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La pauvreté frappe un quart des enfants en Corse


La rédaction le Jeudi 2 Mai 2024 à 17:11

Dans son dernier rapport publié le mardi 30 avril 2024, l'Insee révèle qu'en Corse un mineur sur quatre vit au sein d’une famille pauvre. Cette situation est largement influencée par le nombre significativement plus élevé de familles monoparentales que la moyenne nationale, une réalité qui frappe particulièrement la Haute-Corse.



Photo archives
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La pauvreté n'est pas l'apanage des pays les moins développés. En Corse, un enfant de moins de 17 ans sur quatre, soit 24% d’entre eux, est confronté à la pauvreté, selon une étude publiée le mardi 30 avril 2024 par l'Insee. L'ile se classe ainsi en troisième position des régions les plus touchées par la pauvreté des enfants, derrière les Hauts-de-France et Provence-Alpes-Côte d’Azur. La précarité infantile est ainsi plus prononcée dans la région que dans le reste du pays, où la moyenne nationale est de 21%.
 
L'étude de l'Institut souligne des disparités importantes selon les situations familiales et les territoires. Les enfants issus de familles monoparentales sont particulièrement touchés par la précarité monétaire, une situation plus fréquente en Corse qu'en Métropole. La Corse est la deuxième région de Province où la part des enfants vivant en famille monoparentale est la plus élevée, 23 % des mineurs contre 20 % en France métropolitaine. Ils sont ainsi 14 000 enfants à vivre avec un unique parent. Ce parent est la mère dans 83 % des cas. Or, au sein des familles monoparentales, 34 % des enfants sont en situation de pauvreté monétaire contre 20 % des enfants vivant au sein d’un couple.En effet, 34 % des enfants de ces familles vivent dans des conditions de pauvreté, comparativement à 20 % pour ceux vivant dans des foyers biparentaux.

Des inégalités marquées selon les situations familiales
Les chiffres révèlent également des écarts significatifs entre les départements corses. La pauvreté des enfants est particulièrement élevée en Haute- Corse où 26 % des enfants vivent dans un ménage pauvre. Le département se classe au 11e rang des 96 départements de métropole. La Corse-du-sud se situe quant à elle au niveau de la moyenne nationale. Dans le Cismonte, dans les communautés de communes de l’Oriente et de la Castagniccia-Casinca, la part des enfants en situation de pauvreté s’élève même à 30 %. Elle est également au-dessus de la moyenne régionale dans la communauté d’agglomération (CA) de Bastia (27 %). A contrario, dans la Corse-du-Sud), c’est dans la CA du Pays Ajaccien (18 %) et ses intercommunalités voisines que la proportion est la plus basse : le Celavu-Prunelli (13 %), la Pieve de l'Ornano et du Taravo et Spelunca-Liamone (16 %).
Entre 2014 et 2020, le nombre d’enfants vivant en famille monoparentale augmente de 6 %, soit une hausse de 800 jeunes. Cette évolution est comparable à celle de la population insulaire. Parallèlement, 65 % des mineurs évoluent dans une famille
« traditionnelle » avec leurs deux parents et leurs éventuels frères et sœurs et 10 % dans une famille recomposéefigure 2. Ainsi, 48 000 jeunes vivent au sein d’un couple.

Enfin, 1 000 mineurs vivent dans une communauté (internat, etc.) ou dans une habitation mobile [Payet, Huyssen, 2022, pour en savoir plus.

Par ailleurs, en Corse, la fécondité est la plus faible des régions françaises. La part d’enfants uniques est nettement supérieure à celle de France (31 % des enfants contre 20 %). Première région de France métropolitaine, l’île se situe loin devant la
Nouvelle Aquitaine et Provence-Alpes-Côte d’Azur (23 %). De surcroît, l’enfant est plus souvent unique au sein des familles monoparentales (42 %) que dans les couples (27 %).
 
Le poids de la situation professionnelle des parents Le rapport met également en lumière que la situation sociale des parents affecte aussi la vie quotidienne des enfants. Ainsi, en 2020, un jeune corse sur dix vit dans une famille où aucun parent n’est en emploi, un niveau comparable à la moyenne nationale. Cette situation recouvre différents cas de figure (parents au chômage, au foyer, en invalidité ou encore à la retraite). Pourtant, elle touche principalement les enfants des familles monoparentales au sein desquelles le parent est sans emploi dans 27 % des casfigure 3.
Ces difficultés face à l’emploi se retrouvent plus en Haute-Corse qu’en Corse-du-Sud. En particulier, sur la plaine Orientale, dans les territoires ruraux où le chômage est plus élevé qu’en moyenne régionale. Ainsi, la part des enfants vivant avec des parents au chômage ou inactifs est deux fois plus importante dans les intercommunalités de Costa Verde (16 %), de l’Oriente et de la Castagniccia-Casinca (14 %) que dans celle du Celavu-Prunelli. Il en est de même au niveau des deux CA de l’île : 8 % dans celle du Pays Ajaccien et 12 % dans celle de Bastia.
De plus, être en emploi n’est pas une garantie contre la précarité. En effet, les enfants vivant dans un milieu social moins élevé, ou ayant des parents moins diplômés, sont aussi davantage exposés à la précarité. Or un jeune insulaire sur deux vit dans une famille à dominante employée ou ouvrière, des catégories sociales moins rémunérées. Ils sont quatre sur dix dans cette situation en France métropolitaine.