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« Béni soit saint Joseph à la chasse des poux », le nouveau livre d’Hélène Bresciani


Philippe Jammes le Samedi 8 Janvier 2022 à 15:06

Ce nouvel ouvrage publié aux éditions Maia nous transporte entre Corse, Nice et Italie. Il y est question de souvenirs, d’amour, d’amitié et de Saint Joseph. CNI a rencontré l’auteure.



Hélène Bresciani
Hélène Bresciani
Hélène Bresciani est née à Valle d’Orezza et a vécu tour à tour à Loretu di Casinca et à Bastia.  Ecrivaine mais aussi journaliste elle réside et travaille aujourd’hui à Marseille collaborant notamment au quotidien « La Provence » et à l’hebdomadaire « Les Nouvelles Publications ». Elle a déjà publié en 2017 « Journal d’une Amnésique – Bastia et autres lieux au siècle dernier » aux éditions A Fior di Carta, « Deux, rue de la marine » (avec Jeanne Bresciani, Les Vents Contraires, 1999) et « L'Altana » aux éditions Transbordeurs en 2006 et « Bastia » aux éditions Albiana en 2002 avec Serge Assier.


- Le thème de votre nouveau livre ?
- Décider de donner naissance à un livre, c’est commencer une aventure dont on ignore souvent jusqu’où elle nous mènera. Au départ, une idée, une trame… et on est parti. Puis très vite, on s’égare sur un chemin de traverse. C’est le bonheur de l’école buissonnière. Un mot en appelle un autre. On le suit. Et voilà qu’on n’est plus dans l’histoire que l’on avait imaginée. Alors c’est selon. On y revient ou, tout au contraire, on s’attarde, on peut même passer à autre chose. Le thème de ce livre c’est tout d’abord une histoire d’amour. D’un amour plus fort que la mort. L’amour de Louise, l’héroïne, pour Jules, son compagnon, son mari. Un amour que rien – pas même la mort – ne va interrompre. À cela, viennent s’ajouter quelques événements. Souvenirs d’enfance et d’adolescence, découverte de l’Italie, vacances dans les villages, amitiés, départ à Nice pour les études universitaires, retour programmé en Corse, traditions retrouvées et jamais oubliées… Et c’est ainsi, tout naturellement, au fil de ces souvenirs qu’est arrivé le titre. Pas celui qui était prévu au départ. Mais un titre qui va naître quasiment à la fin du livre, après une phrase prononcée, dont on se souvient et qui fait sourire. Qui intrigue aussi, mais pas pour très longtemps…


- Pourquoi un tel thème ?
- Ce thème, c’est peut-être bien un prétexte. Celui de reprendre la plume, de retrouver les sensations que procure l’écrit, de raconter une histoire où l’on mettra beaucoup de soi, même si l’on n’a jamais rien vécu de tel ! Mais on l’habille cette histoire de faits réels, de sentiments éprouvés, de souvenirs que l’on retrouve dans sa mémoire. D’ailleurs, mémoire est sans doute le mot clé. Car il définit tout à fait ce que je veux garder et partager à la fois, ce pourquoi j’écris : la mémoire des choses et des temps révolus. La lire et le franc avant l’euro, par exemple, le décalage horaire entre la France et l’Italie, l’âge de la majorité, la vie dans certains villages corses lorsqu’ils étaient encore habités toute l’année… Et puis bien sûr, il y est question de l’Italie si proche de nous à bien des égards.


- Mais vous ne citez pas la Corse …
- Dans ce livre je ne cite pas la Corse, c’est vrai, mais c’est une volonté délibérée. Je cite la Corse lorsque j’écris sur elle comme par exemple dans le « Journal d’une amnésique », « Bastia » ou encore « Deux rue de la Marine », mais jamais dans un roman, par exemple « L’Altana » ou « IL(e)S et les silences ». Néanmoins, la Corse est omniprésente avec ses spécificités, ses traditions, ses paysages, ses drames et ses bonheurs… Des mots corses sont utilisés, des mots italiens aussi. Ils font partie de moi depuis toujours…


- Et Saint-Joseph ?
- Ah ! Saint-Joseph ! Mais non, je ne vous en dirai pas plus. Tout est dans le livre. Sachez simplement qu’il n’a pas été choisi au hasard, il est arrivé tout naturellement. Et il m’a aidée également à rappeler combien l’époque évoquée accordait d’importance à la religion et faisait participer les enfants à toutes ses manifestations. Personnellement, j’ai encore en mémoire les magnifiques processions que je suivais avec ferveur, les cantiques que j’entonnais à tue-tête, les fêtes qui revenaient régulièrement et auxquelles j’associais tant de souvenirs gourmands, le patronage et les films qui y étaient projetés les jeudis après-midi, le catéchisme de persévérance que l’on pouvait poursuivre jusqu’à ce qu’on atteigne 14 ou 15 ans…  et tant d’autres choses encore sur lesquelles je ne vais pas m’attarder davantage.


- Des souvenirs d’enfance ont-ils ressurgis ?
- Bien sûr. Mais pas seulement. Des souvenirs d’adolescence aussi. Premières amours, vacances en Italie, étés lumineux, rires partagés. Comme un grand livre que l’on feuilletterait. Comme une richesse apportée au quotidien, un terreau pour l’après, une fierté d’appartenance… Et une tristesse aussi qui apparaît plus tard. Celle du temps qui passe et qui efface. Inexorablement.