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Agughia : Un récit d’aventures et de science-fiction dans le décor de la Corse


Philippe Jammes le Samedi 18 Septembre 2021 à 17:36

Amoureux de l’île de beauté, Hugues Micol rend ici hommage tant aux lieux qu’aux lectures qui ont enchanté son imaginaire de gosse dans une bande dessinée généreuse, écologique, social et politique.
L’album sortira en librairie ce 24 septembre et CNI a rencontré l'auteur



- La BD était pour vous Le métier à exercer ?
-  Après des études de graphisme qui auraient dû m’amener vers la com, j’ai préféré m’orienter vers le dessin et l’illustration, parce que, de toute façon, c’est la chose qui m’a toujours plu depuis que je suis en âge de faire quoi que ce soit. Après quelques années dans une suite de «missions» diverses et variées, allant du dessin de mode aux «performances» dessinées en boite de nuit, j’en passe et des meilleures, j’ai fini par tenter la BD, un domaine qui combine le dessin, la contrainte, l’invention et la narration, le tout dans une optique populaire. Ensemble qui va tout à fait dans le sens de ma philosophie artistique. 

- Vos rapports avec la Corse ?
- La Corse, je la pratique en touriste, on va pas se cacher ! J’aurais aimé pouvoir m’inventer des racines à Corte ou Ajaccio, mais non. Je suis le pinzutu de base, pire un parisien. Depuis 1978,  je la pratique annuellement, ce qui fait pas mal de temps.  Comme beaucoup de continentaux j’ai une adoration pour cette île, sa mer, ses montagnes, etc...Et un rapport particulier avec ses habitants. Mais, contrairement à beaucoup de continentaux, ce n’est pas ce rapport étrange: une certaine forme de méfiance mélangée à une complicité sur-jouée, teintée de condescendance et de flagornerie. Mon rapport personnel au corse, il est toujours en cours d’analyse, mais disons distant, sans être lointain et hautain, curieux, parfois amusé, et toujours courtois. Regard que j’ai voulu transposer dans mon récit. Mais je m’éloigne…. Pour la BD, je voulais parler d’un endroit superbe, encore préservé, mais menacé par une époque en crise qui doit choisir entre sauvegarde et profit, pour faire simple. La Corse me semblait l’endroit parfait.

- L'idée de cette BD Agughia ?
- L’idée est venue du fait que je voulais faire une BD sur un modèle années 7O, «à la Valérian » pour dire le vrai. Une histoire de SF, de genre, donc, efficace, mais avec un côté fable. Pas de message, de grand discours, mais dessiner une intrigue, que j’espère divertissante, avec en toile de fond un regard critique sur certaines dérives du monde actuel. Ce qui est en fait, pour moi, l’intérêt de la SF : parler du temps présent avec un trait décalé et exagéré.
- Le thème ? Comment s'est articulé votre travail ?
- Comme je vous le disais, je viens quand même assez souvent en Corse. Donc le problème de la documentation n’en était pas un. Après, j’ai dessiné les planches à Paris, donc certains vont trouver que je suis un peu à côté. Après, c’est aussi de la SF, donc je ne cherchais pas non plus l’absolue vérité du paysage et de la Corse dans son identité. 
- Il y est aussi question aussi d'écologie et d'environnement, de tourisme …
- L’environnement, le changement climatique, etc… difficile de l’ignorer, et surtout quand on voit la nature exceptionnelle de l’île, de se dire qu’elle est en sursis. Béton et  incendies etc... Quant au tourisme, je le vois chaque année en Corse grossir plus ou moins, évoluer en tout cas. Je ne peux pas cracher dessus totalement, n’étant pas corse, ce serait un peu gonflé. Disons que le tourisme de masse des plus pauvres, associé à celui des super-riches, représente quand même quelque chose d’assez glauque.

