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Agrumiculture : la Corse un exemple pour l'Arabie Saoudite


Thibaud KEREBEL le Lundi 10 Avril 2023 à 18:28

Plusieurs centres de recherche œuvrent actuellement pour transférer le savoir agrumicole français à l'Arabie Saoudite. La Corse, via sa filière de clémentine IGP, a donc été associée au projet, et accueilli une délégation saoudienne il y a quelques jours.



Référence nationale, la clémentine corse est également populaire en dehors des limites de l’Hexagone. Depuis 2019, c’est l’Arabie Saoudite qui s’intéresse à la filière agrumicole insulaire, pour en tirer des enseignements afin d’améliorer sa propre production. Dans le cadre de ce partenariat, une délégation saoudienne est justement venue en Corse en début de semaine. L’objectif : renforcer les liens entre les deux territoires, et organiser des passerelles pour favoriser le partage d’expérience.

« Ça s’est très bien passé », se satisfait Yann Froelicher, chercheur au Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad), en mission mixte avec l'Institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement (INRAE) de Corse. « On a rendu visite à des agriculteurs et à des organisations de producteurs. L’idée, si les représentants saoudiens trouvent ça intéressant, c’est qu’ils financent la venue de spécialistes corses en Arabie Saoudite, et vice-versa. »

Cet intérêt particulier du pays de la péninsule arabique pour la Corse s’inscrit en fait dans une nouvelle dynamique touristique. « L’Arabie Saoudite cherche à se projeter dans l’après-pétrole », explique Yann Froelicher. « Ils savent que ce n’est pas éternel. Pour le moment, ça leur permet de vivre très bien, mais ils veulent développer des activités touristiques pour le futur. » Parmi les pistes étudiées : celle de la région d’AlUla, et son oasis perdue au milieu du désert.

« Il y du sable rouge, des montagnes oranges, de magnifiques vestiges des civilisations passées, et des agrumes d’exception. » D’où la volonté de développer des compétences spécifiques en matière d’agriculture, afin, entre autres, de produire des fruits de qualité pour les locaux, les touristes, et les habitants des métropoles, via l’export.

Des similitudes importantes entre les deux territoires

Pour l’Arabie Saoudite, la Corse est le modèle parfait, et fait figure d’autorité grâce au label IGP de sa clémentine. « Les similitudes sont nombreuses, que ce soit en termes de surface d’exploitation que d’isolement : la Corse est une île, et l’oasis d’AlUla est une île au milieu du désert », note Yann Froelicher.

Pour accompagner la filière saoudienne vers l’excellence, les chercheurs insulaires ont donc d’abord réalisé un diagnostic précis, comprenant un inventaire des agrumes présents, une cartographie des maladies, ou encore une réflexion autour de la question de l’eau. L’étape suivante portera notamment sur la formation des agrumiculteurs locaux.

Et si les chercheurs corses donnent beaucoup depuis le début de ce partenariat, ils reçoivent également en retour. « On apprend en même temps qu’eux », s’enthousiasme Yann Froelicher. « Travailler des agrumes dans des conditions extrêmes, ça nous donne des pistes en vue du changement climatique. D’ailleurs, on s’aperçoit que certains agrumes s’adaptent relativement bien aux températures très importantes. Par exemple, l’oranger se comporte bien, la clémentine aussi. On arrive à faire de la qualité. »

Les perspectives sont bonnes, en encouragent les différents partenaires à continuer dans cette voie. La semaine prochaine, une délégation corse fera justement le chemin inverse, pour effectuer des mesures de la qualité des fruits sur place.