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Attentat : "On a voulu briser notre foyer" témoigne le jeune couple corse visé à Lucciana


Maria-Serena Volpei-Aliotti le Mardi 26 Décembre 2023 à 19:01

Dans la nuit du 25 au 26 décembre, une maison en construction au lieu-dit Brancale, sur la commune de Lucciana, a été la cible d’un attentat. Sur les murs de nombreuses inscriptions comme " IFF", " FLNC " et " Bon Natale FLNC ", ont été relevé par les enquêteurs. Les propriétaires, un couple de jeunes corses sont aujourd’hui dans l’incompréhension la plus totale. Sylvain Mazelly, originaire du Fium’Orbu et Yolande Croce, île-roussienne ont souhaité témoigner leur colère.



Un de tags
Un de tags
"On ne comprend pas trop. Nous sommes tous les deux Corses, de familles corses et on nous confond avec de nouveaux arrivants. On se retrouve victimes, comme si nous étions des continentaux, des spéculateurs. Je suis du Fium’Orbu, ma femme de Balagne." Sylvain Mazelly, propriétaire de la maison, n'en revient pas. Il ne comprend pas pourquoi la nuit dernière, sa maison a été la cible d'un attenta à Lucciana. "Les faits se sont déroulés la nuit dernière, vers 23h30. La mise à feu a été découverte dans le vide sanitaire. Il n’y a pas eu de dégâts ailleurs. Seuls les hourdis et la plomberie ont été touchés. Fort heureusement ni la structure, ni les dalles, ni les poutrelles n’ont été endommagées" explique-t-il.

Au moment de l'attentat, le couple était d'ailleurs en  Balagne où il fêtait Noël en famille. Il n'a eu l’information que dans la matinée de ce mardi. "À Lucciana, notre lotissement c’est peu comme le village. Il y a des éclairages partout. Lorsque la détonation a été étendue, tous les voisins sont sortis. Mon voisin est mon collègue de travail. C’est d’ailleurs lui qui nous a trouvé le terrain. Il m’a immédiatement appelée. Mais je n’ai pas entendu. Je n’ai vu les appels qu’à 9 heures. On est vite revenus vite. Aujourd’hui, on ne comprend vraiment pas les motivations de ceux qui sont venus pour nous plastiquer. On fait notre maison sur une commune où l’on vit et où l’on travaille.  Nous avons 36 et 34 ans. On a galéré pour pouvoir avoir notre maison à nous. On s’endette, et on travaille pour faire notre maison. Et on vient nous rajouter des problèmes. En fait on nous a salis… Psychologiquement ça fait mal. Et je n’ai personne à qui m’en prendre aujourd’hui ! "explique désabusée Yolande Mazelly. 

Selon elle,  le couple n'a pas réellement été pris pour cible pour des raisons politiques ni par le FLNC. "Je ne pense pas que ce soit politique. On est tout de même connus. Nos familles le sont aussi. On travaille dans des sociétés connues et reconnues. On n’a rien à nous reprocher. Ce n’est pas une question de lieu ou de commune de résidence. En Corse, les Corses sont partout chez eux. Nous sommes chez nous. Pour moi c’est plus déguisé, avec les tags. Des merdeux qui s’emmerdent. Et sincèrement, le travail aurait été fini si ça avait été fait par le FLNC ! Quant au "Bon Natale", me reste vraiment en travers de la gorge. Tout ce que je peux dire, c’est que ça fait peur pour l’avenir de la Corse si on en arrive là",  continue-t-elle. 

Sylvain Mazelly et Yolande Croce ont été reçus ce mardi après-midi dans les locaux de la gendarmerie : le dossier de  l'attentat est désormais entre les mains de la juridiction antiterrostie de Paris. "Nous aurions dû fêter l’anniversaire de notre fille aujourd’hui et non pas passer notre journée à faire des aller-retour entre le chantier de notre maison abîmée et la gendarmerie. On a voulu briser mon foyer! Je suis tellement dégoûtée ! " conclue la jeune femme.