Il est loin le temps où certains faisaient de chaque élection, régionale ou autre, un test détourné de son enjeu, à savoir un référendum sur le désir d'indépendance, ou sur le rejet de celui-ci. Cela mettait de l'animation, certes hors contexte, mais de l'animation quand même... Aujourd'hui, les figures emblématiques des différentes listes parcourent la Corse endormie, portant leur bonne parole de petites mairies en bars de villages, comme à l'accoutumée d'un monde désormais trop tranquille.
Dans ce marathon en effet, pas d'excès d'engagement, pas de passion, le service minimum de la proposition démocratique. La brièveté de la campagne y est sans doute pour quelque chose, qui empêche la progressive montée en puissance d'usage dans des stratégies de terrain. Il faut sur un temps très court se montrer un peu partout, mais en priorité s'affirmer comme fiable, responsable, ce qui exclut les poussées d'excitation, les polémiques stériles, le gaspillage des énergies.
Politiquement, l'île est à la limite entre deux mondes. Ce n'est pas la complète mutation d'époque, avec le triomphe de la « société civile » (ne serait-ce que parce qu'il a fallu faire une place non négligeable aux conseillers départementaux, qui pèsent leur poids de services rendus), mais ce n'est plus comme avant la suprématie absolue du politique, dont la caste doit composer avec les nouvelles réalités de l'île. En apparence, ce politique fonctionne comme avant : il sollicite les maires, sans trop savoir quelle est leur emprise sur leurs administrés ; il sort de sous le manteau des prétendus sondages des RG, ces « grandes oreilles » supprimées en 2008 et réactivées il y a trois ans par Manuel Valls sous un autre nom... La routine.
Ce basculement qui s'esquisse, cet entre-deux, rencontre un écho direct dans l'incertitude du lendemain institutionnel. On se trouve à la fois devant des perspectives révolutionnaires, qui devraient être exaltantes et sur-motivantes, et devant un inconnu qui rend prudent et dubitatif : chacun le sait parmi ceux qui sollicitent les suffrages, essuyer les plâtres de la collectivité unique ne sera pas chose facile, en interne comme en externe, les tensions qui ont émaillé les rencontres d'ajustement en amont sont là pour le prouver. C'est pourquoi, entre les sortants qui veulent valider un examen de passage et les autres qui passent une épreuve de crédibilité, on en garde sous la pédale, comme l'écrivent les journalistes sportifs.
Pour quelle raison cette retenue s'impose-t-elle au lieu de la sublimation des énergies attendue ? Dans l'attente de ce qui pourrait se passer à l'issue du premier tour, où nouvelle configuration signifierait résultat incertain et où donc il vaudrait mieux ne pas être prisonnier de sa propre parole ? Ou juge-t-on cette élection impréparée comme le coup d'essai de la vraie, la prochaine, celle qui bénéficiera enfin du plein exercice et en aura terminé avec la période de rodage ?
De tout cela, même si ceux qui se sentent concernés débattent dans les états-majors et dans la rue, une impression ressort : on dirait que les moyens mis en œuvre ne sont pas à la mesure de la fin - programmes vagues et succincts, engagements vertueux, bonnes intentions à tous les étages. Le nouveau monde et le vieux monde savent qu'en proposer plus, c'est prendre le risque d'hypothéquer l'avenir. Il vaut mieux ne pas en dire assez qu'en dire trop.
On se souvient du mot de Jacques Chirac : « Dans une campagne, il faut aller chercher l'électeur avec les dents. »
Durant ce mois de novembre en Corse, on n'a vraiment pas mordu trop fort.
Dans ce marathon en effet, pas d'excès d'engagement, pas de passion, le service minimum de la proposition démocratique. La brièveté de la campagne y est sans doute pour quelque chose, qui empêche la progressive montée en puissance d'usage dans des stratégies de terrain. Il faut sur un temps très court se montrer un peu partout, mais en priorité s'affirmer comme fiable, responsable, ce qui exclut les poussées d'excitation, les polémiques stériles, le gaspillage des énergies.
Politiquement, l'île est à la limite entre deux mondes. Ce n'est pas la complète mutation d'époque, avec le triomphe de la « société civile » (ne serait-ce que parce qu'il a fallu faire une place non négligeable aux conseillers départementaux, qui pèsent leur poids de services rendus), mais ce n'est plus comme avant la suprématie absolue du politique, dont la caste doit composer avec les nouvelles réalités de l'île. En apparence, ce politique fonctionne comme avant : il sollicite les maires, sans trop savoir quelle est leur emprise sur leurs administrés ; il sort de sous le manteau des prétendus sondages des RG, ces « grandes oreilles » supprimées en 2008 et réactivées il y a trois ans par Manuel Valls sous un autre nom... La routine.
Ce basculement qui s'esquisse, cet entre-deux, rencontre un écho direct dans l'incertitude du lendemain institutionnel. On se trouve à la fois devant des perspectives révolutionnaires, qui devraient être exaltantes et sur-motivantes, et devant un inconnu qui rend prudent et dubitatif : chacun le sait parmi ceux qui sollicitent les suffrages, essuyer les plâtres de la collectivité unique ne sera pas chose facile, en interne comme en externe, les tensions qui ont émaillé les rencontres d'ajustement en amont sont là pour le prouver. C'est pourquoi, entre les sortants qui veulent valider un examen de passage et les autres qui passent une épreuve de crédibilité, on en garde sous la pédale, comme l'écrivent les journalistes sportifs.
Pour quelle raison cette retenue s'impose-t-elle au lieu de la sublimation des énergies attendue ? Dans l'attente de ce qui pourrait se passer à l'issue du premier tour, où nouvelle configuration signifierait résultat incertain et où donc il vaudrait mieux ne pas être prisonnier de sa propre parole ? Ou juge-t-on cette élection impréparée comme le coup d'essai de la vraie, la prochaine, celle qui bénéficiera enfin du plein exercice et en aura terminé avec la période de rodage ?
De tout cela, même si ceux qui se sentent concernés débattent dans les états-majors et dans la rue, une impression ressort : on dirait que les moyens mis en œuvre ne sont pas à la mesure de la fin - programmes vagues et succincts, engagements vertueux, bonnes intentions à tous les étages. Le nouveau monde et le vieux monde savent qu'en proposer plus, c'est prendre le risque d'hypothéquer l'avenir. Il vaut mieux ne pas en dire assez qu'en dire trop.
On se souvient du mot de Jacques Chirac : « Dans une campagne, il faut aller chercher l'électeur avec les dents. »
Durant ce mois de novembre en Corse, on n'a vraiment pas mordu trop fort.