- Vous êtes à la fois scénariste et illustrateur ?
- Moi, j’aime bien faire les deux, même si de temps à autre, dessiner «pour» quelqu’un d’autre a un aspect apaisant. On entend souvent des écrivains, des cinéastes ou des collègues, dire qu’ils sont des raconteurs d’histoire. Moi je suis un dessinateur d’histoires. Je pars toujours d’une démarche graphique avant d’aborder le récit, et c’est à travers le dessin, le trait que j’essaye de l’incarner.


- Les projets ?
- C’est un peu flou encore, mais depuis pas mal de temps, je planche sur la mythologie irlandaise.  Voilà encore une île que j’adore, l’Irlande. Peut-être qu’à plus ou moins court terme je vais m’y mettre pour de bon.

*Editions Dargaud 
 

Agughia : Un récit d’aventures et de science-fiction dans le décor de la Corse
Le thème
Dans un futur proche, la Corse est devenue le paradis d'une poignée de nantis, touristes richissimes, grossiers et exigeants venus des Ailleurs. Le climat de plus en plus détraqué rend les saisons aléatoires, précarisant davantage les locaux contraints d'accepter ce tourisme dévoyé pour survivre. Tout commence lorsqu' Agughia, «anguille » en corse, jeune voleuse débrouillarde et fière dérobe un objet mystérieux transporté par un représentant de Radius, puissant lobby en aménagement du territoire...


Extrait
«La navette Radius03 en provenance de la station relais Radius X-07 s’est posée à Figari, en Corse. Dans un taxi, son passager discute avec le chauffeur qui déplore le tourisme de luxe. Ce dernier s’emporte contre le vaste plan d’aménagement du territoire remporté par Radius – une multinationale omnipotente et tentaculaire… Le dérèglement climatique a bouleversé le cycle des saisons, et les Corses ont dû s’adapter : pour survivre, ils n’ont d’autre choix que d’accepter ce tourisme dévoyé. Le passager avoue travailler pour Radius quand une collision met fin à leur échange. Un individu profite de la confusion pour dérober le sac du passager et s’enfuir. Mais un homme, ou ce qu’il en reste, n’a rien perdu de la scène.. »


L’album
 Avec Agughia, l’auteur signe un remarquable récit d’aventures et de science-fiction qui  réunit tous les ingrédients d’une bonne histoire, histoire qu’il agrémente d’une juste dose d’humour. Son scénario, qui se déroule avec fluidité, est parfaitement rythmé : les dialogues sonnent juste, et les scènes d’action, nombreuses et spectaculaires, sont au rendez-vous. Un album qui parle aussi d’écologie et d’environnement. Incontestablement engagé,  ultra-convaincant, l’auteur pousse le lecteur à la réflexion. « Et si tout cela était possible ? La mise en images est réussie, les planches somptueuses sont éclairées de couleurs directes. Le dessin fourmille de détails futuristes – autant d’inventions qui nous rappellent l’univers de Valérian et Laureline– que l’auteur dissémine dans un monde qui pourrait être le nôtre.


L’auteur
Hugues Micol naît en 1969 à Paris et découvre la bande dessinée très jeune, dévorant les albums de Jean Giraud, Hugo Pratt ou José Muñoz. Accroc, en 1988, il entre à l’École supérieure des arts graphiques de Paris et devient illustrateur, travaillant essentiellement pour l’édition jeunesse. Sa rencontre avec Jean-Louis Capron marque son retour à la bande dessinée et en 2000, ils signent ensemble le tome 1 de Chiquito 
la muerte(Delcourt). Hugues Micol publie ensuite de nombreux  albums :
Les Contes du 7ème souffle et D’Artagnan (Vents d’ouest), avec Éric  Adam
Terre de Feu(Futuropolis), avec David B.
Bonneval Pacha (Dargaud), avec Gwen de Bonneval, mais aussi Séquelles(Cornélius) ou Le Chien dans la vallée de Chambara(Futuropolis), qu’il réalise seul.
En 2020, il dessine Black-out(Futuropolis), pour Loo Hui Phang.
En septembre 2021 paraît donc Agughia.