas à Bastia. Bien qu’une grande différence d’âge les sépare, les regards ne trompent pas, les deux femmes sont très complices. Et pour cause, depuis la mi-mars, Loridana, son fils Herman et sa tante Oksana ont fui la guerre en Ukraine pour se réfugier en Corse, dans l’appartement au rez-de-chaussée de la maison de Marie-Joëlle à San-Martino-Di-Lota. « Quand on accueille quelqu’un, on ne fournit pas seulement un logement, avec la barrière de la langue, on les aide dans leurs démarches administratives, cela demande un grand investissement de temps et forcément on tisse des liens », assure Marie-Joëlle alors que Loridana écoute attentivement.

En six mois, la femme de 34 ans anciennement employée administrative d’une chaîne de fast food ukrainienne a beaucoup évolué.  À présent, elle comprend un peu le français et peut« Elle a toujours un peu de mal avec les sons fermés », explique son hôte qui s’obstine à essayer de lui apprendre quelques bases. 
 
Malgré son faible niveau en français, Loridana a réussi, avec l’aide de Marie-Joëlle et des associations en lien avec les réfugiés ukrainiens, à trouver en juin, un travail de femme de ménage à mi-temps dans un service d’aide à la personne.Arrivée en même temps qu’elle en Corse, sa tante Oksana, 58 ans, a quant à elle été employée comme femme de chambre dans un hôtel de la région. Le petit Herman, 8 ans, a été scolarisé dans l’école du village, tout l’été, il est allé avec les autres enfants au centre aéré. « Il se plaît beaucoup en Corse. Maintenant il apprend les échecs, fait du rugby et du breakdance », lance sa mère Loridana. Durant l’été, les deux femmes et l’enfant ont pu profiter de la plage située à 5 minutes à pied de leur hébergement, des moments agréables bien loin des tirs de roquettes qui s’abattent chaque jour sur leur ville Kharkiv.
 
Loin des bombes 
 
Si Loridana se sent bien en Corse, qu’elle a commencé à tisser des liens avec la communauté ukrainienne sur place, cette dernière ne peut s’empêcher de penser à son père et son frère restés dans le pays en guerre. « Il y a quelques jours, la dépendance, une petite maison qui se trouve dans ma cour a eu les fenêtres brisées par un tir d’obus. Mon père ne veut pas partir d’Ukraine, il a 68 ans, il a décidé que sa place était ici, mais forcément cela m’inquiète », confie Loridana. 
Le père de son fils n’a pas non plus quitté le pays. « On l’appelle souvent, Herman demande comment il va, il se rend compte qu’il y a la guerre, il voit les images à la télévision bien sûr, il sait que c’est mauvais, mais il commence à s’y habituer », reprend-elle. Pour le moment, l’Ukrainienne ne veut pas quitter la Corse « pas tant qu’il y aura la guerre ». 
Elle s’apprête, avec beaucoup de fatalisme, à passer son premier hiver sur l’île.

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