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Catastrophe aérienne d’Ustica : des chasseurs américains et français, partis de Solenzara, mis en cause en Italie


CNI avec AFP le Dimanche 10 Septembre 2023 à 18:10

Le 27 juin 1980, un peu avant 21 heures, le vol 870 du DC-9 d'Itavia, parti de Bologne vers Palerme, s'abime en mer dans le nord de la Sicile, près de l'île d'Ustica. Bilan : 81 morts. L'hypothèse qu'un chasseur français parti de la base militaire de Solenzara ait tiré un missile a souvent été évoquée, côté italien. Jamais vraiment confirmée, côté américain comme français ou d'autres alliés de l'OTAN. Si l'Italie a mené plusieurs enquêtes, aucune n'a été menée en France. Aujourd'hui, l’ancien président du Conseil italien, Giuliano Amato, accuse la France, qui aurait visé un avion à bord duquel se trouvait Kadhafi, d’avoir abattu l’appareil par erreur



L' ancien chef de gouvernement italien Giuliano Amato a accusé samedi la France et les États-Unis d'être responsables de la catastrophe aérienne d'Ustica qui avait fait 81 morts le 27 juin 1980 et d'avoir tout fait depuis pour éviter que la lumière soit faite.
L' ancien chef de gouvernement italien Giuliano Amato a accusé samedi la France et les États-Unis d'être responsables de la catastrophe aérienne d'Ustica qui avait fait 81 morts le 27 juin 1980 et d'avoir tout fait depuis pour éviter que la lumière soit faite.
Le soir du 27 juin 1980, un DC-9 de la compagnie Itavia avec 81 personnes à bord assurant la liaison Bologne-Palerme s'était abîmé en mer Tyrrhénienne, près de l'île d'Ustica au nord de la Sicile, entraînant la mort des passagers et des membres d'équipage. La thèse avancée par plusieurs experts italiens est que le drame se serait produit quand un ou deux avions libyens poursuivis par des chasseurs américains et français partis de la base militaire de Solenzara  suivaient l'itinéraire de l'avion civil pour échapper à leurs radars. Pris dans ce "scénario de guerre", le DC 9 aurait été abattu par erreur, ou serait entré en collision avec un des Mig présents dans la zone

"Faire la peau à Kadhafi"

Dans un entretien publié samedi 2 septembre par le quotidien La Repubblica, l'ancien Premier ministre Giuliano Amato (1992-1993) reprend cette thèse, affirmant que la France, avec le concours de Washington, avait cherché à supprimer le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi en pensant qu'il se trouvait dans un des Mig. "La version la plus crédible est celle de la responsabilité de l'Armée de l'air française, avec la complicité des Américains", "dans l'intention de "faire la peau à Kadhafi", a-t-il affirmé. La découverte, le 18 juillet 1980, de la carcasse d'un MiG-23 libyen dans les montagnes de Calabre (sud de l'Italie) a aussi alimenté cette hypothèse.

Selon M. Amato, le secrétaire national du Parti socialiste italien de l'époque Bettino Craxi, réputé proche du colonel Kadhafi, aurait eu "vent" d'un danger pour lui s'il entrait dans l'espace aérien italien et l'aurait prévenu. Sur Twitter, le fils de Bettino Craxi a confirmé samedi que son père avait bien averti M. Kadhafi. "Mais en 1986", six ans après la catastrophe, alors qu'il était Premier ministre, a-t-il précisé. En 2003, le colonel Kadhafi avait accusé les Américains d'avoir alors cherché à le tuer. Paris et Washington ont toujours nié une quelconque implication de leurs appareils dans cette tragédie. "Les Américains étaient convaincus que j'étais à bord de cet avion (le MiG-23). C'est pourquoi, ils l'ont abattu", avait-il déclaré.

"Laver la honte"

Giuliano Amato demande désormais au président français Emmanuel Macron de "laver la honte qui pèse sur la France" soit "en démontrant que cette thèse est infondée, soit, si elle est confirmée, en présentant les excuses les plus sincères à l'Italie et aux familles des victimes". Cette affaire a suscité à l'infini suppositions et hypothèses mais les responsabilités et les circonstances de la catastrophe n'ont pas été établies. Et Paris et Washington ont toujours nié une quelconque implication de leurs appareils dans le drame. 

L'actuelle Première ministre italienne Giorgia Meloni a appelé Giuliano Amato à apporter des éléments concrets à ses accusations. "Je demande au président Amato, en plus de ses déductions, de nous faire savoir s’il est en possession d’éléments qui permettraient de revenir sur les conclusions de la justice et du Parlement, et de les mettre à la disposition du gouvernement", a-t-elle réagi.

Plus de quarante ans après les faits, les familles des victimes réclament toujours vérité et justice dans cette affaire ancrée dans la mémoire collective des Italiens et considérée comme l'une des plus grandes catastrophes aériennes de l'histoire du pays.
 

Le musée pour la mémoire d'Ustica, ouvert le 27 juin 2007 à Bologne. Une installation de Christian Boltanski y est présentée.
Le musée pour la mémoire d'Ustica, ouvert le 27 juin 2007 à Bologne. Une installation de Christian Boltanski y est présentée.