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Valérie Pécresse en Corse : "l’autonomie, c’est un processus"


Julia Sereni le Jeudi 3 Février 2022 à 19:35

En déplacement en Corse, la candidate de la droite a précisé les contours de son projet pour l’île, entre processus - long - d’autonomie et lignes rouges que représentent la coofficialité et le statut de résident. Autre temps fort de la visite, l’hommage rendu au préfet Érignac.



Valérie Pécresse avec Gilles Simeoni - Photos Michel Luccioni
Valérie Pécresse avec Gilles Simeoni - Photos Michel Luccioni
C’est par un hommage que Valérie Pécresse a voulu débuter son séjour sur l’île. Celui au préfet Érignac, à trois jours de la commémoration officielle de son assassinat, perpétré le 6 février 1998. « Son assassinat a été une tragédie, une tragédie pour la Corse, une tragédie pour la République, une tragédie pour tous les Français », déclare la candidate de la droite à la présidentielle, après avoir déposé une gerbe sur la place qui porte désormais le nom du préfet, à Ajaccio.
 
Interrogée sur la demande de rapprochement des prisonniers du commando Érignac, Valérie Pécresse confirme qu’ « il y a effectivement cette demande ». À laquelle elle répond : « indépendance de la justice ». « Dans ce dossier, il n’y aura aucune instruction individuelle donnée par le président de la République aux juges, c'est contraire à mon éthique et je respecterai les décisions qui seront rendues. » Une réponse qui peut apparaitre sibylline, face à une demande qui fait aujourd’hui l’objet d’un consensus au sein de la classe politique insulaire, et même, nationale. Demande qui constitue pourtant encore un point de crispation entre le président de la République Emmanuel Macron et la majorité territoriale.

« L’État doit réinvestir en Corse »

Dans les rues d’Ajaccio avec le député Ferrara
Dans les rues d’Ajaccio avec le député Ferrara
Après ce temps fort et un déjeuner avec des élus de droite et des représentants du monde économique insulaire, Valérie Pécresse rejoint la Collectivité de Corse pour une entrevue très politique en tête-à-tête avec le président de l’Éxécutif Gilles Simeoni. Ils seront rejoints ensuite par la présidente de l’Assemblée de Corse Marie-Antoinette Maupertuis et l'ancien ministre et candidat à la primaire de droite Xavier Bertrand.
 
L’occasion d’égratigner le bilan du président de la République sortant, tout en promettant des jours meilleurs dans la relation avec Paris. « Il est clair que ce quinquennat vis-à-vis de la Corse a été celui de toutes les occasions manquées et de toutes les promesses non tenues », déclare Valérie Pécresse à l’issue de l’entretien. La présidente de la région Île-de-France déplore notamment « des blocages, beaucoup de méfiance, et un mépris pour ce territoire qui a des problématiques sociales, économiques, culturelles à relever ».
 
Priorité affichée pour Valérie Pécresse : retrouver la confiance. « Nous avons besoin aujourd’hui de renouer cette confiance, de renouer un partenariat. L’État doit réinvestir en Corse », affirme la candidate de droite. « Avec moi, l’État sera au rendez-vous des investissements en Corse », poursuit-elle. La question statutaire, et donc l’autonomie, dans ce contexte, passe au second plan. « Pour moi, la question statutaire est la résultante d’un processus de confiance retrouvée dans lequel la Corse dans la République et l’État réussissent à travailler ensemble et c'est cela que, avec Gilles Simeoni, nous voulons mettre sur pieds », indique Valérie Pécresse.

Les « lignes rouges » de la candidate

Deux jours plus tôt, le président de l’Exécutif avait pourtant livré, en avant-première, la proposition de Régions de France  - association dont Valérie Pécresse fait partie - en faveur de l’autonomie. Si cette dernière assure être « sans tabou » sur le sujet, elle reste prudente. « L’autonomie, c’est un processus », indique-t-elle. Valérie Pécresse dit souhaiter, si elle est choisie par les Français en avril prochain, « lancer un processus de décentralisation qui sera le plus ambitieux que la République ait connu depuis les lois Deferre ». Pour la Corse, « cela veut dire la possibilité d’évoluer vers un statut d’autonomie, mais ce statut il faudra le construire sur dix ans ».
 
Si un pouvoir réglementaire accordé aux régions « ne choquerait pas » la candidate de la droite, elle affiche tout de même ses « lignes rouges » sur les principales revendications nationalistes : la coofficialité et le statut de résident, des mesures considérées comme des « atteintes à une nation une et indivisible ».

Après une dernière étape ajaccienne à l'hôpital pour une table ronde avec les personnels, Valérie Pécresse prend la route de la Haute-Corse, direction Ghisoni, pour une rencontre avec les habitants du village. Son séjour devrait se terminer à Bastia, d'où elle repartira vendredi 4 février. 

La journée de Valérie Pécresse à Ajaccio en images